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chevêqué, & ceux-ci par deux evêques au choix AN.1532. du roi; & qu'une femblable confecration auroit tout autant de force que fi le pape l'avoit ordonnée. Néanmoins le parlement declaroit qu'il feroit au pouvoir du roi d'annuller & de confir mer cet acte dans un certain tems, Il y avoit dans le même ftatut une claufe qui annulloit toutes les cenfures & toutes les excommunications que la cour de Rome lanceroit contre le roi ou contre fes fujets, qui défendoit à tous les ecclefiaftiques de les publier, & qui declaroit que nonobftant tout interdit, les prêtres pourroient en sûreté de confcience celebrer le fervice divin comme auparavant, & continuer toutes leurs fonctions.

Quoique ce ftatut fut revêtu de l'autorité des deux chambres, il trouva cependant quelques oppofans dans la chambre baffe, où la reine avoit encore des partifans qui ne purent confentir à rompre ainfi avec la cour de Rome. Un d'entr'eux nommé Temfe, propofa que la chambre en corps allât prefenter une requête au roi pour le prier de reprendre Catherine fon époufe, & lui remontrer qu'un divorce feroit fuivi de plufieurs inconveniens, parce que fi le roi en époufoit une autre, les enfans des deux lits cauferoient un jour une guerre ruineuse à l'Angleterre. Henri informé de cette propofition manda l'orateur de la chambre baffe, & le chargea de declarer aux communes qu'il étoit offenfé qu'on eût parlé d'une affaire qui ne les regardoit pas; que le foin de fa confcience étoit le feul motif qui le faifoit agir; qu'il fouhai toit que fon mariage fût bon., mais que l'aïant fait examiner par les plus habiles & les plus fçavans canoniftes & theologiens de l'Europe, qui tous l'avoient condamné, il ne pouvoit moins faire dans les fcrupules qui le tourmen

toient,

toient, que de fe feparer de fa femme & de
la renvoïer. Cependant ce prince craignant
d'irriter trop les efprits, & fur-tout la cour de
Rome, ne voulut pas approuver pour lors le
ftatut du parlement, ni permettre qu'on le
publiâr.

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XLIX.

des évê

ques au pa

Quelques jours après le parlement tenta d'abolir le ferment que les évêques prêtoient au ment tente Le parlepape. L'orateur reprefenta au roi, que les pré-d'abolir les lats ne pourroient être fes fujets qu'imparfaite fermens ment, parce qu'ils faifoient au pape un ferment incompatible avec le ferment de fidelité qu'ils pe & d'en faifoient à fa majefté; qu'ils le prioient donc fubftituer d'en établir un autre plus ample, qu'on luiun autre. prêteroit, & dans lequel les évêques reconnoîtroient qu'ils tenoient leurs évêchez de lui feul. Les deux fermens furent lûs dans la chambre baffe. Dans le premier dont on demandoit l'abolition, l'évêque juroit d'être fidéle à l'églife Romaine, au pape & à fes fucceffeurs, de ne reveler à perfonne les fecrets qu'ils auroient communiquez, de foutenir la primauté du pape, de recevoir les legats du fiege apoftolique, & les traiter avec honneur, de défendre, conferver & augmenter les droits & privileges de l'églife Romaine, de n'entrer dans aucun traité qui puiffe lui être contraire, de refifter à ceux qui feront rebelles au faint pere, de fe rendre au concile quand ils y feront appellez, enfin de n'aliener ni vendre leurs poffeffions que de Paveu du pape. Le ferment qui fut proposé pour être fubftitué à celui-ci, étoit conçu en ces ter mes : Je N. évêque de renonce entiere- Burnet hift. »ment & clairement à toutes claufes, paroles, reform.l.2. fentences, & conceffions que j'ai ou aurai P.483. ci-après du à caufe de mon évêché, pape, ,, lefquelles auroient été en quelque forte, ou » pourroient être désormais préjudiciables & déf

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AN.1532.

L.

Thomas Morus quitte la charge de

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avantageufes à vôtre majefté, vos heretiers & fucceffeurs, vôtre dignité, vos droits & vôtre puiffance roïale; je jure encore que je ferai fidéle & obéiffant, garderai foi & loïauté ,, à vous, monseigneur, & aux rois vos fucceffeurs ponr vie & pour mort; que je vous „honorerai continuellement plus que le refte des créatures, que je tiendrai pour vous & les vôtres à vie& à mort contre toutes fortes de " gens, 5, que je vous affifterai de tout mon "pouvoir dans vos befoins & dans vos affai

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כל

res, & que je tiendrai vos deffeins toûjours ,, fecrets, reconnoiffant que c'est à vous feul », que je dois mon évêché, vous priant de m'en faire reftituer le temporel, promertant, com,, me ci-deffus, que je ferai toute ma vie fidéle & obéiffant fujet de vous & vos fuccefleurs, , & que je m'acquitterai fidélement des fervices. & des autres chofes que je pourrai vous devoir en vue de cette reftitution; ainfi m'ar dent Dieu & tous les faints. Les Communcs ne purent déliberer fur cette matiere, parce que la pefte qui furvint à Londres, obligea le parlement à fe féparer; ainfi cette féance finit le quatorze de Mai.

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Deux jours après, Thomas Morus grand chancelier & homme d'un rare merite & d'un très-bon jugement, qui prévoïoit depuis quelque tems que les démarches du roi alloient produire grand infailliblement une entiere rupture avec la cour chancelier.de Rome, fe démir de fon emploi, en rendant Sander deau roi le grand feeau, le feiziéme du mois Schifm. Ande Mai. Quelques-uns ont crû qu'il en avoit gl.l.1.p.83. Burnet bift reçu un ordre fecret. D'autres difent qu'il avoit de la reform.fouvent demandé fon congé, à caufe de fa mau1.2.184.vaise fanté, & qu'on le lui avoit refufé, parce hift, du di- qu'il étoit neceffaire, mais que pour cette foiszorce t. 1.f.ci craignant fa trop grande probité, on avoit

Le Grand

224.

con.

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3

pere

d'Anne

confenti à fa demande. Ce qu'il y a de con-
ftant eft, qu'il étoit fort baï du
de Boulen, lequel cherchoit dans fa conduite
un prétexte pour le perdre, mais fa conduite fut
toûjours irréprochable. Henri voulant remplir
la charge de Morus d'un homme qui lui fut
entierement dévoué, jetta les yeux fur Tho.
mas Audley peu accommodé des biens de la
fortune, habile dans les loix, mais fans con-
fcience; il n'eut d'abord que le titre de garde
du grand fceau, jufques au vingt-fixiéme de
Septembre fuivant qu'il fut revêtu de la charge
de grand-chancelier, & dans le même mois de
Septembre, Henri fit Anne de Boulen marquife
de Pembrok, voulant ainfi par dégrez la con-
duire au trône.

AN.IS 32

LI.

Bref du pa

dans les

Le pape qui apprenoit avec beaucoup de douleur, tout ce qui fe paffoit en Angleterre, avoit déja écrit au roi dès le vingt-cinquiéme vII. au roi pe Clement de Janvier, & lui marquoit qu'il voïoit avec d'Anglebeaucoup de douleur Catherine fupplantée parterre. Anne de Boulen; qu'une conduite fi fcandaleufe Le Grand étoit d'autant plus à condamner, qu'Henri avoit preuves de fait cette démarche avant que le procès fût fini, l'hiftoire du & contre les défenfes exprelles du faint fiége, divorce t. zo Que néanmoins fa fainteté aiant égard aux fer-1.530. vices de ce prince, & confiderant qu'il alloit 558. ternir tout d'un coup la gloire de plufieurs an nées, il l'exhortoit de rappeller Catherine, de chaffer Anne, & de reparer le fcandale qu'il venoit de caufer à toute la chrétienté. On ne fait pas quelle réponse Henri fit à cette lettre ; mais on trouve encore un autre bref du même pape beaucoup plus fort que le premier, & datté du quinziéme de Novembre 1532. dans le quel le fouverain pontife, après avoir expofé au roi tout ce qu'il a fait pour le ramener à fon devoir, lui reprefente qu'il ne peut refufer

d'en

d'entendre les juftes plaintes de la reine, qui fe AN.1532 voit chaffée de la cour & fupplantée par une certaine Anne, avec laquelle il habite & qu'il traite comme fon épouse, au mépris des cenfures de l'églife, & contre les défenfes expreffes du faint fiege. Il l'exhorte donc d'éloigner cette femme & de reprendre fa femme légitime, le fommant en cas de défobéiffance, de comparoître à Rome avec Anne de Boulen, pour y répondre fur le fcandale qu'ils caufoient l'un & l'autre en vivant comme mari & femme. Le pape finit fon bref en affurant le roi que c'eft avec un vrai regret qu'il eft obligé d'en venir à ces extrémitez; que s'il ne s'agiffoit que de fes interêts particuliers, il les lui remettroit de bon cœur entre les mains: mais que comme il y va de la gloire de Dieu, & de fon falut éternel, il fe voit malgré lui contraint d'emploïer ces fortes de remedes.

LII.

Le roi

d'Angleterre ré

Le roi répondit au pape qu'on voïoit dans fes brefs beaucoup d'erreurs tant contre le droit divin, que contre les loix humaines, qu'elles pond au pa- pouvoient être veritablement rejettées fur des pe. confeillers ignorans ou étourdis, mais que Burnet p. fa fainteté étoit inexcufable de fuivre de fi dan

177

gereux confeils il ajoûtoit qu'il avoit confulté les plus fçavans hommes de l'Europe, qui tous condamnoient fon mariage comme défendu par les loix, dont perfonne fur la terre n'avoit le pouvoir de difpenfer. Il difoit encore qu'on ne voïoit plus dans la chaire de faint Pierre cette science & cette capacité qu'on devoit trouver dans ceux qui y étoient affis; que Clement lui-même avoit avoué fon ignorance, & confeffé qu'il ne parloit dans cette affaire que par la bouche des autres; au lieu que plufieurs univerfitez d'Angleterre, de France & d'Italie avoient prononcé là-dessus avec connoiffance de

сан.

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