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Pars

Cod

voient lire, les croioient comme des hommes Mar envoïez de Dieu. Quand les Catholiques leurAN.1532, alleguoient les faintes écritures, pour les convaincre d'erreur, ils avoient recours à leurs reThe veries, & affuroient que c'étoit l'efprit de Dieu, qui les leur enfeignoit. Leur parti étant fortifié d'un grand nombre de perfonnes de toutes fortes d'états, ils publierent un livre intitulé, Pou vrage du rétablissement, dans lequel ils établif foient qu'avant le jour du jugement, il y au roit un roïaume temporel de JESUS-CHRIST fur la terre, où les faints, c'eft-à-dire ceux de leur fecte, regneroient après avoir exterminé les puiffances & les impies; qu'ils avoient déja commencé ce roïaume, & qu'il n'y avoit plus qu'à achever, qu'il ne fe trouveroit aucun impie dans leur communion; que toutes choses devoient être communes; que felon la nature, à laquelle la loi de Dieu n'eft point contraire, il étoit permis d'avoir plufieurs femmes. On voit encore plufieurs autres erreurs monftruenfes fur la Trinité & l'Incarnation.

રા

Ces heretiques avoient pour chefs Melchior Hoffman, David George, Jean Mathieu, Jean Becold, Jean de Geelen, & Jacob de Campen. Le premier qui étoit de Suede faifoit le mêtier de pelletier ou megiffier, & fut le premier qui dans la haute-Allemagne prêcha le rolaume de JESUS-CHRIST fur la terre, ou Perreur des Millenaires, & les dogmes pernicieux des Anabaptiftes au fujet de l'Incarnation. Il fe fit des fectaires, qui firent beaucoup de bruit. Dans le cours de fes voïages il vint à Strasboug, y prêcha la revolte, y fut arrêté & mis en prifon, & n'en fortit qu'à la folli citation de fes émiffaires. De Strasbourg il fe rendit à Embden, où après avoir formé un parti confiderable, il établit l'épifcopat, l'exer

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çã

ANJ532.

LXV.

Melchior

progr. Ana

baptift.

çâ à fa façon, & nomma pour fon fucceffeur
Jean Tripmaker. Sa tête remplie de grands
projets, qui tous tendoient à établir une mo-
narchie univerfelle, il quitta Embden, & en
commit le foin à Tripmaker, & à Jean Mat-
thieu, & revint à Strasbourg en 1532. dans
l'efperance de s'en rendre maître. A fon arri-
vée il fit grand bruit contre les prédicateurs de
la prétendue reforme, qu'il y trouva,
lut leur prouver que JESUS-CHRIST n'avoit
pas pris chair dans le fein de la Vierge Marie
mais que Dieu avoit été fait homme par lui-
même, & indépendamment de cette Vierge.
Que celui qui péchoit volontairement après avoir
eu la grace, ne pouvoit plus être reçû en gra-
ce, & que le falut confiftoit dans nos forces,
& dépendoit uniquement de nous-mêmes.

& vou

le

Hoffman prétendoit auffi, que le jour du Erreurs de jugement arriveroit en 1543. Marchard Fre Hoffman, her, Schuldorpius, & quelques autres mini& fa mort. ftres Lutheriens le refuterent, & il leur réponFrederic dit avec aigreur. Ses difciples debiterent qu'il Spanheim étoit le prophete Elie, qui devoit paroître avant de orig. & le jugement. L'un d'eux prédit qu'il feroit emprifonné à Strasbourg, mais qu'il feroit déliHortius vré de fa prifon au bout de fix mois. Mais il hift. Ana- ne dit vrai qu'en partie; car Hoffman de rebapt. Mesho-tour à Strasbourg en 1532. y fut arrêté vius lib. 5. Raynald, magiftrat, & mis en prifon, où on l'enferma avec Polterman qui fe difoit Enoch. Cette dé89.& 90. tention allarma les Anabaptiftes. Quelques Fanatiques, pour les raffurer, coururent les ruës de la ville, & par-tout parloient d'Hoffman comme d'un grand prophete que Dieu retire roit bien-tôt de fa prifon triomphant de fes ennemis, & le feroit accompagner de cent quarante-quatre mille prophetes qui font tou jours avec l'Agneau, abusans ainfi du paffage

hot anno n.

par

de

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de l'Apocalypfe. Ce fut pendant qu'on répan- AN.1532

doit ces bruits, que Hoffman mourut dans fa
prifon dévoré par le chagrin, & abandonné
de la plupart de ceux fur qui il comptoit. Il
laiffa néanmoins un grand nombre de fectateurs
à qui l'on donna le nom de Melchiviftes. Après
fa mort Tripmaker entreprit de répandre PA-
nabaptifme dans la Hollande, & il fut brûlé à
la Haye.

voir fi on

de Saxe.

ann. n. 7.

Charles V. aïant deffein de quitter Boulo- LXVI. gne où il étoit toûjours avec le pape, le fit Confiftoienfin convenir d'envoier un nonce en Allema-re pour fçagne pour prendre des mefures fur la convoca- envoïera tion du concile, & qu'il écriroit en même-tems un nonce à aux princes d'Allemagne, pour leur apprendre l'électeur fes réfolutions. Charles offrit auffi d'envoier un ambaffadeur qui accompagneroit le nonce. Rayn. hot Ce qui embaraffoit le pape, c'eft qu'il ne croioit & 8. pas convenable d'envoïer un nonce à Frederic nouvel électeur de Saxe, parce qu'il étoit conftant que ce prince protegeoit ouvertement Luther & fa doctrine. Pour examiner quel parti il prendroit, il affembla fon confiftoire, & après une grande diverfité de fentimens, on conclut que ce n'étoit plus le tems de s'arrêter à certaines formalitez dont le fuccès n'a que trop fouvent été funefte; qu'en ne ménageant pas l'électeur, il pourroit porter les chofes aux dernieres extrêmitez; qu'il étoit bon de n'avoir aucun commerce avec les heretiques, mais que puifqu'on ne pouvoit emploïer contre eux la force des armes fans fe mettre en danger de perdre beaucoup & de tout rifquer; ce feroit prudence, avant que d'en venir à cette extrê mité, de tenter la douceur. Que le vicaire de JESUS-CHRIST doit avoir à cœur de fuivre l'exemple du Sauveur, qui ne fit pas difficulté de converfer avec les pecheurs & les publicains

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blicains pour les convertir, & que non-feuleAN.1933. ment il n'y avoit point de mal d'envoïer un

LXVII.

nonce à cet électeur, mais que cela étoit d'une neceffité abfolue.

Quoique ce fentiment fut appuïé du plus grand nombre des cardinaux, le faint pere ne Taifa pas de demeurer près d'une femaine dans Pirrefolution, ne fçachiant quel parti prendre, chagrin d'envoïer un nonce pour les affaires de l'églife, à un électeur qui dès fa premiere jeu. nelle s'étoit déclaré un des plus zelez défenfeurs d'un herefiarque qui avoit troublé toute P'Allemagne; mais après y avoir refléchi mûrement, & confiderant que l'empereur alloit abandonner l'Allemagne dans un tems où elle avoit le plus befoin de fa préfence, pour faire un voïage en Espagne, il fe crût obligé de tenter s'il ne pourroit pas apporter quelque remede aur mal; & pour cela il convint avec fa majefté imperiale des mefures qu'il falloit prendre pour convoquer au plûtôt un concile : & comme les Lutheriens y devoient affifter, & qu'il étoit bon de preffentir de bonne heure quelle étoit leur penfée & la difpofition de leur efprit fur ce furjet; il nomma dans cette vûë Hugues Rangoni évêque de Reggio, pour aller vers les princes Proteftans en qualité de nonce, & leur faire des propofitions fur la convocation du concile.

Pendant ce tems-là, les cantons Sniffes caDéputez tholiques envoïerent leurs députez à Boulogne des cantons au nombre de dix-huit, & le pape & l'empetholiques à reur les reçurent & leur donnerent audience Boulogne, affis tous deux enfemble fur un même trône.

Suiffes ca

Ces députez leurs apprirent que ceux des cantons de Zurich & de Berne follicitoient fort les Genevois à embraffer la nouvelle réforme & à fuivre leur exemple ce qui fit de la peine à

Charles

Charles & à Clement, qui prirent fur le champ la résolution d'écrire conjointement une lettre en termes obligeans & pleins de moderation au confeil de Geneve, pour l'exhorter à la conftance, & à perfeverer dans la religion catholique. Ils écrivirent auffi en commun à chacun des Cantons catholiques, & renvoïerent les dépurez avec ces lettres & des préfents.

AN 1533

Le tems auquel l'empereur devoit partir de LXVIII. Boulogne étant arrivé, il prit congé du pape L'empeau commencement du mois de Mars & s'en reur part de Bouloalla à Modene, où il fut magnifiquement regne& vient çû par le duc; il paffa enfuite à Plaifance, ou Milan. le marquis du Guaft qui commandoit l'armée du Milanez, vint le recevoir avec une grande fuite d'officiers. Le duc François Sforce s'avança jufqu'à Lodi avec toute la nobleffe du païs pour le recevoir, & l'aïant conduit à Milan, il lui fit une des plus fuperbes entrées, aïant fait fortir du château toute la garnifon; fa majesté imperiale y logea, & pendant huit jours elle fut traitée par le duc qui la conduifit jusqu'à Pavie, accompagné du marquis du Guaft. De-là l'empereur fe rendit à Genes, & y féjourna huit jours, fans vouloir qu'on lui fit aucune entrée; il en partit s'étant embarqué fur la capitane de Doria, & prit la route de Barcelone; ce fut le huitiéme d'Avril, & quelque-tems après il arriva à Madrid. Il parut que Char les V. n'avoir pas été tout-à-fait content de l'entrevûe qu'il venoit d'avoir avec le pape, qui, à travers beaucoup de déguifemens, n'avoit pu s'empêcher de faire connoître qu'il com mençoit à pancher du côté de la France; em effet il étoit déja convenu avec les cardinaux de Tournon & de Grammont d'une entrevûë dans quelque ville de Provence, avec François I. & du mariage de Catherine de Medicis avec les

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duc

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