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AN.1533.

LXXIII.

propofi

comm. 1. 8.

Cochl.ut

trois féances ils donnerent par écrit la réponse fuivante au nom de tous le trentiéme de Juin. Qu'ils remercioient très-humblement fa majefté Affemblée imperiale du foin qu'elle vouloit bien prendre des Prote de la religion & de la tranquillité publique, en ftans à travaillant pour la convocation du concile,qu'ils Smalkalde prioient Dieu de tout leur coeur de vouloir con- au fujet des duire à une heureufe fin un défir & un deffein tions du fi jufte & fi pieux, afin de maintenir la veri-pape. té, d'abolir la fauffe doctrine, les abus & les Sleid. in ceremonies fuperftitieufes, & d'établir le culte. 265.& divin & la pratique des vertus chrétiennes pour 266. le bien de l'églife & l'édification des vrais fi- Pallav.est déles; mais que toutes fes peines deviendroient Supra. inutiles fi cette affemblée ne fe tenoit en Al-fupra hoc. an. lemagne, comme l'empereur leur avoit promisp. 257. dans plufieurs dietes, vû que la difpute eft née dans le païs, à l'occafion des indulgences qu'on y avoit prêchées fans honte, & dont on avoit découvert les erreurs & les abus. Et quoique le pape Leon X. ait condamné la doctrine qui combattoit ces erreurs cette condamnation aïant été refutée par le témoignage des pro phetes & des apôtres, le concile a paru trèsneceffaire pour examiner la caufe & diftinguer ce qui eft vrai d'avec ce qui eft faux, mais qu'il falloit que le concile fût de toute la Chrétienté ou de l'Allemagne, que les loix des papes ni la puiffance d'aucun prince ne pûffent porter préjudice au merite de la caufe; que l'autorité du fouverain pontife n'y prévalût pas fur celle de l'empereurs que l'on y difcernât la verité d'avec le menfonge felon la fainte écri ture, & non pas felon les décrets des papes, ni felon la doctrine des fcolaftiques; qu'autre ment on travailleroit en vain, comme il eft aifé de voir par l'exemple de quelques conciles précedens, bien differens de ceux de la primi

tive églife, parce qu'on y a trop déferé aux AN,$33 traditions humaines & aux ordonnances du ficge de Rome qu'ils avoient droit de reculer.

Quant aux propofitions du pape Clement, ils difoient qu'elles étoient contraires à ces fins, aux demandes des diétes, & aux promeffes de Pempereur que fa fainteté propofoit un concile libre mais qu'il paroiffot qu'elle y vou loit dominer, de forte qu'il ne feroit libre que de nom, qu'on n'y corrigeroit point ni les vices, ni les abus des ecclefiaftiques, & qu'on n'y modereroit pas la puiflance exceffive du pape. Que ce n'étoit pas une demande raifonnable d'exiger d'eux l'obfervation des décrets du concile, avant que de fçavoir quel ordre, & quelle forme on garderoit en les faifant; file pape & les fiens voudroient être les feuls juges, ce qui n'étoit pas fupportable, étant inoüi que celui qui eft accufateur & accufé veuille être juge que tous les peuples étaient dans l'attente du concile, & le demandoient avec des inftances extraordinaires, pour être délivrez de leurs peines, & connoître la voie du falur ; que s'ils étoient trompez dans leur attente, il étoit aifé de concevoir quelle feroit leur affliction, qu'il étoit à craindre que l'églife & l'état ne ne fuffent agitez de plus grands troubles. Qu'en fin fi l'on abandonnoit toute l'autorité du concile au pape, & qu'il en voulût être le maître, les princes remettroient leurs interêts entre les mains de Dieu, & verroient enfuite ce qu'ils Pallavic. auroient à faire. Que fi néanmoins on lesinlib. 3.-13. vitoit à ce concile fous de bonnes affurances, in fine. & qu'ils viffent que leur prefence y pût être urile, ils ne laifferoient pas d'y affifter; mais à la charge de ne point confentir aux demandes du pape, ni aux décrets qui ne feroient pas conformes à ceux des diétes imperiales. En

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un mot, ils prioient l'empereur de ne point prendre leur refolution en mauvaise part, mais d'empêcher que la puiffance de ceux qui oppri 3 moient les innocens depuis tant d'années, allar plus avant, & qu'il lui donnât des bornes.

AN.15 33.

Les princes Proteftans ne fe contenterent pas LXXIV. d'envoier cette réponse au pape & à l'empe- Le pape reur; ils la rendirent publique, en la faifant rappelle Rangoni, imprimer, avec la propofition du nonce Ran- & nomme goni, qui n'eut pas l'approbation du pape; auffi Paul Verne le laiffa-t'il pas long-tems, & le rappella-t'il ger en fa fous pretexte de décharger fa vieilleffe d'un em- place. ploi trop penible pour un homme âgé & infir- comm. 1.8, me. Il lui donna pour fucceffeur Pierre-Paul fub fin. p. Verger ou Vergerio fon nonce auprès du roi 268. Ferdinand, avec ordre de fuivre ponctuellement

Sleidan in

Pallavic,

hift. conc. les mêmes inftructions, fans écouter aucun tem- Trid.lib. 3perament, quand même il en feroit prié par ce c. 18.2.1. prince; de ne point oublier ce que fa fainte-P.299. té penfoit fur le concile, & quelles étoient fes vûes; de ne la point mettre enfin dans la neceffité de l'affembler, parce qu'elle ne le jugeoit utile, ni pour l'églife, ni pour le fiege apofto lique. Ce Verger avoit exercé autrefois la profeffion d'avocat, dans les fonctions de laquelle Jean de la Cafa l'accufe de beaucoup de fauffetez, de medifances & de prévarications. Etant devenu veuf, par le poifon que l'on prétend qu'il donna à fa femme, il vint à Rome, où il avoit un frere Antoine Verger, qui le recommanda à Clement VII, ce qui lui procura la nonciature d'Allemagne auprès du roi Ferdinand en 15.30.

Démêlé

Pendant que ces chofes fe paffoient à Smal- LXXV. kalde, George de Saxe, coufin de l'électeur entre Frederic, eut un démêle affez confiderable avec George due Luther; ce prince étoit catholique & ennemi de Saxe & mortel de la nouvelle doctrine de cet herefias Luther.

que,

Sleidan.in

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que, contre laquelle il déclamoit en public & en AN.1533 particulier. Informé que plufieurs de fes fujers comm.1.9. publioient qu'on devoit faire la cene, felon le p. 269. précepte de JESUS-CHRIST, c'est-à-dire, communier fous les deux efpeces, & qu'ils alloient tous les jours de dimanche en un village proche de Leipfik nommé Holtzhaufen qui étoit des états de l'électeur de Saxe, pour y faire la céne à la Lutherienne, le duc fir défense d'y aller; & pour mieux connoître ceux qui étoient Lutheriens en fecret, il ordonna aux prêtres de fa ville de donner à tous ceux qu'ils confefferoient & communieroient au tems de Pâques un jetton, qu'on iroit porter au fenat en donnant fon nom. Quand on en fit le denombrement, on trouva qu'il y avoit foixante & dix habitans de Leipfik qui n'avoient LXXVI. point porté de jetton. Ceux-ci avoient auparavant confulté Luther fur la conduite qu'ils devoient garder en cette occafion & Luther Leipfik. leur répondit en Allemand que ceux qui Cochl.st croïoient certainement qu'il falloit recevoir la fupra p. cene entiere, ne devoient rien faire contre leur confcience, quand il s'agiroit même de perdre la vie. Sa lettre qui fe trouve dans Cochlée, eft dattée de Wittemberg le jour du Vendredi-faint 1533. & Luther y maltraite fort le duc de Saxe, qu'il appelle un apôtre de fatan.

Lettre de

Luther à ceux de

244.

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Cette lettre étant arrivée à Leipfik, y caufa beaucoup de defordre, le fenat en donna avis au prince qui étoit à Drefde, à treize milles de Leipfik, & qui ajourna les rebelles à comparoître devant lui, pour rendre raifon de leur conduite, & fe voir obligez de fuivre l'ufage de l'églife catholique; mais les opiniâtres perfiftans dans leurs erreurs furent chaffez de la ville & bannis. Luther prit leur défenfe, & le duc George s'en plaignit vivement à l'électeur

fon

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lecteur &

fon parent, lui reprefenta les termes injurieux AN 1533.
dont ce chef de parti s'étoit fervi en écrivant LXXVII.
à fes difciples de Leipfik; qu'il ne fe conten- Le duc
toit pas de le charger d'injures & d'outrages, George é
qu'il portoit encore fes fujets à la revolte. L'é- crit à l'é-
lecteur ne manqua pas d'écrire à Luther, qu'il fe plaint de
étoit fort furpris d'apprendre qu'il excitât des Luther.
feditions dans les états de fon parent, qu'il ne Sleidan. lib.
le fouffriroit en aucune maniere, qu'il l'ex-9. p. 270.
Cochlaus po
horte à fe juftifier d'une pareille accufation, &, 245.
d'un crime qu'il ne pourra fe difpenfer de pu-
nir s'il eft averé. Luther qui étoit fort aimé
de l'électeur, fe fervit de cette occafion pour
compofer un ouvrage, dans lequel il prétend
prouver qu'on l'accufe fauffement; qu'il n'a
point confeillé de refifter au prince, qu'il a
feulement écrit à quelques-uns qu'ils fouffriffent
le banniffement, ce qui ne tend point à la re-
bellion il ajoûte qu'en ce que le duc George
oblige par ferment fes fujets à perfecuter les
Proteftans & leur doctrine, il laiffe à penfer
quel jugement les gens d'efprit doivent porter
d'une pareille conduite, & ce que penferoit ce
prince, fi l'électeur fon parent fe conduifoit de
même envers les fiens. Il ajoûte qu'il s'eft fi
folidement expliqué dans fes écrits, fur ce qu'on
doit aux magiftrats, que cette doctrine aupa-
ravant obfcure & enfevelie dans les tenebres de
la cour de Rome, fe trouve aujourd'hui en.
tierement développée, & hors d'atteinte de soup-
çon de revolte.

:

Cochlée

Cochlée aïant vû ce livre de Luther, y fit LXXVIII. une réponse qui fervit d'apologie au duc Geor- prend la ge, qu'il appelle fon patron & fon protecteur défenfe du très-pieux. Il y fait voir que la lettre de Lu- prince ther à ceux de Leipfik eft contraire aux an- George, & répond à ciens traitez & tout-à-fait feditieufe. Il y pro- Luther. duit le témoignage du fenar de Leipfik, à

l'occa

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