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AN.1528.

quent à ré

tablir les

France.

une fi bonne apparence pour ce prince, changerent entierement de face, enforte qu'il ne lui refta prefque plus rien en ce païs-là, & dans Genes, & dans le Milanez.

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XXXIV. Les confederez auroient pû rétablir les affaiLes confe-res de France s'ils euffent fçû profiter de la dederez man- fertion des troupes du duc de Brunswick qui venoit d'amener aux Imperiaux dix mille homaffaires de mes de pied & fix cens lances pour fecourir Naples. Il s'étoit avancé jufques fur le territoire de Veronne : de Leve l'avoit arrêté en Lombardie, dans l'efperance de partager enfemble le butin des villes qu'ils prendroient. Ils s'étoient joints pour faire le fiége de Lodi: les Ef pagnols après avoir combattu trois heures fur la bréche furent repouffez, & les Allemans qui n'étoient pas païcz, fe diffiperent, ce qui fit lever le fiége. François de Bourbon, comte de S. Pol, fe voïoit à la tête de cinq cens hommes d'armes, d'autant de chevaux - legers commandez par Annebaut, & de fix mille fantaffins François fous de Lorge puîné de la maifon de Montgommeri avec quatre mille Allemans. La retraite du duc de Brunswick ouvroit au comte de Saint Pol le chemin pour aller à Naples, où il feroit arrivé avant la mort de Lautrec; mais il fe perfuada qu'il y avoit plus de gloire pour lui à recouvrer le duché de Milan ; il s'arrêta dans la Lombardie, où il fut joint par l'armée de Venife & par les troupes de Sforce, dans le deffein d'opprimer de Leve, qui n'avoit que huit mille hommes, & qui étoit fans argent; mais il fe fauva parce que les confederez délibererent trop long-tems à l'attaquer, & voulurent auparavant recouvrer Vigevano & Pavie.

XXXV. Le tems qu'on perdit dans ces deux fiéges André Do-donna le loifir à André Doria de retourner ria rétablit

dans

Genes dans fa liberté.

Mem. du

dans la riviere de Genes, il n'avoit rien oublié pour menager les Genois; comme il avoit beau- AN.15 28. coup de partifans & d'amis dans la ville, il les confirma dans le mécontentement de ceux qui gouvernoient, il perfuada au peuple que Bellay 1. 3. les François ne lui laiffoient que le nom de république, pendant qu'ils avoient toute l'autorité, & reprefenta à la nobleffe l'avantage de Pancien gouvernement qui avoit toûjours été entre fes mains. Enfin fçachant que la garnifon Françoife, dont la pefte avoit emporté les trois quarts, s'étoit logée dans le château, & que la ville étoit prefque déferte, il s'en appro cha avec fes galeres, & fit feulement descendre cinq à fix cens hommes. Barbefieux qui étoit dans le port, ne l'eut pas plûtôt apperçu qu'il fit force de rame pour fe retirer dans Savonne, craignant qu'il n'y eut une conjuration formée pour fe faifir des galeres. Doria charmé de cette retraite le laifla paffer, mit pied à terre, rangea fes troupes en bataille, trouva les portes ouvertes par ceux de fon parti, occupa les principaux quartiers, & fe rendit maître de Genes au nom de l'empereur, fans avoir mis l'épée à la main. Theodore Trivulce qui en étoit gouverneur, fe retira dans le château qu'il fut obligé de rendre honteufement fur la fin d'Octobre: & les François ne furent plûtôt chaffez de Genes, que Doria affembla la nobleffe, lui remit le gouvernement, qu'il établit de la maniere qui fubfifte encore aujour d'hui. La republique admira fa prudence, lui érigea une ftatue, & lui donna les titres de pere de la patrie, & de reftaurateur de la liberté.

pas

Le comte de faint Pol ne laiffa pas de fe xxxvI. rendre maître de Pavie; mais il ne put fecou- Vexations rir Sayonne gouvernée par le commandeur de énormes

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Mo

d'Antoine

de Leve

Morette, qui fe rendit lâchement aux Genois, AN.1528. Ce qui obligea ce comte à poursuivre fes condans le Mi- quêtes d'un autre côté. Biagraffa, faint George, lanez. Monza & Côme dans le Milanez, d'où An

XXXVII.

faire du di

vorce en

toine de Leve avoit tiré les garnisons pour for-
tifier Milan, fe foumirent à lui ; & ce-
e gene-
ral fe fentant plus preffé que jamais, portoit.
les chofes à un excès, dont on trouve peu
d'exemples dans l'hiftoire. L'extrêmité des bour-
geois de Milan, & des autres villes, au lieu
d'attendrir de Leve, lui fournit un prétexte
nouveau pour les accabler. Il s'empara de tout
le bled qui reftoit dans le païs, & de tout ce-
lui qu'on y apportoit; on le diftribua par fon
ordre à des boulangers affidez qui en firent des
pains, & les vendirent un écu d'or piece. Il
n'y eut ainsi que les riches en état d'en ache-
ter, & les autres mouroient de faim: l'empe-
reur informé de ces vexations outrées n'y appor-
toit aucun remede, parcequ'il n'avoit point
d'argent, & une prudence toute charnelle étouf-
fa les fentimens humains & compatiffans que
la pieté auroit pû lui infpirer: ainfi finirent
dans cette année les guerres d'Italie entre l'em-
pereur & le roi de France, qui tous deux com-
mençant à fe laffer, fe reconcilierent l'année
fuivante par le traité de Cambrai.

Les claufes que le pape avoit mifes dans fa Continua bulle au fujet du divorce d'Henri VIII. chagrition de l'af- noient ce prince, & il donna ordre à Gregoire Cafali fon ambafladeur à Rome de demander Angleter- des bulles moins fujettes à conteftation. Casali re. en parla fouvent au pape.,, Mr. Burnet dit que Suprà live,, fa fainteté lui répondit que la conclufion de CXXXI.7. l'affaire étoit en la puiffance d'Henri, qu'il Burnet. hift.,, falloit ou qu'en vertu de la commiffion déja de la refor, donnée, ou que par l'autorité du légat Wolfey gleterre in 4.» on procedât au jugement de la caufe. Que f

59.

mat, d'An

tom.1.p.78.

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,, ce prince trouvoit fa confcience bleffée de fon ,, mariage, il n'avoit qu'à faire rendre une fentence avec un de bruit. Car, ajoûtoit peu le pape, il n'y a point de theologien qui puiffe ,, mieux refoudre que le roi lui-même fi fon ,, mariage eft légitime ou non. Auffi-tôt que » la fentence aura été prononcée, vôtre maître ,, n'a qu'à fe marier, & en même-tems il nous ,, priera de lui envoïer un légat pour confir"" mer ce mariage. Nous aurons beaucoup moins ,, de peine à ratifier toutes chofes après qu'el les feront faites, qu'à terminer promptement », un procès intenté felon l'ufage de nôtre cour, » puifque Catherine proteftera fans doute con,, tre le lieu comme non libre, & contre les juges comme fufpects, en ce cas les loix de l'églife veulent que nous défendions au roi de contracter de nouveau, jufques à ce que le procès ait été jugé, & nous ferions obligé ,, d'évoquer la caufe à nous. Il y a outre cela plu,, fieurs formalitez inévitables dans un procès ,, en cour de Rome, & dont on voit à peine ,, la fin. Mais fi la fentence eft donnée en An», gleterre, & que le roi fe remarie auffi-tôt, nous ne manquerons point de raisons pour » juftifier notre conduite, quand nous voudrons confirmer des chofes fi avancées, & alors nous envoïerons à Londres tel cardinal que ,, le roi d'Angleterre voudra choifir.

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AN.IS 28

C'eft ainfi que Mr. Burnet fait parler le pa- xxxvIII. pe à Cafali, mais ce difcours ne paroît pas Sile pape a fondé car pourquoi Henri VIII. n'a-t-il point confeillé profité de cet avis, fe trouvant tout difpofé à auroi d'Angle fuivre un confeil fi favorable, aïant même fait terre de fe confulter en France s'il devoit faire cette ou-remarier verture, par l'évêque de Bath qui étoit fon am-par provibaffadeur auprès de François I. Quelques auteurs difent qu'Henri regarda cet avis qui lui

B 6

fur

fion.

AN.15 28.

XXXIX.

Rome

par

le

fut mandé Cafali comme un piége que
pape lui tendoit, qu'il confidera qu'il n'étoit
pas poffible de faire juger une telle cause fans
bruit, puifqu'il falloit néceffairement que la
reine fût ouie, fans quoi il y auroit une nul-
lité manifefte dans le jugement. Et fecond lieu
s'il eut fait ce qui lui étoit confeillé, il fe fe-
roit entierement livré entre les mains du pape,
qui, felon l'avis des canoniftes, auroit pû re-
fufer de confirmer la fentence du légat, auffi-
bien que le mariage qui auroit été contracté en
confequence. Mais il nous faudroit d'autres preu-
ves de ce prétendu confeil du pape à Cafali, qui
ne me paroît point vrai-femblable. On ne laiffoit
pas d'envoier tous les jours couriers fur cou-
riers; on faifoit fans ceffe de nouveaux pro
jets, à peine une réfólution étoit prife, qu'on
la changeoit auffi-tôt. On demande que Sta-
philey doen des auditeurs de Rote, qui étoit
en Angleterre, foit chargé de la commiffion
pour juger le divorce, & en même-tems
le fait partir pour Orviette, où étoit le pape,
& on le charge d'inftructions fecretes & d'ordrès
publics. Auffi-tôt après Cafali reçoit ordre de
demander à fa fainteté, qu'un autré légat füt
joint au cardinal Wolfey, & qu'il fût fçavant,
defintereffé & traitable.

од

Auffi-tôt que Staphiley fut parti pour OrStaphiley, viette, le roi le fit fuivre du docteur Etienne Gardiner Gardiner fecretaire de Wolfey, & d'Edouard & Fox en-Fox grand aumônier, qui tous deux devoient voïez à fe joindre au premier, & ne donner aucun repos au pape, qu'il n'eût accordé ce qu'on fouhaitoit de lui, ces trois agens étoient d'un caractére affez different. Staphiley avoit vieilli dans la cour de Rome c'étoit un homme défiant, dur & peu traitable, favorablement prévenu pour Henri VIII. & haiffant beaucoup

pour cette

affaire.

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Char

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