Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Burnet hift.

toutes les affaires concernant les matieres cc. AN1533 clefiaftiques doivent être jugées en dernier reffort de la reform. par les archevêques, chacun dans fa pro1.2. p. 187. vince, fans préjudice néanmoins des prétentions Le Grand de Parchevêque de Cantorbery fur l'archevêhift, du di- ché d'Yorck; que ni les appels à la cour de vorcet. 1.P. Rome, ni les bulles & les défenfes des papes

239.

ne fuffiroient point pour empêcher l'execution des fentences des juges ordinaires; que malgré toutes excommunications ou interdits venus de Rome on celebreroit toûjours l'office divin, & l'on adminiftreroit les facremens à l'ordinaire; que fi dans la crainte des cenfures de Rome, on refufoit d'executer ce ftatut, on feroit condamné à un an de prifon, & à une amende païable à la volonté du roi. Et l'on conclut que pour les affaires aufquelles le roi auroit interêt, elles feroient terminées par la chambre haute de l'affemblée du clergé.

Le parlement étoit encore affemblé lorf qu'Henri VIII. qui vouloit absolument rompre avec le pape, envoïa en France le vîcomte de Rochefort frere d'Anne de Boufen, pour faire part au roi de fon mariage, & le prier de fe défifter de fon affaire auprès du pape, & de n'en plus parler. Cette propofition furprit fort François I. qui dit nettement à Rochefort, qu'aïant demandé à fa fainteté une entrevûë du confentement de Henri, aïant même déja envoïé vers le pape les cardinaux de Tournon & de Grammont, pour convenir du tems & du lieu, il ne vouloit pas fournir à Clement VII. un prétexte de ne point accomplir les promeffes, & de fe lier plus étroitement avec l'empereur. Qu'ainfi il ne pouvoit accorder au roi d'Angleterre ce qu'il demandoit, ni prefenter de fa part à fa fainteté aucun memoire conforme à fes demandes; au contraire ce prin

ce

COC

ce avoit fait dreffer un autre memoire qu'il fit lire à Rochefort, en le priant de le porter à fon maître, mais l'ambassadeur le refusa, di. 102 fant qu'il n'en avoit point d'ordre; ainfi l'affaire en demeura là, parce qu'Henri étoit réfolu à faire juger le divorce dans fon roïaume, fans fe mettre davantage en peine de ce que le pape pourroit faire contre lui, & pour cela il avoit befoin d'un homme qui fut foumis à fes volontez.

2

:

:

AN.1533.

XCI.

Hiftoire de

Sander, de

Il le trouva dans le docteur Thomas Cranmer qu'il nomma archevêque de Cantorbery Thomas en la place de Warham dont on a rapporté Cranmer. la mort. Cranmer étoit né à Nottingam le Burnet hift. deuxième de Juillet 1489. mais on ne fçait de de la reform. quelle famille les Proteftans le font noble, & 1.2.p. 189. difent que fes ancêtres avoient paffé de Nor-fchifm. l. 1. mandie en Angleterre à la fuite de Guillau-p.77. me le conquerant ; mais les auteurs catholi ques n'en conviennent pas tout ce qu'il y a d'assuré là-deffus eft, que dès fon jeune âge il fit quelques progrès dans les lettres; qu'il embraffa l'état ecclefiaftique, qu'il fut profeffeur dans l'univerfité de Cambridge dont on le chaffa pour s'être marié; qu'il vint à Londres dans le tems qu'Henri VIII. étoit amoureux d'Anne de Boulen, qu'il entra au fervice du comte de Wilskire pere de cette maîtreffe du roi, en qualité de chapelain; qu'il fut un des premiers qui écrivit pour foutenir la nullité du mariage avec Catherine; qu'il s'étoit laiffé féduire par les livres de Luther, & que fans ofer fe déclarer en faveur de fa doctrine, il entretenoit de grandes liaisons avec les Lutheriens d'Allemagne. Ce fut lui qui, comme on a dit ailleurs, confeilla à Henri de faire rouler la queftion de la validité de fon mariage fur la défense faite dans le Levitique, & de P 4

con.

ANJ533.

confulter là-deffus les univerfitez. Il fut emploïé en Angleterre, en France, & en Alle magne pour tirer des univerfitez & des theologiens des avis favorables au roi ; & Henri l'envoïa à Rome pour folliciter la dissolution de fon mariage.

Pour fes bonnes & mauvaises qualitez, les auteurs en conviennent encore moins que de fa nobleffe. A entendre parler les Proteftans, Cranmer étoit comparable aux premiers peres de l'églife; c'étoit un homme judicieux, éclairé, qui ne manquoit ni de vigueur, ni de courage ils difent qu'il étoit en Allemagne, lorfque Henri le nomma archevêque & que quand il fçut à quoi on le deftinoit, il fit tous fes efforts pour porter le roi à changer de fentiment, qu'il laiffa même paffer plus de fix mois avant que d'accepter cette dignité, espe rant que l'affection du roi pour lui fe rallentiroit, & que d'autres ecclefiaftiques briguant la place vacante, quelqu'un d'eux l'emporteroit. A écouter les auteurs catholiques, jamais homme n'eut moins de religion que Cranmer, & il eut une fin telle qu'il la meritoit le voïage qu'il fit en Allemagne pour avoir les avis des univerfitez, il abusa d'une parente d'Ofiander qu'il époufa enfuite. Bien loin d'être ferme & fincere, on verra par fes actions, que jamais homme ne fut plus lâche, & plus dif fimulé > & que fon veritable caractere étoit d'avoir l'ame baffe & de s'accommoder à tout. Pitfeus de Le cardinal Polus dans la lettre qu'il lui écrifcript. Ang vit, lui reprocha qu'il étoit entré dans le bert.1.p.253. cail de JESUS-CHRIST par la fenêtre, pour contenter une paffion honteufe, & qu'il s'étoit gliffé par des chemins couverts comme un voleur & un larron.

Le Grand

& fuiv.

dans

Le pape qui étoit auffi informé des mauvai.

fes

[ocr errors]

AN.1533.

XCII.

les accorde.

fes qualitez de Cranmer, n'étoit pas content de fa nomination, il voïoit bien c'étoit un que happui pour l'herefie & un ennemi de la cour Cranmer He de Rome qu'on introduifoit en Angleterre, & demande à qui l'on s'efforçoit de donner une autorité des bulles qui feroit un jour très-préjudiciable à la vraïe au pape qui religion. Cranmer lui-même ne fe déguifoit pas, Burnet hift. & quoiqu'il n'ignorât point que l'ufage étoit de la ref. de demander des bulles au pape, il ne vouloit 2.p. 189. point en faire la démarche ni qu'on la fit pour lui, & il refufoit encore plus de prêter ferment d'obéïflance à Clement, prétendant qu'il ne lui étoit point dû. Mais le roi qui ne vou loit pas encore de rupture bien ouverte, l'engagea à fe prêter à ce qu'on lui demandoit, & lui-même écrivit à Rome pour avoir les bulles qui étoient neceffaires. Le pape les accorda fans exiger les annates & les envoïa en Angleterre; elles font dattées du vingt-deuxiéme de Février, & elles furent les dernieres bulles qui parurent dans ce roïaume. Elles permettoient à Cranmer de fe mettre en pof feffion de l'archevêché de Cantorbery fur la nomination du roi, le declaroient archevêque, l'abfolvoient de toutes cenfures, & exigeoient de lui le ferment felon le pontifical. Le pape lui envoïoit auffi le Pallium, avec ordre à l'archevêque d'Yorck & à l'évêque de Londres de P'en revêtir.

[ocr errors]
[ocr errors][ocr errors][merged small]

Le facre fe fit le quinziéme de Mars par les
évêques de Lincoln, d'Excefter & de Saint-
Afaph; mais ce ne fut qu'avec ce tempera-
ment par lequel il crut pouvoir contenter le
pape & le roi tout ensemble. Comme il ne
pouvoit être facré fans faire le ferment porté
par les canons, de ne fe feparer jamais de la
communion de l'église Romaine,
leurs il fçavoit que Henri renonceroit plûtôt
P5

& que

d'ail

à

à la religion de fes peres qu'au mariage d'AnAN.1533. ne de Boulen, le parti qu'il prit fut de protefter avant fon facre contre le ferment qu'il alloit faire, & de prendre acte de fa protefta

tion de

Cranmer

faire au

pape.

[ocr errors]
[ocr errors]

pas

tion. Il declara donc devant des notaires & XCIII. des témoins.,, Que par force & contre fa voProtefta- lonté il alloit promettre obéiflance au faint fiege, mais que ce n'étoit que pour fatistouchant le›› faire à la coûtume, & que fon intention ferment n'étoit "" de faire un ferment qui préjudiciât qu'il devoit„, à l'obéiffance qu'il devoit à fon fouverain. La premiere chofe que fit Cranmer après la XCIV. ceremonie de fon facre, fut d'aller prendre fa Jugement place dans la chambre haute de l'affemblée du du clergé clergé, où l'on examinoit ces deux questions d'Angleterre fur le tant de fois agitées. 1. Si la difpenfe du pape divorcc. Jules fecond pour le mariage du roi avec CaBurnet hift.therine étoit fuffifante, & pouvoit le rendre de la reform. valide. 2. Si la confommation du premier ma29riage de Catherine avec Arthus, étoit fuffiAngl. tom. famment prouvée. La premiere de ces queftions 14.p.472. fut d'abord agitée dans la chambre balle com.

pofée des deputez des ecclefiaftiques du der nier rang qui n'étoient que vingt-trois; & quatorze foûtinrent que de femblables mariages étoient défendus par le droit divin. Mais dans la chambre haute beaucoup plus nombreuse, après de longues conteftations entre Stockefley évêque de Londres, & Fischer évêque de Rochefter,. deux cens dix-fept voix condamnerent le mariage dont il s'agiffoit, fur le principe que la difpenfe de Jules II. étoit contraire au droit divin, & n'avoit pas dû être accordée. Pour ce qui eft de la feconde queftion, il n'y eut que cinq ou fix perfonnes qui ne convinrent pas qu'on eut fuffifamment prouvé qu'Arthus. avoit confommé fon mariage & on en renvoïa la décifion aux canoniftes, qui donne.

rent

« AnteriorContinuar »