ANIS 33.

La faculté

approuve

quant aux matieres & quant aux formes. A
quoi le fyndic repliqua, que cette explication
renfermoit plus de curiofité que d'édification
& parce que Sallignas dit qu'il étoit du fenti-
ment de la faculté, on en demeura là.
Le douzième de Février, oui le
rapport des CXXIII.
docteurs Loret, Gillain, Devilliers, & Que-
firus qui avoient été nommez par la faculté les fer-
pour examiner les fermons de Mr. Clichtou, mons de
docteur & chanoine de l'églife de Carentan Mr. Clich-
qui paroiffoient imprimez, fur l'oraifon domi-"
nicale, la falutation Angelique, le fymbole,
le decalogue, les fept facremens, les Diman-
ches & Fêtes de l'année, les myfteres de la
fainte Vierge, & d'autres Saints; la faculté
accorda fon approbation à ces difcours, &
permit qu'ils fuffent publiez.,

&

Le vingt-fixiéme de Novembre elle s'affem-
bla chez les Dominicains, & devant elle com-
parurent deux religieux Auguftins, qui avoient
debité dans leurs fermons beaucoup de chofes
reprehenfibles, & fur tout un d'eux nommé
Coureau dans les difcours qu'il avoit prêchez
à faint Sauveur. On nomma des commiffaires
pour en informer & faire leur rapport,
on s'affembla à ce fujer mais parce que l'un
d'eux ne comparut pas, on remit la délibera-
tion au lendemain. Ce jour-là un des deux ac-
cufez fe trouva aux Mathurins, où il fit fes
excufes fur les propofitions qu'on lui imputoit,
& il parut fe foumettre avec tant d'humilité,
que la faculté, après l'avoir fait retirer, &
après avoir deliberé pendant plus d'une demie
heure, le fit appeller par Nicolas Ulreare, qui
tenoit la place de doïen l'accufé dit qu'il
retracteroit fincerement ces propofitions, en
prefence de toute la faculté. Et le premier De
cembre il fe prefenta, & pria la faculté de lui
Q4

par

tou.

pardonner, promettant de ne plus enfeignér les AN.1533• mêmes chofes, & condamnant tout ce qu'il avoit dit d'oppofé aux fentimens reçûs; mais quelque divifion s'étant élevée parmi les docteurs, & le nombre n'étant pas fuffifant pour décider, on fe retira.

faculté de

l'herefie.

di.e.

CXXIV. Le vingt-neuviéme de Decembre la facul Le roi fe té s'affembla chez les Mathurins à l'occaplaint à la fion du zele que témoignoit le roi François I. quelques pour extirper l'herefie de fon roïaume, & Dosteurs empêcher qu'on n'y répandît la mauvaife doinfectez de Atrine. On y chanta une meffe folemnelle du D'Argentré Saint-Efprit, pour en rendre à Dieu des actions ut fupràt. de graces, & le prier de fortifier fa majefté 1. in appen- dans un fi pieux deffein, & d'accorder à fon zele d'heureux fuccès. Après la meffe Mr. Pierre de Cornubus prefenta à la faculté un bref du pape, dont on fit la lecture devant tous ceux qui étoient prefens. Comme ce bref étoit plein des témoignages de bonté & de bienveillance de Clement VII. envers la faculté, elle délibera pour en remercier le pape, & lui écrire après en avoir obtenu la permiffion du roi. Et fur la plainte que fit le même docteur de la part de fa majefté, que quelques membres de la faculté donnoient dans les nouvelles erreurs, & fe laiffoient féduire par l'herefie; la faculté prit la réfolution de proceder contre eux, & de prendre dans la prochaine affemblée, les expediens convenables pour fatisfaire à la demande du prince.

Les plaintes du roi fur le progrès que l'herefie CXXV. faifoit dans fon roïaume, étoient bien fondée ; L'herefie Commence & il y avoit déja long-tems que Luther & Zuinà s'intro- gle y avoient envoïez quelques-uns des plus duire en habiles de leurs difciples, pour y répandre leurs Florim. de errcurs. L'évêque de Meaux Guillaume BriçonRemend. net s'étoit d'abord laiffé furprendre par ces

France.

nou

.

ANS 33.

nouveaux docteurs; mais le parlement aïant fait informer contre eux, ils fe fauverent en Allemagne, & le prelat reconnut fa faute, if de la naiffance de L'herefie dans la fuite ne laiffa pas de trouver herefie lib. 52 quelque protection à la cour de France par le 7.. 3. moïen de Marguerite de Valois fœur de François L. laquelle en 1527. avoit épousé Henri d'Albret II. du nom, qui portoit le titre de roi de Navarre, dont Ferdinand le Catholique s'étoit emparé. Cette princeffe avoit beaucoup de penchant pour les nouvelles opinions. Jacques le Fevre d'Etaples obligé de s'enfuir de Meaux en 152 3. s'étoit retiré d'abord à Blois, & quelques années après s'étoit rendu en Bearn auprès de cette princeffe qui y réfidoit alors avec fon mari. Elle accorda aifément retraite dans fes états à tous ceux qui vouloient éviter les pourfuites de la juftice: & ce fut dans cett efprit qu'elle reçut entr'autres Gerard Rouffel, à qui elle accorda fa confiance, qu'elle fit d'abord abbé de Clerac, enfuite évêque d'Oleron; elle prenoit plaifir à l'entendre parler de la religion, & favorifoit ouvertement tous les religieux qui quittoient leur profeffion.

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Le roi informé de fa. conduite & de fes fen timens lui manda de le venir trouver & de fe faire conduire par le fieur de Burie gouver neur de Guyenne. Sa majefté qui l'aimoit infiniment, & qui fe fouvenoit des fervices qu'el le lui avoit rendus dans fa prifon de Madrid, la reçut avec joïe, & après quelques reproches fur fon inclination aux nouvelles opinions, il lui donna toutes fortes de marques d'eftime & d'amitié. La princeffe s'en fervit adroitement pour infinuer en quelque forte une partie de Les propres fentimens dans l'efprit de fon frere, ou du moins pour lui en infpirer moins d'éloignement. Elle le mena au fermon d'un Q's

nom

nommé de Cocq curé de faint Euftache, qui AN 1533. prêcha affez clairement l'herefie de Zuingle far Peuchariftie, , prenant pour texte ces paroles de faint Paul. Ne cherchez point ce qui eft fur la terre, mais ce qui eft au ciel, où JESUS-CHRIST eft affis à la droite de fon Pere; infinuant fous des expreffions équivoques, qu'il ne falloit pas s'attacher à ce qui eft fur l'autel quand on celebre la meffe, mais qu'il falloit s'élever par la foi jufqu'au ciel pour y trouver le Fils de Dieu, fuivant ces paroles du prêtre; élevez vos cœurs, Surfum corda. Le roi voulut voir le prédicateur en par ticulier; il le fit venir dans fon palais, il l'écouta dogmatiser à fon aife; mais les cardinaux de Lorraine & de Tournon obligerent ce euré à fe retracter publiquement en prefence de fa majefté, & à confeffer hautement qu'il s'étoit trompé.

CXXVI.

de Navarre

Beze hift. ecclefiaft. 2.13.

Ce mauvais fuccès ne rallentit pas l'ardeur La reine de la princeffe pour la nouvelle doctrine, elle fait tradui emploïoit tous les foins pour gagner le roi re les heu- fon frere, & engagea Guillaume Parvi docteur res en Fran- de Sorbonne, évêque de Senlis, & confeffeur fois. de fa majefté, à lui traduire en François les prieres latines de l'églife, dont on avoit retranché une bonne partie, & qu'elle fit imprimer; elle même compofa un ouvrage en vers françois, intitulé le miroir de l'ame pecherelle où il n'étoit fait aucune mention de Saints & de Saintes, ni de merites, ni de purgatoire, & même la priere qu'on appelle, Salve Regina, y étoit appliquée en françois à la perfonne de JESUS-CHRIST. Ce livre fut auffi imprimé dans cette année 1533. Ce qu'il conte noit irrita extrêmement la Sorbonne, & Noel Beda fyndic de la faculté en follicita fortement la condamnation. La princeffe s'en plaignit au

roi, qui voulant fçavoir les raifons de cette
condamnation, fit venir le recteur de PUni- AN.1533.
verfité alors Nicolas Cop, qui defavoua la
cenfure. Cop avoit été élû recteur le dix-huitié,
me d'Octobre 1533.& dans la même année aïant
harangué aux Mathurins le jour de la Touf-
faint, il fut déferé par les Cordeliers, com-
me aïant avancé dans ce difcours des propo
fitions heretiques,

**

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Le recteur

fermon he

Ces religieux s'étant adreffé au parlement CXXVI & non pas à Puniverfité, Cop s'en plaignit e dans l'affemblée des quatre facultez, qui fe tint verfité dédans la falle des Mathurins le dix-neuviéme feré au parde Novembre, & nia qu'il cût avancé ces pro-lement pofitions, à l'exception d'une feule; il deman. pour un da que l'univerfité intervînt, & fe plaignit de retique. Pinjure qui lui avoit été faite lorfque fes en- Du Boulay nemis s'étoient adreffez à un autre tribunal: hift. univers. il y eut beaucoup de bruit dans cette affem- Parif.t. VI. blée; cependant les amis du recteur ne laillerent pas d'y faire arrêter, que l'univerfué étoit fâchée de l'injure qu'on venoit de faire à fon corps, en déferant fon recteur à un tribunal fupericur fans en avoir parlé à l'université devant laquelle fes accufateurs feroient citez à comparoître; mais il n'y eut point de conclu fion, parce que les doïens des facultez de theologie & de droit s'y oppoferent. Cop.. dont l'affaire avoit fait du bruit à la cour & dans Paris, craignant d'être arrêté & mis en prifon, fe cacha quelque-tems, & enfuite fe fauya à Bafle. Quand l'univerfité fcut qu'il s'étoit retiré, & que le bruit fe fut répandu que Guillaume Cop fon pere qui étoit medecin du roi depuis 1530. étoit juftement foup çonné d'être dans les fentimens nouveaux, qu'enfin le recteur fon fils étoit ami de Cal vin qui logeoit alors à Paris au college de Q 6

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