CLXIII. changement dans les mefures que le roi d'AnAN.1534 gleterre avoit prifes pour rompre entierement Differens avec la cour Romaine. Le parlement ralftatuts du femblé le vingt-troifiéme de Novembre terre. con parlement firma à Henri VIII. la qualité de chef fouved'Angle- rain de l'église d'Angleterre, que le clergé lui Burnet hift. avoit déja donnée, & le formulaire du ferment dela refor. dont on a parlé on ajugea auffi au roi les 1.2.p. 229. prémices & les décimes avec les annates; ce 230. CLXIV. damnez à qui chagrina le clergé, qui s'étoit perfuadé qu'en les ôtant au pape, on ne les exigeroit plus ; mais Henri vouloit s'attribuer les droits du pape. Il fit plus; car outre les annates & les premiers fruits des benefices qu'on lui accordoit, il fe fit encore ajuger la dixième partie des revenus de tous les benefices. Par un autre ace on déclara traîtres tous ceux qui diroient ou écriroient quelque chofe contre le roi, ou contre la reine; on marqua quels crimes feroient eftimez crimes d'état, & l'on privoit les gens accufez de trahison, du privilege des aziles. Un autre acte établiffoit vingt cinq évêques fuffragans, dont chacun devoit dépendre de fon évêque diocefàin, qui pour remplir ces places devoit prefenter deux fujets au roi, & le nommé fe feroit facrer par l'archevêque de la province. On délibera enfin de donner de l'argent au roi, qui de fon côté accorda au peuple un pardon general. Le même parlement avant que de fe fépaFischer & rer, travailla au procès de Fifcher & de MoMorus con- rus. Le roi les avoit exclus personnellement une prifon du pardon accordé au peuple & comme ils perpetuelle.perfiftoient toûjours à refufer de faire le ferBurnet ut ment ordonné dans les féances du mois de Janfup. p.231. vier, & confirmé dans celles-ci, le parlement les condamna à une prifon perpetuelle & à la confifcation de tous leurs biens par deux arrêts par 7 particuliers. On embaraffa d'autres ecclefiafti- Quelque-tems après on vit paroître une pro CLXV. clamation de la part du roi, qui défendoit de Proclamıdonner le nom de pape à l'évêque de Rome, tion pour & ordonnoit d'effacer ce nom de tous les livres le nom du fupprimer où il fe trouvoit, afin d'en perdre la memoire, pape. s'il étoit poffible, & l'on fit prêter aux évêques le ferment, par lequel ils renonçoient expreffément à l'obéïffance du fouverain ponufe, qu'on n'appelloit plus qu'évêque de Rome. Sanderus Sanderus dit, qu'il fit executer cet ordre avec tant de de fibifm. Angl.liv.. rigueur, que l'on puniffoit de mort celui qui p. 108. manquoit d'effacer le nom du pape de fes li-" vres, de forte que dans les tables, dans les calendriers, dans les ouvrages des peres & des scholastiques, dans le droit canonique on voïoit ce nom rayé. On obligea même les particuliers d'écrire au commencement des œuvres de faint Cyprien, de faint Gregoire, de faint Profper, . & d'autres faints docteurs de l'églife.,, Que s'il y avoit quelque mot, ou quelque paffa», ge, qui établit la primauté du pape, l'on rénonçoit à ce paffage & à ce mot, & qu'en cela on ne vouloit avoir aucune conformité ,, avec les peres & les docteurs. On défendit même fur peine de la vie, toute communica tion avec le pape & fes adherans hors de l'Angleterre, dans les litanies même & autres prieres, que l'on recite en particulier ou en pu blic dans les églifes, au lieu de l'oraifon que les fidéles adreffent à Dieu, pour la conferva " Angleter tion du vicaire de JESUS-CHRIST Henri AN.1534 fit fubftituer ces paroles impies, de la tyrannie de l'évêque de Rome, & de fes déteftables excès, délivrez-nous Seigneur. CLXVI. Cependant quelque zele que parut avoir le Progrès de roi pour conferver, difoit-il, la religion Cala nouvelle tholique dans fon roïaume, la nouvelle refor. réforme en me de Luther ne laiffoit pas d'y faire du progrès. Les ouvrages de cet heretique malgré les défenfes feveres qu'avoit faites Henri, de les lire & de les garder, y étoient répandus de tous côtez: on en voïoit d'autres contre les déreglemens du clergé, contre l'invocation des faints, contre les reliques contre le merite des bonnes œuvres, & contre le cúlte des images. Mais le livre qui fit le plus de bruit, fut la verfion du nouveau teftament, par un nommé Tindal Lutherien, dont l'évêque de Londres fit faifir les exemplaires, & brûler publi quement par la main du bourreau, parce qu'el le contenoit plufieurs erreurs. Tindal en fit Sander. de faire une feconde édition en Flandres, & la fchifm.1.1.p. fit paffer en Angleterre. Le clergé la cenfura, 89. & en promit une plus correcte. On vit paroître un autre écrit intitulé la requête des pauvres, dans lequel les pauvres fe plaignoient que les charitez qui devoient leur être faites, étoient enlevées par des moines faineans, qui étoient à charge au public fans lui rendre aucun fervice; le roi vit cet écrit & en parut content, mais Morus avant fa prifon, le refuta par un ouvrage fous le titre de requête des ames du purgatoire. Un nommé Jean Frith lui répliqua & parla en vrai Lutherien dans fon ouvrage, mais dans la fuite il fit un traité contre la préfence réelle, qui lui attira la haine des Catholiques, & la colere du roi, qui croïoit cet article hors de doute, AN.IS 34. CLXVII. damnez au La difpute qui avoit commencé par la plume, devint dans la fuite plus tragique ; & l'on fit fouffrir la mort à plufieurs perfonnes re- Heretiques connues pour heretiques, entr'autres à Hitton en Anglevicaire de Maidstone, à Bilney qui fut brûlé, terre conà Richard Byfield, religieux d'Edmond-Roi & feu. difciple de Barnes, à qui l'on fit faire d'abord Barnet hift. abjuration, mais qui étant venu à Londres, & de la ref recommençant à débiter fes erreurs, fut con liv. 2. fur damné au feu, à Jacques Bainham, qui ab.la fin. jura auffi d'abord; mais qui devcnu rélaps fut auffi executé; on n'épargnoit pas même les cendres des morts. Guillaume Tracy de la province de Worchester aïant mis dans fon teftament qu'il ne laiffoit fon ame qu'à Dieu, par la mediation de JESUS-CHRIST, en qui feul il mettoit fa confiance, fans rechercher P'interceffion des faints, qu'ainfi il ne faifoit point de legs à l'églife, ne fouhaitant pas qu'on priât pour fon ame. Sur ce teftament l'évêque de Londres condamna Tracy comme heretique; on déterra fon corps, & on le fit brûler. La mauvaise intelligence de l'Angleterre avec Rome, donna du courage aux Proteftans, qui fe relâchoient de leur précaution, à mesure qu'ils voïoient la rupture s'avancer: mais on infinua à Henri que pour juftifier le refte de fa conduite, il devoit paroître plus attaché que jamais à la religion catholique. Gardiner évêque de Winchester ennemi juré de la nouvelle refor. me, & attaché à la cour de Rome, quoiqu'en l'affaire du divorce il eut tenu pour le roi, & eût même figné le ferment de la fucceffion, portoit Henri à ne point pardonner aux heretiques. Mais rien ne relevoit davantage les efpe- CLXVIII. rances des nouveaux réformateurs, que la Anne de protection d'Anne de Boulen, qui fe déclaroit Boulen faaffez vorise les Proteftans terre. des variat. P. 372. 88. allez hautement pour eux elle choisit pour AN.1534 fes aumôniers Schaxton & Latimer, aufquels en Angle- elle fit donner les évêchez de Salisbury & de Worchefter. Cranmer archevêque de Cantor. Boffuct hift. bery étoit du même parti, avoit les mêmes vûës, & contribuoit de tout fon pouvoir à l'akv. 7.t. I. vancement de la nouvelle doćtrine, en ménaSander. de toutefois la faveur du roi, pour lequel geant fchifm. liv. il avoit à l'exterieur une complaifance aveugle. 7.p. 87.6 Thomas Cromwel fe joignit à eux dans le même deffein, & ce fut lui que le roi établit fon vicaire general au fpirituel, vifiteur de tous les couvens & de tous les privilegiez d'Angleterre. Tous ensemble concouroient à établir Pherefie en Angleterre; mais un parti auffi fort traversoit avec chaleur les mefures de Cranmer & de Cromwel. Ce parti étoit compofé du duc de Norfolk, de Gardiner évêque de Winchester, de Longland évêque de Lincoln & de prefque tous les ecclefiaftiques qui avoient quelque accès à la cour. Ils avoient tous gagné la confiance de Henri, par leur complai fance fur l'affaire du divorce & fur la fupremacie, quoiqu'en cela ils trahiffent les fentimens de leur cœur. Par cette condefcendance, ils se mettoient en état de s'oppofer efficacement aux nouveaux réformateurs dans tous les articles, qui ne regardoient pas le fouverain, pontife. CLXIX. On tâche La nouvelle réforme faifoit auffi quelque d'introdui- Progrès en France; & il y avoit déja à Paris re la nou- plufieurs perfonnes qui l'avoient embrassée. velle rétor- François I. qui vouloit rétablir les lettres en me en France, faifoit venir de tous côtez des homFlorim de mes fçavans. Quelques-uns venus d'Allemagne, Raymond.de pour remplir les chaires de profeffeurs des lanla naissance gues grecque & hebraïque, répandirent le Lude herefie therianifme dans l'univerfité. Marguerite reine liv. 7. ch.4. France. de |