de Navarre fœur du roi, qui avoit été fédui AN.1534 te par Rouffel évêque d'Oleron, partisan secret Sleidan. in de Luther, favorifoit l'erreur à la cour, & y comment.lib. faifoit valoir les fentimens de la réforme ; d'un 9.p. 28. autre côté les Sacramentaires, qui tâchoient de s'introduire dans le roïaume, femoient par tout des libelles contre les dogmes Catholiques, & le roi d'Angleterre follicitoit François I. de l'imiter dans fon fchifine, & de rompre entierement avec le pape. Infolence Voyez le varre t. 3. Mais les heretiques fe firent tort à eux mê- CLXX. l'infolence de leur conduite; ils eurent des heretimes par la hardieffe de faire afficher dans le mois de. ques qui Novembre de cette année des placcards rem-font affi plis de blafphêmes contre la fainte euchariftie,cher des & contre le facrifice de la meffe, & pleins Placcards. d'injures contre la perfonne du roi, contre les dictionnaiévêques & le clergé, ils eurent même l'audacere de Bayle de les afficher non-feulement aux carrefours,Part. Naaux places publiques & aux portes des églifes 'pag. 17. mais même aux portes du Louvre, & à celle Seidan. in de la chambre du roi, pendant fon abfence, comment.lib. lorfqu'il étoit à Blois. François I. fut tellement 8.p. 281. irrité d'une conduite fi infolente, qu'il ordonna que tous ceux qu'on convaincroit d'herefic feroient condamnez à mort, & établit des chambres de juftice pour faire leur procès & les juger. Six Lutheriens furent brûlez, on fic des recherches contre les autres, & l'on punit du même fupplice tous ceux qui furent opiniâtres dans leurs fentimens. Sleidan rapportant Mem. da la maniere dont on executoit ces heretiques, Bellay 1.4. dit qu'il y avoit au milieu de chaque bucherfuprà p.283. une efpece d'eftrapade élevée, à laquelle on attachoit les criminels, qu'enfuite on allumoit le feu au-deffous d'eux, & les bourreaux lâchant doucement la corde, laiffoient couler juf qu'à la hauteur du feu ces miferables pour leur en Sleidan, ne en faire fentir la plus vive impreffion, puis on AN1534 les remontoit de nouveau en haut, & après cieté. I. Orlandin, hift. fociet. Jefus lib. 1. pag. 3. leur avoir fait fouffrir ce cruel tourment à diverfes reprises, on les laiffoit tomber dans les flammes où ils expifoient. LIVRE CENT TRENTE CINQUIÈME. PEN ENDANT que l'herefie fe répandoit de Naiffance toutes parts, il s'éleva dans l'églife par la d'ignace & fa vie juf providence divine un nouvel ordre de religieux, qu'à l'éra- qui devoit en peu de tems fe rendre très-celebiflement brc. Ce nouvel inftitut eft dû à un gentilhomde fa fo- me Navarrois qui merite ici fa place à jufte titre. Il fe nommoit Ignace, & nâquit en 1491. de Bertrand Ignace & de Marine Saëz de Balde, fous le regne de Ferdinand & d'Ifabelle, dans le château de Loyola en cette partie de la Bif-. caye Efpagnole, qu'on appelle aujourd'hui Guipufcoa, & il fut le dernier de trois filles & de huit garçons; fon pere l'envoïa de bonne heure à la cour du roi Ferdinand dont il fut page; mais l'amour de la gloire & l'exemple de fes freres qui avoient embraffé la profeffion des armes, lui firent quitter la cour aller fervir l'état fous le duc de Najarra, pour qui s'appliqua avec foin à le former dans les exercices militaires. Ignace qu'on appelloit en fa langue Iñigo, s'acquit dans cet emploi beaucoup de reputation; il aima la poefie, & fit quelquefois de bons vers; il partageoit fon tems entre la galanterie & les travaux de la guerre. Telle fut fa vie jufqu'à l'âge de vingt-neuf ans, que François I. roi de France aïant fait affieger Pampelune par André de Foix frere de Lautrec; Ignace alla s'enfermer dans la place & effaya envain d'empêcher les affiegez de fe rendre, 1 f rendre, ce qui l'obligea de fe retirer dans la Comme il le vit obligé de garder le lit quoi qu'à la jambe près, il le portat affez bien, il demanda quelque Roman pour se défennuïer en le lifant; & comme on n'en trouva aucun quoique ces fortes d'ouvrages de chevalerie er rante ne fuffent pas rares en Espagne, on lui apporta les livres qu'on put trouver, entr'au. tres une imitation de JESUS-CHRIST & les vies des Saints. Il les lût fans autre deffein que de s'amufer; mais infenfiblement il y prit goût, Tome XXVII. S les Conver ce. les grands exemples de vertu, de penitence, AN.153.4 de rénoncement au monde, qu'il remarqua dans II. la vie des Saints, le toucherent & lui donnefion d'Igna- rent la pensée de fe convertir. Mais ce ne fut pas fans éprouver de grands combats, la pafOrlandin. fion de la guerre, l'inclination qu'il avoit pour pag. 4. une dame qu'il aimoit, d'un côté, d'un autre les pensées de l'éternité, le néant du fiécle la folie de fes plaifirs, le faux bonheur qu'on y goûte, partageoient fon efprit, & y produifoient des effets bien differens. Enfin la grace fut victorieufe, & lui aïant entierement changé le cœur, elle lui fit prendre une conftante refolution de fe donner entierement à Dieu. III. Dame de rat. Le premier ufage qu'il voulut faire de fes bons mouvemens, fut d'aller dans la terre fainte > pieds nuds & revêtu d'un fac. Il partit pour cet effet en l'an 1522. à deffein de s'embarquer à Barcelonne; mais la pefte faifant alors de grands ravages dans cette ville, il differa l'execution de ce deffein, & prit le chemin de Nôtre-Dame de Montferrat qui eft à une journée de Barcelonne. Etant arrivé à une bourgade qui eft au pied Son voïage de la montagne, il acheta pour fon voïage de à Nôtre la terre fainte, qu'il comptoit de faire enfuiMontfer- te, un habit de grofle toile, une ceinture & des fandales de corde avec un bourdon & une Bonhours calebaffe, & entra dans l'églife de Montferrat vie de faint Ignace liv. en équipage de pelerin. Là après s'être confeflé 1.p.20.22. à un religieux de faint François, il fit ce qu'on Orlandin. appelloit en Efpagne la veille de fes armes, bift.l.1. n. c'eft-à-dire, qu'il veilla toute la nuit en prieres, 18.5, tantôt fe tenant debour, tantôt s'agenoüilMaffeusl.I. lant, & fe confacrant ainfi de tout fon pouvoir au fervice de la bienheureuse Vierge; il pendit fon épée à un pillier proche de l'autel pour 5.4. mar marquer qu'il renonçoit à la milice feculiere; il communia de grand matin & partit auffitôt de Montferrat dans la crainte d'être reconnu de quelques perfonnes de Biscaye ou de Na varre. AN.1534. IV. Il arrive Manrefe & Orlandin.in 26. Ignace étant parti de Montferrat le jour de P'Annonciation de la Vierge en habit de pelerin ;. il poursuivit fon chemin jufqu'à Manrefe s'y retire & s'y retira dans l'hôpital, en attendant qu'il dans l'hôput aller s'embarquer à Barcelonne pour fon pital. voïage de la terre fainte. Là il eut toute la hift.l.1.n. liberté qu'il defiroit pour faire pénitence fans 19. p. 5. être connu; il y jeûna toute la femaine au pain Bouhours & à l'eau, excepté le Dimanche qu'il mangeoit vie de faint un peu d'herbes cuites, il fe, ferra les reinsgnacel.1.p. d'une chaîne de fer, il prit un rude cilice fous Maffeus l.1. fon habit de toile; il châtioit fon corps trois. 5. fois le jour, couchoit fur la terre & dormoit peu; outre cela il alloit mandier fon pain de porte en porte, affectant un air groffier, & toutes les manieres d'un gueux. Son vifage tout couvert de craffe, fes cheveux fales & jamais peignez, fa barbe & fes ongles qu'il laiffoit croître, rendirent fa figure affreufe & ridicule à tout le monde; auffi dès qu'il paroiffoit, les enfans le montroient au doigt, lui jettoient des pierres & le fuivoient par les rues avec de grandes huées. V. Cependant le bruit aïant couru dans Manrefe qu'il pouvoit bien être un homme de qualité 11 eft requi faifoit pénitence; il alla fe cacher dans connu à caverne fous une montagne déferte à un quart fe retire une Manrefe & 1 de lieuë de Manrefe. Les mortifications exceffi- dans une ves qu'il y pratiqua, affoiblirent extrêmement caverne. fa fanté & lui cauferent des foibleffes continuel- Bouhours ut fuprà p. les, enforte que quelques perfonnes qui avoient 30. découvert fa retraite l'y trouverent évanoui, le Orlandin, we firent revenir de fa défaillance, & le rame.fuprà n. 20. nerent?.5.& 6. S 2 |