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Hiftoire Ecclefiaftique.

AN.1528. que Campege avoit fort bien fait de fuivre fes AN.1528. ordres; que puifque Wolfey vouloit abufer de

XLV.

que en

bulle du pape donnée à

Campege.

fa bonté, il étoit fâché de lui avoir accordé cette grace; qu'il avoit encore fes lettres; que Cafali & Gardiner fçavoient bien à quelles conditions il avoit donné cette bulle; qu'il feroit au defefpoir qu'on la montrât à aucun des confeillers qui pourroient fe laiffer furprendre & approuver une chofe qu'ils auroient crû mauvaise, que le peché en retomberoit fur lui; que fa bulle avoit produit fon effet, & qu'elle devoit être brû lée; qu'il tiendroit conftamment ce qu'il avoit promis; que fi l'on pouvoit prouver ce qu'on avoit avancé, on n'avoit qu'à juger, & qu'il confirmeroit aufli-tôt la fentence favorable au roi.

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Plufieurs auteurs révoquent en doute cette On revo-bulle du pape Clement VII. voici comment en doute la parle Mr. le Grand dans fon hiftoire du divorce. "Quelque idée qu'on fe forme du pape Clement VII. il eft difficile de comprendre comment on a pû croire fi long-tems qu'il ait Le Grand » donné une bulle qui caffât le mariage d'Hen hift. du di- ri VIII. & de Catherine d'Arragon, Car foit vorce t. 1.in,, qu'il craiguît d'offenfer l'empereur, foit qu'il 12.p. 19. voulut menager le roi d'Angleterre, il ne ,, pouvoit pas prendre d'autre parti, que celui » qu'il prit, qui étoit de faire durer le procès; » & pour empêcher Henri de fe plaindre, de le prévenir, & de l'avertir que s'il fuivoit la », procedure ordinaire, il pourroit fe rebuter de » toutes les longueurs qu'il trouveroit. Henri, ,, comme on l'a vû, y étoit tout préparé, & ,, avoit declaré qu'il attendroit bien quatre ou ,, cinq ans, ainfi il ne demanda pas d'abord » qu'on caffat fon mariage, quoiqu'il en eût » peut-être le deffein. Et lorfque Wolfey allarmé " pria le pape de lui accorder une bulle », qu'il pût montrer à ce prince, il n'ofa

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AN.1528.

lui faire une telle propofition. On a les let,, tres de ce cardinal,,& l'on y voit, auffi bien que dans celles de Cafali, que fi le avoit donné une bulle qui declarât nul le mariage de Henri, & de Catherine, il auroit accordé plus qu'on ne lui auroit demandé. Or il n'avoit garde de le faire, puisqu'il " fe feroit mis en danger de n'être plus maître de cette affaire, & qu'il auroit eu à crain,, dre, que le roi d'Angleterre n'eût fuivi l'exemple de Louis XII. qui aïant appris que Ce,, far Borgia alors légat d'Alexandre VI. avoit », une bulle qui caffoit fon mariage avec Jean,, ne de France, ne voulut pas voir cette bul„le, & époufa fur l'heure Anne de Bretagne, ,, veuve de Charles VIII. Auffi des deux bulles ,, que l'on produit, l'une porte que le pape confirmera la fentence des légats, & qu'il "" n'évoquera point la caufe, qui étoit ce », qu'Henri VIII. apprehendoit, & l'autre », met à ce prince d'époufer telle perfonne qu'il lui plaira, en cas que fon mariage avec Catherine foit declaré nul. De forte que le pape n'étoit engagé à rien par ces deux bulles, dès les cardinaux refufoient de pronon& lui remettoient leur commiffion » comme ils firent auffi jamais Henri VIII. ne s'eft prévalu de cette bulle. Il dit feule. ,, ment dans une lettre que l'on produit fur une copie fans datte, & dont on fait voir la fauffeté, que le lui a donné une décretale. pape » Gardinier évêque de Winchefter qui étoit venu de Rome à Londres avec Campege, & qui ,, depuis fut encore envoïé vers le pape, pour ,, empêcher que la caufe ne fut évoquée, ne fait aucune mention de cette bulle dans fon traité de la veritable obéïssance, où il atta,, que de toute fa force, l'autorité de la cour

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AN.1528.

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le

pape

"3 de Rome; & de tant de gens qui ont écrit ,, pour le divorce depuis 1530. jufqu'en 1533. il n'y en a eu aucun qui fe foit plaint, que ait donné une bulle qui caffât ce ma,,riage, & qu'il l'ait enfuite fupprimée. Les 19 auteurs Ultramontains font les premiers qui aïent parlé de cette bulle fur un bruit confus, fans avoir jamais fçû ce qu'Henri ou » Wolfey demandoient au pape ; & depuis une ,, erreur populaire s'eft établie, qu'on a eu grand Varillas,, foin d'appuier. Varillas dit de même, que de l'herefie cette bulle n'eft pas vrai-femblable: ce qui eft 1.2. in 4. .,, certain, c'est qu'elle n'avança pas l'affaire. 9.P.370. Pendant que Campege amufoit le roi HenXLVI. ri en Angleterre, le pape prenoit des mefures pour faire fon traité avec l'empereur, chertravaille à choit des pretextes pour fe feparer des rois de moder aFrance & d'Angleterre, depuis que les affaires vecl'em- de France alloient fi mal en Italie, que Lautrec pereur. étoit mort au milieu de fes troupes, que la pefte Guicciard. défoloit fon armée, & que l'expedition de Na

dans l'hift.

Le pape

s'accom

1. 19.

ples avoit fi mal réuffi. Il fe plaignoit que François I. & Henri. VIII. ne lui avoient pas tenu parole, en lui faifant rendre Ravenue & Cervia, comme ils le lui avoient promis; par là il vouloit faire entendre, qu'on ne devoit pas trouver étrange qu'il ne fe hâtat pas de contenter le roi d'Angleterre, puifque ce prince negligeoit de lui faire rendre juftice par les Venitiens. Il auroit fouhaité qu'on eût crû que cela feul arrêtoit le jugement de l'affaire ; mais de quelque précaution qu'il usât, Henri & François I. furent bien-tôt informez de la negociation que fa fainteté entretenoit en Espagne; ils lui en firent faire leurs plaintes ; mais elle nia conftamment qu'elle eut jamais pensé à se départir de la neutralité; & pour diffiper ces foupçons, qu'elle appelloit mal fondez, elle envoia

en

en Angleterre Campana, pour affurer de nouveau Henri de fes bonnes intentions: mais en même-tems elle chargea cet envoïé d'un ordre exprès à Campege de brûler la bulle, dont on a parlé, & de differer autant qu'il le pourroit le jugement du divorce. Campege executa fur le champ le premier de ces ordres, & trouva depuis ce tems-là de nouveaux prétextes pour le retardement des procedures.

AN.15284

terre s'a

nand.

La conduite de la reine Catherine y contri- XLVII. bua, elle ne negligeoit rien pour engager l'em- Catherine pereur & l'archiduc Ferdinand fes deux neveux reine à la proteger, elle fe plaignit à eux de la d'Angleconduite du roi, & encore plus de celle de dreffe à Wolfey, leur donna avis de toutes les difficul- l'empereur tez qu'on formoit contre fon mariage, & deman- & à Ferdida leur affistance & leur confeil. Ils reçurent avec joïe cette occafion d'embarraffer le roi Henri, & confeillerent à Catherine de ne jamais confentir à entrer en religion, & de ne fe point relâcher de fes droits; ils lui mande, rent encore qu'ils avoient affez de pouvoir à Rome pour lui faire rendre justice, & qu'au pis aller, fi l'on en venoit aux extrêmitez, ils fçauroient toûjours foutenir les interêts de fa fille. Catherine appuïée fur ces promeffes refufa Cavendish, conftamment le divorce, & continua de vivre c. 10.p.12, avec le roi comme auparavant, fans paroître & 23. ni plus grave, ni plus trifte, & aïant toûjours avec lui-même lit, & même table. Campege de fon côté ne ceffoit d'exhorter le roi de la part du pape, de ne point quitter la reine; eut égard au tort qu'il feroit par-là à fa reputation, & aux guerres qu'il auroit à foutenir contre l'empereur. Mais volant que ce prince ne fe rendoit point à fes raifons, & craignant les fuites d'une telle affaire, il confeilla à XLVIII. Catherine, felon l'ordre qu'il en avoit reçû du Campege

pape,

exhorte

ment du

roi.

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pape, de fe feparer volontairement de Henri & AN.I528. de fe retirer dans un monaftere. Mais comme Catherine il eft difficile de quitter une couronne, quand à fe feparer volontaire- on a droit de la porter, & de renoncer à fa liberté, quand on croit pouvoir en jouir, Catherine n'écouta point ces propofitions. Le vingt. feptiéme d'Octobre, les deux légats apprehendant de plus en plus les confequences de fa fermeté, vinrent la trouver accompagnez de l'archevêque de Cantorbery, de l'évêque de Londres, & d'autres prélats, & la folliciterent de nouveau d'entrer dans un couvent, mais elle leur déclara nettement, que puisqu'on penfoit à la faire entrer par force dans un lieu où fon inclination l'auroit affez portée fi on l'eut laiffé agir librement elle maintiendroit tant qu'elle auroit de vie, le mariage auquel Dieu l'avoit appellée, elle ajoûta que les juges qu'on lui avoit donnez lui étoient fufpects, qu'ils avoient été obtenus fur un faux expofé qu'ils lui étoient contraires, fur-tout Wolley qui ne lui avoit attiré la perfecution qu'elle fouffroit, que parce que l'empereur n'avoit pas agi pour l'élever à la papauté, qu'ainfi elle les recufoit; enfin qu'elle ne pouvoit le défifter de fes pourfuites, fans faire un tort irreparable aux droits de fa fille, qui lui étoient beaucoup plus chers que les fiens; elle demanda cependant un confeil, & on lui permit de faire venir de Flandre un procureur, un avocat, & un confeiller, qui vinrent en effet en Angleterre, mais qui n'y demeurerent pas long-tems, parce qu'on craignit que leur prefence n'exci tât les Anglois à la revolte, à caufe des mauvais traitemens qu'on faifoit à la reine.

XLIX.

Pour faire voir la juftice de fes prétentions, Nouveau Catherine produifit la copie d'un bref, qui contenoit une difpenfe plus ample que celle de

bref que la

reine pro

la

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