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AN.15 34.

déclarer roi

147.148.

fcript. Luth. hoc ann. p. 270.

verité qui lui étoit fi glorieufe fortit premiere'ment de sa bouche, & qu'il ne l'avoit fupprimée, qu'en attendant que Dieu la manifestât à quelqu'autre, ce qui venoit d'arriver dans la perfonne de Tufcochierer.

il

XXXI. Son difcours fini, il commanda aux juges 11 fe fait de quitter leurs charges, & de le reconnoître de Munfter. pour roi. Ils lui répondirent que la chose ne Haresba dépendoit pas d'eux, mais du peuple, fans leshins in hift. quel on ne pouvoit établir de roi. Becold à ce Anabapt. Prefus jetta les yeux fur Tufcochierer, & s'écria Mefhovius tout d'un coup, comme s'il eût eté furpris. Hé ut fuprà. bien, voilà un prophete, qu'il parle ! l'orfevre Cocheus ne demeura pas court à ce commandement, in actis & fe tourna vers les juges, & leur dit : de la part de Dieu, faites affembler le peuple à la place du marché, parce qu'il a quelque chofe à vous déclarer. Cet ordre fut cxecuté dans le moment, & le peuple étant affemblé, l'orfevre faifant toûjours le perfonnage d'un prophete, lui dit : écoute Ifraël: voici ce que l'éternel ton Dieu t'ordonne Vous dépoferez de leurs charges les juges, l'évêque & fes miniftres, & en mettrez d'autres en leur place; vous choisirez douze perfonnes ignorantes pour annoncer " ma parole au peuple. Et toi, dit-il à Jean ,, Becold, en lui prefentant une épée nuë: re», çois cette épée que le pere te donne, ilt'établit roi pour gouverner non-feulement à Sion, mais encore fur toute la terre ; & pour étendre ta domination, jufqu'à ce que tout foit entierement foumis à ton pouvoir.,, Après cela Becold fur proclamé roi avec des acclamations de joie de tout le peuple, & le vingt-quatrié me de Juin 1534. il fut couronné dans le cimetiere de faint Lambert, & prit les marques de la roïauté.

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A peine fut-il reconnu roi qu'il changea la

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face des affaires, & gouverna avec une pom- AN.IS 34. pe, une magnificence, une autorité plus grande XXXII. que celle de tous les rois; il fit battre mon- Son autorinoïe, fur laquelle il y avoit d'un côté deux té roïale épées en fautoir, avec cette infcription, dans dans Munle roiaume de Dieu, comme il n'y a par-tout qu'un Dieu, qu'une foi, qu'un baptême, & autour le nom de la ville de Manfter en l'année 1534. De l'autre côté l'on lifoit en latin ces paroles de S. Jean, fi quelqu'un ne renaît de l'eau & de L'esprit, il ne peut entrer dans le roiaume de Dieu, le verbe s'est fait chair, & il a babiré en nous. Un de fes plus grands foins fut d'envoïer fes émiffaires en differentes provinces, autant pour en tirer du fecours, que pour y débiter son nouvel évangile. Vingt-fix furent de ce nom- Sleidan, in bre; il en envoïa fept à Ofnabrug, fix à Cæs. comm.l. 10. feld, cinq à Warmdorp, & huit à Socht. Ils par-315. tirent le quinziéme d'Octobre 1534. après que le roi eut fait donner à chacun une pièce d'or. A peine étoient-ils entrez dans les lieux de 3 leur département, qu'ils y couroient comme des infenfez, & crioient d'une voix terrible: convertiffez-vous. On les arrêta, & tous furent condamnez à mort, excepté un certain Henri Hilverfum de Goylande, qui fut remis avec quelques autres entre les mains de l'êvêque, & avec lequel ce prélat concerta une entreprise secrete, moïennant fa grace.

Cochlaus nt

Suprap.271.

Cer Hilverfum revint donc à Munfter, le XXXIII. roi lui demanda pourquoi il avoit abandonné Il envoïe fes confreres, & comment il ofoit retourner lui quelquesuns de fes feul, fans avoir rien fouffert de la part des difciples en ennemis, puifqu'il n'ignoroit pas que par ce Hollande. crime il meritoit la mort. Hilverfum fit femblant d'être infpiré & lui dit ; c'est par l'ordre de Dieu que je reviens, j'étois en prifon, & j'en fuis forti d'une maniere miraculeufe. L'ange qui Τ

Tom. XXVII.

m'en

AN.IS 34.

m'en a tiré, m'a donné ordre de vous dire que Dieu vous a livré trois puiffantes villes Amfterdam, Deventer, & Wefel, vous n'avez qu'à y envoïer des prophetes, qui par la prédication de l'évangile en doivent convertir les habitans, & les réduire fous vôtre puiflance. Le roi combla d'honneur & de bienfaits, ce prétendu prophete, & pour profiter de l'avis qu'il Voyez plus avoit imaginé, il choifit Jacob de Kampen bas les arti- qu'il créa évêque d'Amfterdam, & lui donna cles 98.

99.

XXXIV.

pour ajoint un autre Jean Matthieu de Middelbourg en Zelande. Vers le même-tems, c'eftà-dire dans le mois de Decembre, Jean de Leyde, fur les nouvelles qu'on lui manda que fes freres Anabaptiftes s'attroupoient en Hollande, en Frife, & dans les provinces voifines pour venir à fon fecours, leur envoïa Jean de Galen fe mettre à leur tête.

pour

Pendant le fiége de Munfter, les Anabaptiftes Les Ana- publierent un livre intitulé du rétablissement baptiftes comme fi ç'cut été par leurs violences, que la publient le livre du ré-religion chrétienne, qu'ils prétendoient avoir été tablissement. durant plufieurs fiecles dans une corruption geSleidanin nerale, devoit être rétablie dans fa premiere pucomm. lib. reté. Ils fuppofoient pour principe dans cet ou 10. p.914. vrage, que le regne de JESUS-CHRIST alloit commencer; que Jean de Leyde étoit un autre Jean-Baptifte, venu pour frayer le chemin, mais d'une maniere auffi differente, que le fer cond avenement du Sauveur étoit different du premier c'eft-à-dire, que faint Jean-Baptifte étoit venu pour annoncer la penitence aux pecheurs, & Jean de Leyde au contraire pour les exterminer par toute la terre, afin qu'elle ne fut plus habitée, que par JESUS-CHRIST, & par les prédeftinez; que le peuple avoit égale ment le pouvoir de dépofer les magiftrats & de les créer, & qu'encore que les apôtres n'euffent

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AN.IS 34

eu aucune jurifdiction en ce qui regardoit le temporel, les miniftres de l'église Anabaptifte ne laiffoient pas de jouir du droit d'avoir des ar mes, & de s'en fervir, jufqu'à ce qu'ils euffent achevé de réduire tous les états de l'ancien & du nouveau monde dans une feule république, toute compofée de veritables Chrétiens, c'est-àdire > de gens qui vêcuffent dans une éntiere communauté • & qui ne poffedaffent rien en propre; que le pape & Luther étoient tous deux de faux prophetes; mais que le fecond étoit pire que le premier; qu'il n'y avoit de vrais mariages que ceux des Anabaptiftes, & que tous les autres n'étoient que des concubinages: ils enfeignoient encore dans ce livre, qu'avant le jugement dernier, JESUS-CHRIST viendroit regner fur la terre pendant mille années, après la deftruction de tous les impies, & que les fi- riens rédéles regneroient auffi tout ce tems-là avec lui. pondent à Les Lutheriens étoient les plus maltraitez dans ce livre. cet ouvrage, entr'autres Melanchton, Jufte 10. p. 3530

Menius, & Urbain le Roi.

XXXV. Les Luthe

Sleidan. 1.

Quelques femaines après, le nouveau prophete orfevre, fonna la trompette dans toutes les ruës, pour inviter le peuple à prendre les armes, & à fe trouver au parvis de la grande églife, afin de faire une fortie fur les affiegeans, & les repouffer de la ville. Tous s'y rendirent au nombre de quatre à cinq mille hommes, & trouverent un repas préparé. Ils curent ordre de fe mettre xxxvI. à table, & après eux mangerent encore ceux qui Le roi de étoient en faction, au nombre de mille, le roi Munfter & la reine fervoient avec leurs courtisans, & le repas fini, le roi prit du pain, qu'il diftribua à Anabaptitous les affiftans, en difant: prenez, mangez, ftes. annoncez la mort du feigneur. La reine enfuite 2.p.215. prit la couppe pleine de vin, qu'elle diftribua de Cochlam même, en difant: bûvez, annoncez la mort du hoc anno.p. fei-277.

T 2

fait faire la

cene à fes

Sleidan.lib.

feigneur: de Leyde enfuite & ceux qui l'avoient AN.15 34 aidé à fervir, fe mirent à table à leur tour, mais le premier quitta le repas pour aller trancher luimême la tête à un officier des affiegeans, qui avoit été fait prifonnier; il revint enfuite fe remettre à table, & racontra ce qu'il venoit de faire, en s'applaudiffant d'un ton auffi grave, Sleidan. p. que s'il eut raconté quelque action heroïque.

316. Cochlaup.

212.

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Dans le même-tems les états des provinces du Rhin, étant assemblez à Coblentz vers le mois de Decembre de cette année, ordonnerent qu'on accorderoit des Lecours à Pévêque de Munster, pour rentrer dans la ville, & en chaffer les Anabaptiftes; ils écrivirent de même aux affiegez que s'ils ne fe mettoient à la raifon, & s'ils ne fe foûmettoient aux magiftrats en leur obeïffant, & en chaffant leur roi chimerique, tout XXXVII. l'empire entier contribueroit de les forces pour Les Ana- les réduire; mais les rebelles firent peu de cas baptiftes é- de ces remontrances, & de ces menaces ; ils crivent au écrivirent même en particulier au lantgrave de de Heffe. Heffe au mois de Janvier de l'année fuivante Sleidan. p. 1535. en faveur de leur conduite & de leur 317.318.doctrine, prétendant que l'une & l'autre étoit

lantgrave

jufte & évangelique. Dans cettelettre ils font une ample expofition de leurs fentimens, & s'expliquent fur les trois mondes qu'ils reconnoifloient; ils difoient que le premier étoit peri par les eaux du déluge, que le fecond avoit duré depuis Noë jufqu'à eux, mais qu'il periroit par le feu, & que le troifiéme feroit celui de mille ans, où regneroit la feule juftice, parce qu'il ne feroit compofé que de JESUS CHRIST & des prédeftinez. Ils ajoûtoient que le fecond ne finiroit que par l'entiere destruction de l'antechrift & de fa puiffance, & qu'alors le trône de David renverfé depuis la captivité de Babylone, feroit rétabli, & les prédictions des prophetes entière

ment

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