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AN 1535.

mourut le vingt-deuxième de Janvier 1536. Les difpofitions chrétiennes dans lesquelles il avoit paru finir fes jours, ne purent toucher les compagnons de fon fupplice, ces miferables s'endurcirent en le voïant fe repentir, & moururent fans avouer qu'ils fuffent coupables, & fans retracter aucune de leurs erreurs. Leurs corps furent mis dans des cages de fer, & fufpendus à la tour de faint Lambert dans la ville; celui de Leyde au milieu, élevé au-deffus des autres de cinq à fix pieds.

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&

L.

léen Ana

dam.

1700.

Supra n. 33:

Jean de Geléen autre celebre Anabaptifte perit auffi dans l'entreprise qu'il avoit formée Entreprise fur Amfterdam, dont il vouloit fe rendre maîde Jean Getre. C'étoit un homme qui avoit appris le mê- baptifte, tier de la guerre, & qui étoit devenu capitai- fur la ville ne; il fe retira à Munfter auprès de Jean Be d'Amftercold ou de Leyde, qui fur la prétendue pro-Hift. des phetie d'Hilverfum dont on a parlé, envoïa ce Anabapt. Jean de Geléen en Hollande, avec une fomme imprimée à confiderable d'argent, l'établit general des trou- Amfterd. pes Anabaptiftes de Hollande & de Frife, lui commit le foin de foumettre au roi de Sion les trois villes Amfterdam, Deventer, & Wefel. Revêtu de cet ordre, il partit de Munfter le vingt-uniéme Decembre 1534. & fe rendit en Hollande; il y forma un puiffant parti, qui entreprit de le rendre maître d'Amfterdam, & de quelques autres villes confiderables; mais le coup aiant manqué, Jean de Geléen ne penfa plus aux interêts de Becold, mais aux fiens; & fe voïant poursuivi en Hollande pour les entreprifes, il fe retira fecretement dans Amfterdam déguifé en marchand, & demeura dans la maifon de Guillaume Cornelis, en changeant de nom, parce que le fien étoit connu dans toute la Hollande par la confeffion des Anabaptiftes prifonniers; mais

craignant d'être reconnu, malgré toutes ces

AN.1535 précautions, un nommé Henri Goetlebeir, lui confcilla d'aller à Bruxelles pour tâcher d'y obtenir fon amniftic de la gouvernante des Païs-bas, four de l'empereur Charles V. Geléen fuivit cet avis, & aiant obtenu le pardon qu'il demandoit, à condition qu'il feroit contraire aux Anabaptiftes, dont il avoit toû jours pris le parti, il revint à Amfterdam, s'y fit voir publiquement fous fon veritable nom, s'y vantoit même d'avoir été rebaptifé, fit mettre fur la porte de fa maison les armes d'Efpagne; & comme on fçut qu'il étoit chargé de negociations, & qu'il renouvelloit tous les jours fes belles promeffes de livrer Mun fter à l'empereur, ce qui avoit été une des conditions de fon pardon, il recevoit des vifites des perfonnes les plus diftinguées. Par là il fit de grandes habitudes, & forma adroite. ment un parti affez puiffant pour entrepren dre l'execution du projet qu'il avoit formé de furprendre Amfterdam, & de s'y faire une republique d'Anabaptiftes fur le pied de celle de Munfter. Ce fut le dixiéme de Mai 1535. qu'il commença fon entreprise. Il affembla les fiens, & leur diftribua à chacun une piece d'or, comme les arres de l'engagement qu'ils contratoient, & l'on convint que le fon de la cloche de l'hôtel de ville ferviroit de fignal. Le jour marqué étant venu, le deffein fut décou vert; le magiftrat & les principaux bourgeois fe défendirent avec beaucoup de valeur, après un grand nombre de meurtres de part & d'autre, les Anabaptiftes qui ne purent fe fau ver, le jetterent dans la maison de ville, où ils furent forcez. Jean de Géleen fe retira dans une de fes tours; & en tira l'échelle après lui, mais s'étant expofe du côté qui regardoit la place

&

place du marché toute remplie de gens armez, il reçut un coup de moufquet qui le précipita AN.1535.

de la tour en bas.

LI.

Jacob de

d'Amfter

Les magiftrats s'appliquerent enfuite à faire la recherche d'un prétendu évêque d'Amfterdam Supplice de nommé Jacob de Campen, qui avoit été créé Campen Par de Leyde, & fe tenoit caché depuis plus prétendu de fix mois dans la ville. On promit une fom- évêque me confiderable d'argent à celui qui pourroit dam. s'en faifir, ou qui découvriroit le lieu de fa Dans l'hift. retraite; on défendit fous peine de la corde de des Anabaple loger, on fit mourir tous ceux qui furenttiftes n. 5. convaincus de lui avoir donné retraite, & on commanda de le dénoncer avant le coucher du foleil. Enfin après beaucoup de perquifitions, afant été trouvé caché dans un amas de tourbes, qui font des mottes de terre dont on fe chauffe en Hollande, on le conduifit en prifon, & on lui fit fon procès. On l'expofa avec une mitre de papier en tête fur l'échaffaut pour fervir de jouer & de raillerie au peuple, ce qui dura plus d'une heure, enfuite on lui coupa la langue, pour le punir des erreurs qu'il avoit enfeignées, & la main qui avoit rebaptifé; enfin on l'attacha fur un banc, & on lui fepara la tête du corps avec une hache. Son corps fut jetté au feu, & la tête fut mife avec la main droite au bout d'une pointe de fer pour être expofée. Ainfi perirent les Anabapti ftes de Munfter & des Païs-bas: mais la complaifance qu'on eut en Angleterre, pour en retirer quelques-uns échappez à la jufte punition qu'on faifoit d'eux, fut très-funefte à ce roïaume, qui n'étoit déja que trop divifé depuis longla mauvaise conduite de Henri VIII.

tems par

Ce prince après avoir établi fa fupremacie fur l'églife d'Angleterre, avec les violences qu'on a rapportées, ne penfa plus qu'à la fai

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LII.

AN.1535 contraires. Le nombre en fut grand, parce re valoir, & à punir tous ceux qui lui feroient Severité du qu'il trouva beaucoup de contradictions, & roi d'An- que cette uniformité, qui avoit paru dans les gleterre à réfolutions du parlement & du clergé, étoit l'égard de fes fujets. dans plufieurs un effet de la crainte plûtôt que Burnet hift. de la perfuafion.

de la refor mat.l.3.au.

comm.

Thomas
Morus.

comment.

;

Plufieurs religieux qui condamnoient les nouveaux reglemens, furent les premieres victimes de la fureur de ce prince. Ils furent arrêtez, jugez & executez felon toute la rigueur des loix; mais Henri craignant qu'on n'attribuât cette feverité au penchant qu'on lui imputoit pour la nouvelle réforme, affecta d'ufer de la même rigueur envers ceux qui en étoient conLIII. vaincus, & les fit mourir avec les autres. Ce Il fait faire fut alors que l'univers déplora le fupplice des le procès à deux plus grands hommes en fçavoir & en Jean Fifcher & à pieté, Thomas Morus qui avoit été grand chancelier, & Fifcher évêque de Rochefter; ils étoient déja prifonniers à la tour, & leur Sleidan. in fermeté leur avoit attiré la confiscation de leurs biens, avec la perte de leur liberté mais ce n'étoit pas affez pour contenter la haine que le roi portoit à leur amour pour la juftice, & il réfolut de les faire mourir, pour intimider tous ceux qui auroient été en état de lui refifter. Jean Fifcher s'étoit confervé dans les bonnes graces de Henri jufqu'à l'affaire du divorce; mais cette affaire aïant brouillé ce prince avec tous ceux qui ne crurent pas devoir entrer dans les vûes, Fischer fut exposé à bien des mauvais traitemens, qui ne finirent qu'avec fa vie. Pendant qu'il étoit en prifon, Paul III. Le pape Paul III.le le créa cardinal du titre de faint Vital, dans fait cardi- une promotion qu'il fit le vingtiéme de Mai. Ciaconius Le pape efperoit infpirer par là à Henri VIII. plus de veneration pour ce prélat, & empê

lib. 9. P.

289.

nal.

LIV.

tom. 3. p.

574.

cher

cher qu'on n'attentât à fa vie: mais le contraire arriva, & il paroît que cette démarche AN.1535. du pape hâta même la mort de Fifcher; puifque le roi l'aïant appris, parut plus irrité contre lui, prenant cette élevation pour un affront qu'on lui faifoit. Il commanda aux juges d'interroger le prélat, s'il avoit recherché cet honneur par fes lettres, ou par fes amis, ou même s'il en avoit eu connoiffance. Fischer répondit, que, graces à Dieu, il n'avoit jamais eu d'ambition tant qu'il avoit vêcu, & que quand même on l'en auroit foupçonné autrefois, l'état dans lequel il fe trouvoit, fon grand âge, la mort dont il étoit menacé à tous momens, fa prifon & fes chaînes, le juftifioient affez là-deffus. Le roi à qui l'on fit ce rapport loin de s'appaifer, dit, en fe mocquant du pape, qu'il envoie fon chapeau de cardinal quand il voudra, je ferai enforte que quand il arrivera, la tête pour laquelle il est destiné, ne fubfifte plus. En effet Henri fit faire inceffamment le procès à Fifcher, qui fut condamné le dix-feptiéme de Juin, au fupplice qu'on fait fouf frir aux coupables de léze-majefté, & le vingtuniéme du même mois 1535. il eut la tête tranchée.

Il avoit gouverné pendant trente années l'é- LV. glife de Rochester, & y avoit établi de très- Ses ouvra faints reglemens. Au jugement des fçavans ilges. Dupin bia paffé pour le plus docte écrivain, qui alt bliot. des ant. confondu les erreurs de Luther, d'Oecolam- ecclef. tom. pade, & des autres novateurs, & l'on a tous 14.in 4.p. fes ouvrages recueillis en un feul volume in 145.&fuiv. folio, & imprimez à Wirtzbourg en 1597. à fcript.eccl. la tête defquels on a mis le traité de Henri VIII. contre Luther dedié au pape Leon X. fous le titre de défenfe des fept facremens de l'églife contre Luther. On tient que ce fut par

fon

con

Bellarm, de

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