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fant lui-même. Mais quoique la nouvelle réforme eût déja fait quelques progrès en Ecoffe, AN. 1535. le roi Jacques ne fe fentit aucune difpofition à fe feparer de l'obéiffance du pape; il ne refusa pas d'abord ouvertement la conference qu'Henri lui demandoit; mais il lui oppofa des difficultez qu'il n'étoit pas facile de lever : & pendant ce tems là le pape informé des vûes du roi d'Angleterre, adreffa un bref au roi d'Ecoffe, par lequel il lui défendoit d'avoir aucune entrevûe avec Henri. Ce bref arrivé, Jacques en avertit le roi fon oncle, qui tout prêt à faire le voïage, fe fentit fort irrité de ce refus; ce qui joint à d'autres fujets de mécontement au fujet des bornes des deux états, fut caufe dans la fuite d'une guerre entre ces deux princes.

affifte à une

El paroît que Henri avoit fait fouvent la LXX. même propofition à François I. de fe fouftrai. François I. re de l'obéiffance du pape; mais ce prince bien proceffion loin d'y donner les mains, travailloit au con- pour répatraire à maintenir la faine doctrine dans fes rer l'outraétats, & à punir ceux qui penfoient à y intro faint Sacrege fait au duire les nouvelles erreurs; auffi fit-il faire au ment. commencement de cette année 1535. le vingt. Florim.de neuviéme de Janvier une proceffion generale de Pherefo Rem. naiff où il affifta à pied & tête nue, tenant une 7, torche à la main, suivi de fes enfans, des princes du fang & de toutes les cours fuperieu

res,

en reparation des injures faites au faint facrement, par les placcards affichez fur la fin de l'année derniere, contre l'euchariftie & le facrifice de la meffe. Cette proceffion alla depuis la paroiffe du Louvre jufqu'à l'églife de de Notre-Dame, & auffi-tôt qu'elle fur finie, le roi alla à l'évêché, & étant monté dans la grande falle, il s'affit fur un trône élevé pour cet effet, & fit à tous les affiftans un difcours très-patetique, pour les exhorter à maintenir

de toutes leurs forces contre l'herefic, l'ancienne AN.1535 & veritable religion, à déceler & livrer à la justice les ennemis de Dieu & de fon églife, proteftant devant Dieu, que s'il fçavoit, pour ainfi dire, que fon bras fut infecté de cette pefte, il le feroit couper, & que fi l'un de fes enfans étoit fi malheureux que de favorifer la nouvelle réforme & d'en vouloir faire profeffion, luimême le facrifieroit à la juftice de Dieu & à la fienne.

LXXI.

executez à

Paris.

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L'on fit enfuite des perquifitions pour trouLutheriens ver ceux qui avoient affiché les placcards dont vient de parler, & l'on arrêta fix Lutheriens Sleidan.ibid. qui furent condamnez par arrêt du parlement à 1.282. être brûlez, & la fentence fut executée. On fit dans la fuite des recherches très-exactes contre les autres, & tous ceux qu'on pût découvrir & arrêter furent brûlez en differentes villes da roïaume. Cependant malgré ces précautions l'on imprima alors un petit livre en François, fans nom d'auteur, dans lequel le clergé étoit fort maltraité, & toutes les pratiques de la religion chrétienne, la messe, P'invocation des faints, & autres tournéés en raillerie; ce qui ne fervit qu'à irriter les catholiques, & à augmenter les rigueurs dont on puniffoit les partisans de la nouvelle fecte.

LXXII. Les princes Proteftans d'Allemagne aïant été Plaintes informez de ces executions, en écrivirent à des princes Proteftans François I. & le prierent de n'en pas ufer avec au roi de tant de rigueur envers ceux qui n'avoient point France. d'autre crime que d'être de leur religion. Ils Sleidan. fe plaignoient auffi à ce prince d'avoir reçû en Supral. 9. P. France Pambaffadeur de Soliman, qu'il fçavoit

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Littera être Pennemi le plus cruel de l'empire. Le roi Francifci I. qui avoit befoin du fecours de ces princes, & pud Freher, qui vouloit les menager, envoïa Guillaume de German. Langey à l'affemblée de Smalkalde

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pour

fe ju

ftifier

ftifier fur ces deux fujets de plaintes, fur le fecond il dit qu'il n'étoit pas nouveau d'en- AN.1535. voïer des ambaffadeurs au Turc, ou d'en recevoir de lui à l'infçû de ceux qui y ont interêt; que les affaires des autres ne font pas les fiennes, mais qu'il eft affuré que fi chacun vouloit demeurer dans les juftes bornes qui lui font prefcrites, le Turc fe retireroit, & emploferoit fes troupes contre d'autres nations; il ne dépend donc que de nous, dit-il, d'éloigner un fi puiffant ennemi fans prendre les armes,. & mon meilleur avis eft de conclure une paix ou une tréve avec lui, eu égard au trifte état où fe trouve Pempire divifé par ces differens fentimens qu'on a introduits dans la religion. Il leur parle enfuite de ce qu'il faut efperer des intentions du nouveau pape, dont il fait un éloge magnifique ; & il ajoûte qu'il ne doute pas que fa fainteté ne convienne d'affembler un concile en Allemagne, comme en un endroit plus propre & aux uns & aux autres ; à lui à caufe du foupçon qu'il a donné de vouloir la guerre aux princes à caufe de la difference de leur religion.

Il répond enfuite au premier chef, & dit, que contre fon naturel & ses intentions, il s'eft vû contraint d'ufer de rigueur à l'égard de quel. ques efprits feditieux & entreprenans, qui fous prétexte de religion ne travailloient qu'à la ruine de fes états; qu'à l'exemple de fes ancêtres, il a crû en devoir faire une punition exemplai re, de peur que cette contagion ne fe répandît plus loin, & ne gâtât les autres. Que fi parmi ceux qui ont été punis, il s'y fut trouvé quel que Allemand il auroit infailliblement fubi le même fort, comme il ne feroit pas fâché luimême que fi quelques-uns de fes fujets fa foient les mêmes entreprifes dans leur païs, on les

punît feverement; mais qu'il eft bien aise qu'auAN.1535 cun fujet de l'empire ne fe foit trouvé impliqué dans cette pernicieufe conjuration; que fon roïau me leur fera toûjours ouvert auffi-bien qu'aux François, & qu'ils y vivront tranquillement fans être inquietez. Que le but de ces efprits turbulens étant de mettre la division entre la France & 'Allemagne, il faut les réprimer pour LXXIII. les empêcher d'arriver à leur but. Dans le mêFrançois I. me-tems le roi leur fit quelques propofitions d'acmande commodement fur la religion, & leur marqua quelqu'un qu'il feroit ravi d'avoir dans fon roïaume quel

feur de

de leurs

theolo giens.

LXXIV.

termina le

nir à Paris.

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ques-uns de leur theologiens: & ce fut alors qu'il s'en fallut peu que Philippe Melanchton ne vînt à Paris; mais la chofe eft fi differemment rapportée par les hiftoriens, qu'on ne fçait ce qui détermina François I. à demander ce theologien Proteftant.

La plupart ont prétendu que Marguerite reine Ce quidé de Navarre foeur de ce prince, qui avoit beauroi à écrire coup d'efprit, & qui fe piquoit de doctrine, à Melanch-avoit engagé le roi, à la follicitation de quelon de ve- ques Proteftans qu'elle avoit à fa cour, à faire venir auprès de lui Melanchton, qui étoit regardé dans fa fecte comme un homme d'efprit, qui avoit beaucoup de politeffe & de capacité, qui d'ailleurs étoit moderé, qui condamnoit hautement les emportemens de Luther, & du commun des autres fectaires, capable de trouver des temperamens pour ramener les efprits, & qui dans les conferences qu'il auroit avec les docteurs de Paris, termineroit avec eux à l'amiable la plupart des queftions. François I. qui defiroit la paix, croïant, fur les paroles de fa ceur, que Melanchton procureroit ce bien à l'églife, lui écrivit pour l'inviter de veais à Paris. Mais le cardinal de Tournon en aïant eu avis, & prévoïant les dangereufes

con

confequences de la démarche qu'on faifoit faire AN.15 35. à ce prince, alla le trouver, tenant à la main Form.de un ouvrage de faint Irenée, dont il lui lut Rem. naiss. l'endroit du troifiéme livre ch. 5. où ce pere del'heref... dit qu'il a appris de fon maître faint Polycar-7.c.4. pe, difciple de faint Jean l'Evangelifte; que cet apôtre étant prêt d'entrer dans les bains publics, & apprenant que l'heretique Cerinthe y étoit, fe retira auffi-tôt, difant à ceux qui l'accompagnoient :,, furons d'ici, mes chers ,, enfans, & fuïons promptement, de peur que ,, nous ne foïons abîmez avec cet ennemi de ,,JESUS-CHRIST. Et là-deffus le cardinal emploïa fon éloquence pour diffuader le roi de faire venir Melanchton, & lui reprefenta fi vivement le danger auquel il alloit expofer la religion, qu'il le fit changer d'avis, & contre, mander celui qu'il vouloit attirer dans fon roïau me. Mais tous les hiftoriens ne conviennent point de la verité de ce récit.

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Camerarim

Selon les Proteftans, Melanchton dont on LXXV. connoiffoit les rares talens fut choifi Autre rétâpour cit de ce cher d'arrêter les executions fanglantes que fait par les François I. faifoit faire contre ceux qui étoient auteurs accusez d'herefie; mais avant que de fe déter. Proteftans. miner à venir en France, il écrivit à Jean Stur- in vita mius fon ami qui étoit en ce roïaume, pour Philip. Mefçavoir de lui s'il pouvoit faire ce voïage en tambton. p. sûreté, & quel avantage il en pourra retirer 144.& feq. par rapport à la caufe de l'églife; s'il y en a du Calvin. quelqu'un de réel, dit-il, je partirai auffi promp-contre tement que fi j'avois des aîles, fans que la Maimbourg crainte des chaînes puiffe me retenir.

Hift. verit.

pag. 251. Melanchton écrivit fur le même fujet à Jean LXXVI. 257.fuiv. du Bellay évêque de Paris. Il lui mande que, Lettre de quoiqu'il fut très-perfuadé combien il avoit à Melanchcoeur le repos de l'églife, il ne pouvoit fe dif. ton à Jean penfer de gemir avec lui fur les malheurs de Camerarins la ibid. p. 146.

Sturmius.

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