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Pannée, & lui répondroient tous ensemble. Aiant appris fur ces entrefaites que Joachim électeur de Brandebourg qui venoit de mourir, laiffoit deux fils, à qui leur mere, fœur de Christiern roi de Dannemarck avoit inspiré le venin de l'herefie, il réfolut de se transporter à Berlin, où ces deux princes réfidoient : mais comme il craignoit d'être infulté par les heretiques, en traverfant la Saxe, celui qui gouvernoit en l'absence du duc de Wittemberg quoique Proteftant, s'offrit de lui donner des gardes pour le conduire, & de le faire dé frayer dans tout fon voiage; Verger accepta fes offres, & fe difpofoir à partir, lorsqu'il fut vifité par Luther, & par Jean Pomeranus que le gouverneur lui amena.

AN.1535.

ther.

lancht.

Ce dernier étoit celebre parmi les hereti- III. ques, & le nommoit Jean Bugenhagen, né à Quel étoit Wollin dans la Pomeranie le vingt-quatrième gen qui viBugenhaJuin 1485. il enfeigna dans fon païs, il s'y fita le nonfit prêtre, & y fut confideré comme un des ce avec Luplus fçavans hommes de fon tems. Après avoir Chytr.in lù le traité de la captivité de Babylone que Lu-Saxon. ther venoit de donner au public, il fit paroî- Cameraris tre beaucoup d'éloignement pour les fentimens in vit. Me& la doctrine de ce nouveau réformateur, & De Thon. porta un jugement fi défavantageux de fes hift.1.21. ouvrages, qu'il difoit qu'il n'avoit rien lû de Melchior. plus mauvais depuis JESUS-CHRIST. Mais Adam in aïant changé depuis d'opinion & de langage, log. Germ. il prétendit que tout le monde étoit dans d'épaiffes tenebres, & que Luther feul étoit clairvoïant: il recommanda la lecture de fes livres, il en embraffa les fentimens, & en fuivit la doctrine qu'il fit recevoir à Hambourg, à Lubeck en Dannemarck, dans le duché de Brunfwik & ailleurs. Bugenhagen commença fa réforme par fe marier; enfuite il fut mi

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vita Theo

niftre de Wittemberg, où fous l'autorité de AN.1535 Luther, il initioit aux myfteres ceux qui af piroient à la fonction de miniftre, & les or donnoit prêtres, lorfqu'ils étoient refusez par leurs propres évêques.

du nonce a

n. 9.

12. Nov.

IV. Verger étant dans le palais du prince ne put Entretien refufer d'entrer en converfation avec ces deux vec Luther. heretiques, & il lui fallut effuyer beaucoup Pallav.hift.de faux raisonnemens mêlez de quantité d'ab conc. Trid. furditez, que des efprits un peu raifonnables lib.3.c. 18. euffent eu honte d'avancer. Enfin le discours Inter epift. étant tombé fur le concile, Luther s'emporta Vergeriep. encore plus vivement, en difant qu'il n'y avoit aucun fond à faire fur une telle affem. blée, de quelques fçavans qu'elle fut compo fée, parce que c'étoit à ces grands efprits, qui fe croïoient les fages du monde › que fatan perfuadoit les erreurs les plus abfurdes, par une jufte punition de Dieu, qui prend plaifir à confondre leur orgueil; qu'il ne pouvoit rien attendre ni recevoir de Rome qui fut compa tible avec le miniftere de l'évangile, parce que cette cour vouloit gouverner l'églife par une politique humaine, comme fi c'étoit un état temporel. Qu'il n'étoit pas en fon pouvoir de faire réüffir ce concile à l'avantage de la reli gion, parce qu'on y mêleroit des interêts & des artifices humains, au lieu d'y laisser présider le Saint-Efprit, & y traiter les matieres par la fainte écriture; qu'enfin il affifteroit à ce concile, mais qu'il vouloit perdre la tête s'il ne défendoit pas fes opinions contre tout l'u nivers; que ce n'étoit pas fa colere, propre mais celle de Dieu qui le faifoit parler ainfi Verger qui a fait lui-même le récit de cette conference, ajoûre, que Luther lui parloit fi mal en latin qu'il ne pouvoit croire que cet he refiarque fût auteur des ouvrages que l'on

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AN.1535

V.

tions du

avoit publicz fous fon nom, & aufquels on ne pouvoit refufer de l'éloquence & de la pureté de ftile. Quoi qu'il en foit, ce nonce ne fut pas plus heureux dans fa négociation auprès des princes Proteftans; il s'efforça deflors néanmoins de leur faire agréer Mantouie, fondé fur Propofi ces raisons que c'étoit une ville qui relevoit nonce aux de l'empire étant fituée fur les frontieres des princes états de fa majefté imperiale & des Venitiens, pour la ainfi tenuë du que Charles V. en étoit demeuré d'accord concile. avec Clement VII. il y avoit deux ans ; que Sleidan. in cette ville appartenant à un feudataire de l'em- comm. lib.g. pire, ils ne devoient pas craindre de n'y être ?.290. point en sûreté, outre que le fouverain pontife & l'empereur leur en donneroient caution. Il ajouta au fujet de la tenuë même du concile; qu'il n'avoit pas befoin de les entretenir de fa forme, ni de la maniere d'y proceder, parce que tout cela fe regleroit beaucoup mieux lorfqu'il feroit affemblé. Que les princes Proteftans avoient paru même defirer ce concile, pourvû qu'il fût légitime, & que fa fainteté avoit approuvé ce qu'ils avoient fait imprimer là-deffus, qu'il ne tenoit donc qu'à eux d'en voir l'execution puisqu'on le leur offroit tel qu'ils l'avoient demandé; qu'au refte it ne failloit point efperer de le tenir en Allemagne où il y avoit tant d'Anabaptiftes, de Sacramentaires & d'autres Sectaires, la plûpart infenfez ou furieux ; enforte que les autres nations n'oferoient y paroître, n'y venant que dans le deffein de condamner la doctrine d'une multitude également redoutable, & par fa puif fance, & par fes cruautez. Cependant qu'il importoit très-peu au pape en quel lieu fe tiendroit le concile, mais qu'il ne vouloit pas qu'on crût qu'il eut été contraint ni fouffrir qu'après une poffeffion de plufieurs ficcles, on

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le

AN.1535 concile general.

le privât du pouvoir de prefcrire le lieu d'un

VI. Les princes Catholiques ne témoignerent auRéponse des princes cune oppofition à ce que le concile fut tenu Proteftans à Mantoüe, fi l'empereur l'agréoit, mais les affemblez à Proteftans renvoyerent la décifion de cette af Smalkalde. faire à l'affemblée de Smalkalde, & répondi-. rent par leurs lettres dattées du vingt-uniéme Decembre de cette année 1535. & fignées de Sleidan, in quinze princes & des deputez de trente villes; comm.1.9.P.qu'ils avoient appris du prince électeur de Saxe Pallav. hift. ce qui s'étoit fait à Prague, & que, quoiqu'ils conc. Trid. ne fuffent pas avouez de tous leurs affociez lib.3.c. 18. parce qu'en fi peu de tems ils n'avoient pû les #.12.13.affembler tous, ils ne laiffoient pas de répon

2.92.

>

dre aux demandes du nonce, non pas d'une maniere auffi exacte qu'il feroit neceflaire, mais avec fimplicité & fincerement, puifqu'on les preffoit de le faire. 1. Qu'ils ont fouvent declaré en plufieurs affemblées tenues depuis deux ans, quels étoient leurs fentimens fur le concile; qu'ils les ont fait fçavoir au nonce de Clement VII. & à l'ambassadeur de fa majesté imperiale, qu'ils demandent toûjours un concile legitime pour le bien de la république & pour le falut de tous, comme ils l'ont montré dans les requêtes qu'eux & les autres princes ont prefentées à l'empereur, qui de fon côté a fort approuvé leurs demandes; qu'ils ne doutent pas que les gens de bien ne fouhaitent un tel concile, comme un remede fouverain aux maux qui affligent la chrétienté, gemiffant de ce que par la cruauté de quelques-uns, la vraye & fafutaire doctrine fe trouve opprimée, les membres de l'églife divifez, & le vice manifeftement avoue; ce qui eft tout-à-fait indigne de ceux qui gouvernent l'églife, puifque fi l'on continue de même, le renversement deviendra

general,

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general; c'eft pourquoi fi jamais un concile a été neceffaire, c'eft à prefent pour retrancher AN535. les vices déja enracinez, pour réprimer l'injuste violence de ceux qui perfecutent la doctrine de l'évangile, & pour rétablir le bon ordre dans les églifes; qu'à ces conditions ils defirent le concile, & ne manqueront pas d'y affifter, comme ils l'ont promis.

En fecond lieu ils ajoûtent, qu'à l'égard du choix que le pape a fait de la ville de Mantoue; ils efperent que l'empereur leur tiendroit les promeffes qu'il leur avoit faites tant de fois, de faire tenir ce concile en Allemagne ; que le danger qu'on fait craindre d'y courir, eft chimerique, puifqu'en Allemagne tous les princes & toutes les villes obéïffent à l'empereur, & que la police y eft fi bien observée, qu'on a foin que les étrangers y foient en toute sûreté; que quant à ce que dit le nonce, que le pape pourvoira à ceux qui viendront au concile felon la coûtume & autant qu'il le pour ra; ces offres ont befoin d'explication, & on ne fçait gueres en quel fens cela fe doit prendre quand on rappelle le paffé. Que fi la religion a befoin d'un concile, il faut qu'il foit libre & legitime, & que c'eft à un tel concile qu'ils ont appellé. Que de dire qu'il ne faut traiter auparavant ni de la forme ni de la maniere dont on y doit proceder, c'eft donner clairement à entendre que tout y dépendra du pou voir du pape, & que dès-lors il n'y aura point de liberté, parce que tout s'y fera à la difcre tion du fouverain pontife, qui les aïant déja condamnez plufieurs fois, le garderoit bien d'agir autrement, s'il étoit le feul juge & le

maître du concile.

Ils difent encore qu'il y avoit deux ans que Sleid.ibid. Clement VII. leur promettoit le concile,

Tome XXVII.

X

mais

ut fuprà p.

Lous 293.&feq.

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