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averti, il ne fe corrige pas. Enfin la troifiéme AN.15 35 partic regarde la diffolution ou translation du concile, & l'auteur y examine quand & par qui il peut être transferé ou diffous, quelles peines encourent ceux qui fe retirent avant qu'il foit fini; & il décide qu'il peut être transferé pour des raifons preffantes, mais que s'il furvient des conteftations entre le pape & le concile touchant cette tranflation, il faut plûtôt suivre l'avis du concile que celui du pape.

XXII.

do & fes

ouvrages.

On eft plus certain du tems de la mort de Mort de Jean Driedo, vulgairement appellé Driodoen, Jean Drieautre auteur celebre dans le feixiéme fiecle. Il étoit né à Thurnhout en Brabant, & Bellarm. fut reçû docteur en theologie à Louvain en 1512. de fcript. où il fut profeffeur, chanoine de faint Pierre, ecclefiaft. & curé de la paroiffe de faint Jacques de la même ville. Il s'oppofa au Lutheranisme avec beaucoup de vigueur, fans toutefois ufer d'un ftile aigre & emporté, de quoi il eft fort loué par Erafme. Adrien Florent, qui fut depuis pape fous le nom d'Adrien VI. en lui donnant le bonnet de docteur à Louvain, l'exhorta à quitter les fciences profanes, & à s'attacher à la theologie. Il fuivit ce confeil, & on a de lui un traité en quatre livres de l'écriture & des dogmes ecclefiaftiques; un autre traité de la concorde du libre arbitre, & de la prédeftination divine; deux livres de la grace & du libre arbitre, un traité de la captivité & de la redemption du genre humain, un autre traité en trois livres de la liberté chrétienne. En parlant de la prédestination, il dit que Dieu nous donne par elle une grace qui ne nous eft point dûë, & nous la refufe par la reprobation qui eft fuivie de la peine que merite nôtre peché; cette doctrine ne peut être que très-utile à tous les chrétiens, tant pour humilier l'orgueil du libre

arbitre, que pour relever la grandeur & la gloire de la grace; que la prédeftination releve la AN535+ mifericorde de Dieu, & la réprobation fait connoître fa juftices que par-là "P'homme connoît fa mifere, & voit le befoin qu'il a de la grace & de la mifericorde de Dieu, parce que tout chrétien doit fçavoir qu'il eft né vafe de deshonneur, & qu'il ne peut être devenu un vase prétieux, que par la volonté de Dieu, qui l'a prédeftiné gratuitement, & que fi Dieu l'avoit laiffé dans la damnation qu'il meritoit par le peché, il n'auroit fait aucune injuftice. Les principes de cet auteur paroiffent être d'un Thomifte; il fe fert de la diftinction du fens divifé & dufens compofé; il reconnoît pourtant les deux graces felon la doctrine de S. Auguftin; celle de l'état d'innocence, & celle de l'état de la nature corrompuë: il dit que la premiere étoit un fecours, fans lequel l'homme n'auroit pas pû perfeverer; mais qui ne le faifoit pas perfeverer; & la feconde eft un fecours qui le fait perfeverer, ce qui eft la clef du fentiment de faint Auguftin, que Driedo explique dans l'ouvrage de la concorde du libre arbitre, & de la prédeftination, & dans celui de la captivité & de la redemption du genre humain. Il mourut à Louvain le quatriéme d'Août. 1535.

Decius.

Nous pouvons lui joindre Philippe Decius de XXIII. Milan, celebre jurifconfulte, né en 1454. il Mort de étoit fils naturel de Triftan de Dexio, & frere Philippe de Lancelot Decius, qui étoit très-fçavant dans Dupin lace le droit ; & fous lequel il étudia à Pife. Il eutfupra cit. pour profeffeurs Jafon, Barthelemi Socin, &pag.156. Jerôme Zanetin, fous lefquels il fe rendit trèshabile dans la jurifprudence civile & canonique. Enfuite n'étant encore âgé que de vingt-un ans, il obtint la chaire des inftituts à Pife, & fe retira à Pavie, où il profeffa. L'empreffement

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qu'il eût de foûtenir les décifions du concile de ANA535 Pife, lui fut fatal; il s'attira par là l'indignation & les foudres du Vatican, & l'armée ennemie étant entrée dans Pavie, fa maison fut pillée, & tout ce qu'il avoit fut emporté. Enforte que fe trouvant dépouillé de tous fes biens, il fe vit contraint de fe retirer en France, & de demander quelque gratification au roi ; il s'arrêta deux ans à Bourges, & obtint enfin deux cens cinquante écus d'or d'appointement, avec une charge de confeiller au parlement de Grenoble. Il eut enfuite une chaire à Valence, où fa reputation lui attira un grand nombre d'écoliers. Le pape Jules II. qui l'avoit excommunié étant mort, Leon X. l'abfout de cette cenfure, & voulut l'attirer à Rome pour enfeigner le droit canon; mais Decius n'ofa accepter ces offres, dans la crainte de déplaire à François I. qui l'empêcha même de retourner à Pife. Cependant l'amour de la patrie le fit retourner en Italie; il refta quelque-tems à Pavie; & voïant qu'on ne lui païoit point fa penfion, & que la ville de Milan étoit alliegée par les imperiaux, il retourna enfin à Pise, où il fit fa demeure ordinaire. Il mourut néanmoins à Sienne dans cette année 1535. âgé de plus de quatre-vingt-un an, & fon corps fut porté à Pife, où il s'étoit préparé un tombeau de marbre affez magnifique; mais dont l'épitaphe étoit fi peu latine, qu'elle a donné à divers auteurs, fujet d'en faire des railleries. Il ne laiffa qu'une fille naturelle mariée à un bourgeois de Sienne. Outre fes ouvrages fur le droit civil, il a laiffé un commentaire fur les décretales, & fes confeils pour l'autorité de l'églife à l'occafion du concile de Pise, fon difcours pour la défense du même concile. C'est dans ce dernier ouvrage qu'il foûtient que

Solleft. Goldafti. tom. 2. de

monarchia.

avec

P'églife

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I

le

AN.15 35

Le roi de

mande au

fa mere.

P'églife aiant befoin de reforme dans fon chef & dans fes membres, le pape Jules II, ne l'ignorant pas, & ne voulant point convoquer de concile general pour y travailler, les cardinaux étoient en droit de le faire pour le bien general de l'églife, & que ce concile ne pouvant pas être affemblé à Rome, à caufe des violences du pape fa convocation à Pife étoit legitime. François I. toûjours plein du deffein de fe XXIV. rétablir dans le Milanez, envoïa de l'argent au comte Guillaume de Furftemberg, pour France dever des troupes Allemandes, & demanda paf- duc de Safage par le Piemont au duc de Savoye fon voye la fuconcle. Mais ce prince le lui aiant refufé, ceffion de François I. qui étoit confeillé de se venger de ce refus par la voïe des armes fe contenta d'envoier fommer le duc de Savoye, de lui reftituer l'heritage de Louife, mere de fa majesté très-chrétienne. Son droit étoit fondé fur ce que Philippe comte de Bugey, fils aîné d'Amedée duc de Savoye, avoit épousé en premieres nôces Marguerite fille de Pierre II. duc de Bourbon. Par le premier contract de mariage le premier des enfans, au défaut du premier le fecond, & ainfi des autres, fans exclufion des filles, étoit declaré fucceffeur du duché. De ce premier mariage vinrent Philibert & Louife mere de François I. Marguerite de Bourbon étant morte Philippe devenu veuf, épousa Claude de Pontiévre, de laquelle il eut deux fils, Charles & Philippe. Or Philibert né du

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Mem. de

premier lit, aïant fuccedé au duché de Savoye, Guill, du
& étant mort fans enfans, Charles du fecond Bellay, liv.
lit, s'empara des états de fon pere, au pré- 5.
judice de Louife qui devoit fucceder à fon
frere germain Philibert, fuivant les conventions
du premier mariage. De là le roi concluoit en
premier lieu, que tous les biens allodiaux de
Tome XXVII.

Y

la

la maifon de Savoye lui appartenoient à caufe AN 1535. de sa mere, heritiere à cet égard du duc Philibert, & en fecond lieu qu'il devoit avoir fa part dans les hauts fiefs. Et comme l'éclairciffement d'un droit fert d'ordinaire pour en découvrir d'autres, le roi voulut auffi entrer dans les com tez de Nice & de Ville-Franche, que les rois de Sicile avoient engagez aux ducs de Savoye pour quelque fomme d'argent, & rentrer dans le Piemont, qui étoit une portion du comté de Provence, avec les villes de Turin, Pignerol, Carignan, Moncallier, & tout ce que le duc occupoit au-delà du Pô, & joindre à tout cela les fortereffes du marquifat de Saluces.

XXV.

France fait

Guichenon

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Guillaume Poyet préfident au parlement de Le roi de Paris, envoïé pour faire ces demandes au duc, la guerre n'aïant pas eu de réponse favorable, François I. au duc de déclara la guerre au duc dans le mois de Fevrier Savoye. 1535. & fit auffi-tôt après partir Philippe Chahift. de la bot, comte de Buzançois, amiral de France, maifon de avec une armée compofée de huit cens lances, Savoye mille chevaux legers, & vingt-trois mille hommes d'infanterie. Cette armée ne trouvant nulle part prefque aucune refiftance dans le che min, Chabot prit fa marche vers la Savoye, où il fe rendit maître de Chambery, & de Montmelian; tout ce qui eft en deça du MontCenis, ne fit aucune oppofition, excepté la Tarentaife, où les habitans prirent les armes pour le défendre dans leurs montagnes.

XXVI.

La ville de Geneve embraffe

Proteftan

Pendant que Chabot faifoit ces progrès dans la Savoie, la réligion Proteftante faifoit les fiens à Geneve, où elle fut établie cette anla religion née par les exhortations de deux miniftres facramentaires, Farel & Viret. Le confeil qui M. Spond. avoit tenu quelque-tems affez ferme permit hift. de Ge-d'abord que chacun embrafsât celle des deux 1. p. 361. religions qui lui plairoit. Après cette refolu& juiv.

te.

nevel. 2. t.

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tion,

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