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la bulle, fut laquelle les légats vouloient juger' cette affaire, & qui réparoît tous les défauts

AN.1528.

duit fur fon

de cette bulle. Le pape difoit dans la préface mariage,

de ce bref, que Henri & Catherine lui avoient expofé, qu'ils fouhaitoient se marier ensemble, pour conferver la paix entre les deux rois, qui, fans ce mariage, feroient toûjours divifez, & que pour cet effet, ils lui demandoient la difpenfe dont ils avoient befoin; & dans le corps du même bref, le pape ajoûtoit que, vû les raifons des expofans, il accordoit à Henri la permiffion d'époufer Catherine, quand même cette princeffe auroit confommé fon mariage avec Arthus, au lieu que dans la bulle il étoit expreffément marqué, que fuivant la fupplique de Henri & de Catherine, le mariage de cette princesse avec Arthus avoit peut-être été confommé, forfitan: il eft vrai que Catherine ne produifoit qu'une copie de ce bref, mais elle prétendoit que l'original étoit entre les mains des Efpagnols, & ceux-ci difoient eux-mêmes qu'ils le poffedoient, & qu'ils l'avoient tiré d'en tre les papiers de D. Pucbla, qui étoit leur ambaffadeur en Angleterre au tems du mariage de Catherine. Pour s'affurer du fait, on écrivit auffi-tôt à l'évêque de Worcester, & au do. cteur Lée ambassadeurs en Efpagne, de chercher ce bref en ce païs-là, mais il ne paroît pas que leurs recherches aïent produit quelque chofe d'utile, ni que ce bref ait été trouvé ; on envoïa auffi François Brian & Pierre Van. Des à Rome pour le même fujet; & ces deux agens furent fuivis par les docteurs Knyght & Bénet, qui devoient travailler conjointement

avec eux.

Ces derniers envoïez pafferent par Paris où François I. leur donna des lettres, par lef quelles il ordonnoit aux ambassadeurs qu'il

avoit à Rome de fe joindre à ceux qui folliciAN.1528 teroient pour Henri.

L.

Etant arrivé à Rome, ils rendirent ces lettres Propofi- à ceux à qui elles étoient adreffées, & chertions que le cherent enfuire avec foin dans la chancellerie roi d'An- de Rome le bref, dont Catherine avoit prégleterre fait faire à tendu produire une copie, mais leurs recher

Rome.

LI. Autres propofitions faites

voïez d'Henri VIII.

ches aiant été inutiles, ils firent au pape plufieurs propofitions, qu'ils étoient chargez fecretement de faire, & pour cet effet ils firent comme s'ils parloient d'eux-mêmes. Elles tendoient principalement à trouver des expediens pour terminer l'affaire du divorce. Ils en pro poferent plufieurs fur lefquels ils confulterent, fous des noms fuppofez, les plus celebres canoniftes de Rome, pour fçavoir s'ils étoient praticables. Pour les faire goûter au pape, ils lui promirent que le roi d'Angleterre & celui de France feroient garder par deux mille hommes, Ravenne, & Cervia dont il demandoit la reftitution aux Venitiens qui la lui refufoient.

Cette garde de deux mille hommes pouvoit bien mettre obftacle aux deffeins que les Venitiens euffent pû avoir fur ces deux places, mais par les en-ne les remettoit pas entre les mains du pape, comme celui-ci le fouhaitoit. Les envoïez fentoient bien qu'une telle propofition ne le fatisferoit pas pleinement, c'eft pourquoi aïant envie de la faire paffer, ils lui reprefenterent en même-tems, qu'il devoit fe défier de l'empereur plus que jamais, & ne point penfer à trai ter avec lui, parce que le deffein de ce prince étoit de le faire dépofer comme bâtard, d'élever en fa place le cardinal Quignonés qu'on appelloit de Angelis, & de fe faifir de tout P'état ecclefiaftique; qu'ainfi le moïen de se soutenir & de fe défendre contre ces pernicieux projets, c'étoit de demeurer toûjours uni aux

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Livre cent trente-deuxième.

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rois de France & d'Angleterre, & d'accepter An.1528. les fecours que ces princes lui offroient. Après avoir fait au pape ces propofitions, ils lui demanderent comme d'eux-mêmes, fi, fuppofé que la reine entrât en religion, il donneroit difpenfe au roi pour un nouveau mariage, & ne légitimeroit pas les enfans des deux lits, ou bien, fuppofé que la reine ne voulût pas fe faire religieufe, à moins que le roi ne fit la même chofe, fçavoir, fi après que la reine auroit fait fes vœux, fa fainteté difpenferoit Henri des fiens, & ne lui accorderoit pas la liberté de fe remarier. Et comme Clement VII. étoit d'un naturel fort timide, ils lui firent entrevoir que s'il n'étoit pas favorable à Henri, il pouvoit compter que l'Angleterre étoit perdue pour lui, & que les Anglois étoient déja tous difpofez à fe fouftraire au faint fiege.

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envoïez

Le Pape répondit en gémiffant, qu'il le trouvoit entre l'enclume & le marteau, que de Réponse quelque côté qu'il fe tournât, il ne voïoit que du pape aust des précipices, & qu'il ne mettoit fon efpe- eve rance que dans la protection de Dieu, qui n'a- d'Angle bandonneroit pas fon églife. Qu'au refte il avoit terre. fait pour le roi d'Angleterre plus que ce prince ne pouvoit raisonnablement attendre, en commettant le jugement de fa cause à deux légats, qui lui étoient dévoüez. Que non content de cela, il le preffoit de faire encore davantage, & de paffer par-deffus les regles que Péglife avoit accoûtumé d'obferver en pareille occafion, & de lui facrifier ouvertement l'empereur,Parchiduc fon frere, la reine Catherine, l'honla dignité & les interêts du faint fiege. Que c'étoit lui demander trop, & que du moins le roi devoit fouffrir que cette affaire paffât par le jugement des légats, qui avoient été commis à cet effet. Que ce n'étoit pas fa faute, f C

neur,

Tome XXVII.

elle

elle avoit été retardée, & que fi c'étoit par la AN.1528 négligence de Campege, ce légat avoit agi contre fes ordres. Cette réponse fit affez

LIII. Le pape

VII.pan

de Char

les V.

comprendre aux envoïez ce que le pape pensoit, aussi firent-ils entendre au roi qu'il ne devoit rien attendre de lui, & que toute la reffource qui lui reftoit, étoit de faire inceffamment juger l'affaire par les légats.

En effet le pape qui voïoit les affaires de France entierement ruinées en Italie, craignoit Clement plus que jamais d'offenfer Charles V. & il ne che du côté le diffimuloit pas, Campege difoit publiquement en Angleterre, que tant que les Imperiaux fe. roient les plus forts en Italie, & qu'on ne fe roit point raison au pape de Ravenne & de Cervia, on ne devoit gueres attendre de grace de fa fainteté. Et l'on n'en douta plus, lorf que l'on vit arriver à Londres Vincent Cafali, coufin germain du chevalier & du protonotaire du même nom, avec une grande lettre de ce dernier, où il rendoit un compte fort exact de tout ce qui s'étoit paffé entre Clement VII. & lui au fujet de cette bulle fecrete, dont il faifoit tant de bruit, & qu'on prétendoit avoir été brûlée fur un ordre que le protonotaire Gambara en apporta en même-tems à Campege, quoique toutes les depêches qu'on a de ce tems-là, faffent bien mention de l'arrivée de Cafali & de Gambara, & ne difent rien de cette bulle,

obtient la

LIV. Pendant que le roi d'Angleterre penfoit à Lecardinal fon divorce, le cardinal Wolfey s'occupoit Wolfey avec beaucoup de foin aux fondations d'Oxford fuppref & d'Ipfwich, & trouvant qu'elles étoient trèsfion de agréables, tant au roi qu'à tout le clergé, il plufieurs réfolut de n'en point demeurer là, mais de monafte fupprimer d'autres couvens, d'ériger de nouveaux évêchez, & de convertir des abbaïes en

res pour

fon colle

ca.

I

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cathedrales. Tout cela fut propofé dans le college des cardinaux qui en approuverent le deffein; AN.1528, comme on le voit par une lettre de Cafali du trentiéme d'Octobre. Wolfey demanda encore le pouvoir de faire la vifite de tous les convens d'Angleterre ; & le quatrième de Novembre le pape lui en expedia la bulle. Cependant il cut peine à la lui accorder; car quand Gardi. t ner lui eut dit, que la fuppreffion qu'on lui demandoit étoit nécessaire, & qu'il falloit qu'on la fit, le faint pere fut quelque tems à rêver, n'ofant peut-être irriter de nouveau les reli& gieux. Néanmoins comme il caufoit affez de chagrin au roi par fes délais, il tâcha de le confolet d'ailleurs en accordant à fon favori tout ce qu'il lui demandoit en faveur de fes fondations.

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En Ecoffe les affaires changerent entierement

LV.

gouvernement de

de face dans cette année, la reine Marguerite, Jacques V.
qui avoit fait caffer fon mariage avec le comte roi d'Ecof-
fe prend le
d'Angus, s'étoit remariée avec Henri Stuart,
& fe forma un puiffant parti. Mais ce qui l'in-
quietoit, étoit de voir toûjours le roi fon fils fous fon roïau-
la tutelle du comte d'Angus, de George Dou- me.
glas fon frere, & d'Archibald leur oncle, qui
gouvernoient abfolument. Pour s'en défaire
elle fit infinuer au roi de s'échapper & de fe
retirer à Sterling. Le prince executa ce deffein,
& fçut fi bien prendre fon tems, qu'il le fau-
va, & fit publier à Sterling une défense de re-
connoître les Douglas pour regens, & en mê-
me-tems leur défendit de s'approcher de la
cour. Le comte d'Angus fit quelques tentatives
pour remettre en fon pouvoir la perfonne du
roi; mais il ne pût réüffir. Les Douglas firent
des courses jufqu'aux portes d'Edimbourg fans
aucun fuccès; le jeune prince y assembla fon
parlement le quatriéme de Septembre, & s'y
C 2

ren

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