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qui agiffent contre leur confcience, & contre AN.15 35. la loi de Dieu. Nous confeflons encore que le libre arbitre fait quelque chofe en évitant ces fortes de pechez, que bien que nous ne l'aïons pas de la nature pour faire le bien, toutefois il eft rendu libre par JESUS-CHRIST & qu'il faut qu'il foit excité au bien. Nous reconnoiffons de même qu'il eft aidé par le Saint-Esprit pour éviter les pechez, & s'exercer dans de bonnes œuvres ; fi l'on entend de même ces articles, les difputes finiront bien-tôt.

Dixiéme

monafteres, des

X. Dans l'article qui regarde les monafteres, article. Desies vœux & le celibat, Melanchton dit, que le tout dépend du pape, vû que les de bien gens vœux & du ne demandent pas qu'on détruise les couvens, celibat. mais qu'on y établiffe des écoles, comme il y en avoit autrefois, & que tous ces grands revenus que nos peres ont donné fi liberalement à l'églife pour la gloire de Dieu & l'utilité publique, foient emploïez à de meilleurs ufages, qu'on s'en ferve pour nourrir ceux, qui s'appliquent à l'inftruction de la jeuneffe, plûtôt que de les emploïer à entretenir des hommes faineans dans leur pareffe. Il ajoûte que dans les lieux ou quelques-uns fe font emparez des monafteres abandonnez, il faudroit y établir de nouveaux colleges, où l'on nourriroit les pauvres qui étudient; qu'autrement les églifes manqueront de pafteur, fi l'état n'y pourvoit. Les riches n'étudient prefque plus, & fuïent les emplois ecclefiaftiques. Nous ignorons, continue-t-il, quel eft l'état des monafteres riches dans les autres roïaumes; mais nous fçavons qu'en ceux d'Allemagne, les lettres n'y font point cultivées, & qu'il y regne une profonde ignorance. Que fi l'on faifoit fubfifter ces colleges avec la difpenfe du fouverain pontife, & qu'on n'obligeât pas ceux qui y feroient entre

tenus

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tenus à s'y lier pour toûjours par des vœux aufquels on engage aujourd'hui des enfans, qui AN1535. n'ont pas même encore l'ufage de la raison, on verroit alors refleurir les études, on retrancheroit ce libertinage & la fuperftition. En effet les vœux faisant une partie du culte de Dieu, ne doivent pas être faits contre l'ordre de Dieu, en difpenfant ceux qui y font engagez, les états n'en fouffriroient aucun dommage, & l'églife feroit délivrée d'un grand nombre de scandales & de pechez, Car le vœu ne devroit pas être un engagement pour commettre l'iniquité, & les monafteres devroient être établis pour foulager les confciences plûtôt que de leur nuire. C'est pourquoi ceux qui ne font pas propres pour ce genre de vie, doivent être remis en liberté.

XI. Cet article traite du mariage des prêtres, Onziéme & l'on y établit, que dans un fi grand nombre article. Du de prêtres & de religieux, l'on ne peut autre- mariage des prêtres. ment rétablir la pureté de la vie, qu'en leur permettant de fe marier. Melanchton cite des canons du concile de Nicée, dans lequel il y eut des peres, qui furent d'avis de défendre aux évêques, aux prêtres, aux diacres, & aux foudiacres, d'habiter avec les femmes qu'ils avoient avant leur ordination. Sur quoi Paphnu Socrat.hifi. ce s'éleva & diffuada d'impofer cette loi, di- lib. 1.6.8. fant l'habitation avec sa que propre femme étoit Eusebe hift. lib.4.6.23. chafteté; ce fait eft rapporté par Socrate, mais on le révoque en doute, Melanchton ajoûte, qu'on lit dans une lettre de Denis évêque de Co. rinthe, rapportée par Eufebe, qu'on ne devoit point mettre fes freres dans la neceffité de violer la chafteté. Il répond enfuite aux raifons de ceux qui improuvent le mariage des prêtres, comme incompatible avec leur autorité, & la confervation des biens de l'églife, & dit, que le celibat n'eft pas une chofe de fi grande importan

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ce, pour refufer la paix & l'union fi on ne le rétaANIS 35 blit; que rien n'étant plus propre pour rendre l'églife tranquille, les papes doivent fe relâcher là

mens, mef

deffus, & ufer plûtôt d'indulgence que de severité. Douziéme XII. Il dit qu'à l'égard des enterremens & article. Des des meffes pour les défunts, on feroit beaucoup enterre- mieux, pour éviter toute difpute, d'exhorter fes pour les un chacun à donner aux pauvres pendant la vie. morts, pur-Sur le purgatoire & le libre arbitre, il voudroit gatoire & qu'on en difputât feulement dans les écoles, & librearbi- qu'on ne traitât point ces matieres en chaire; parce que S. Paul ordonne de s'abftenir deces que

tre.

ftions, qui ne finiffent point, & qui fervent plûtôt à exciter des difputes, qu'à fonder par la foi 1.adTimot-Pédifice de Dieu; or la fin des commandemens 5. 3. 4. 5. est la charité. Hors ces articles, il ne croit pas

qu'il y en ait dont les adverfaires ne convien nent, ou ne puiffent convenir. Il dit que comme il eft important à l'église de la purifier de ce mauvais levain, qui produit tant de fectes & de partis differens, dans la difficulté d'af fembler un concile general, on devroit convoquer un Synode non-feulement de prêtres & de theologiens, mais encore de laïques fenfez, & de magiftrats gens de bien, qui euffent à cœur la gloire de Dieu & l'utilité publique : ce qu'il montre par quelques exemples de l'antiquité.

François I. aïant reçû ces douze articles de Melanchton, les envoïa à la faculté de theologie de Paris, qui nomma plufieurs docteurs pour les examiner & y répondre, après en avoir néanmoins conferé avec la faculté, & concerté les décifions avec elle. Ces docteurs furent le doïen Berthe, Pafqueti, Loret, Gillain, Maillard, de Cornibus, Ory, Laurens, Grandis, Sudoris, Bertau, & Rohandi. Quelques jours après la faculté s'étant encore affemblée pour -faire lecture de ces mêmes articles en prefence

de

de tous les docteurs, ajoûta à ceux qui avoient été nommez, Levy, Clerig, Mahi, le Sixier, AN-1585 Lepreu, Richardi, Glain, Baluë, Buchigny, Benedicti, & Corio, qu'on chargea de compofer les inftructions qu'on devoit prefenter au roi, lorfqu'il les demanderoit. Le vingtiéme du mois après la meffe celebrée dans le college des Bernardins, l'on entendit les députez, & l'on fit lecture des lettres qu'on devoit en voler au roi. L'on députa enfuite Balue à l'évêque de Senlis, pour fçavoir fon avis, afin que la faculté en déliberât. Le trentiéme on fe raf fembla en Sorbonne, on approuva tout ce qui avoit été fait par les docteurs nommez, & l'on députa Balue pour porter les lettres de la faculté, & pour prier Mr. le chancelier d'exempter des décimes, ceux qui étoient de fon corps. Mais comme il s'agiffoit d'envoier d'amples inftructions au roi fur les articles qui avoient été examinez, la faculté fe rendant aux follicitations du feigneur de Langey, commença par donner fes avis abregez fur ces articles, & les envoia faculté de par Balue à François I. La lettre qui les contient theologie eft du trentiéme d'Aouft 1535. La faculté y man- au roi. de au roi qu'en obéiffant à fes ordres, le feigneur de Langey lui avoit remis le feptiéme du prefent mois, les articles contenans la confeffion de foi des Allemands, & que pour les examiner & y répondre, elle avoit nommé quelques-uns de les membres hommes entendus, fçavans & capables d'une telle commiffion; lesquels y travaillent actuellement pour en informer plus amplement fa majefté. Qu'en attendant cette inftruction, la faculté a été d'avis pour le bien & le falut de fon roïaume, de l'inftruire de ce qui fuit. 1. Que les theologiens Allemands femblent exiger qu'on leur cede, en retranchant les ceremonies & ordonnances de l'églife, ce

XLVI. Lettre de la

qui feroit attirer à eux les Catholiques, plûtôt

AN.1535 qu'eux retourner à l'église. 2.1l y a dans ces ar

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ils

ticles plufieurs chofes contraires à l'écriture fainte, & aux déterminations de l'églife, comme on peut voir dans ceux du jeûne & du choix des viandes, où ces theologiens affurent qu'il ne doit point y avoir de précepte là-deffus. 3. Sur le culte des faints & de leurs images improuvent les prieres qu'on leur adreffe, & les privileges qu'on leur attribue, pour guerir de quelques maladies, ce qui eft contre l'écri ture, la pratique de Péglife & le fentiment des faints docteurs, & même contre la prérogative qu'a le roi de guerir des écroüelles. Ils retranchent les meffes privées contre l'ufage de l'églife, au grand préjudice des vivans & des morts, pour lefquels elles font établies. 5. Dans Particle de l'euchariftie, il ne difent rien de la tranfubftantiation, terme dont les conciles & les faints docteurs fe font fervis pour marquer le changement du pain & du vin au corps & au fang de J. C. par les paroles facramentelles. 6. Sur les monafteres, voeux & continence des religieux, ils demandent que le pape les difpenfe, qu'ils puiffent fortir de leur monaftere quand il leur plaira, & qu'ils foient abfous de leurs vœux, aufquels ils font obligez de droit divin; ce qui eft une doctrine condamnée par les faints conciles. 7.Il n'y a pas moins de danger dans ce qu'ils difent, qu'ils ne voïent point de raison pour défendre le mariage aux prêtres. Ce qui eft contre la détermination de toute l'églife. 8. Ils reconnoiffent le gouvernement ecclefiaftique comme faint & utile; mais ils ne difent pas qu'il eft neceffaire & établi par JESUS-CHRIST. Ils traitent d'indifcretes les matieres de la confeffion, de la juftification, & du purgatoire; & ils avancent plufieurs chofes fufpectes & dangereufes

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