Saint Bernard eft plus prédicateur naturellement que par art; il eft agréable & doux, & affez propre à émouvoir les paffions; mais la plupart de fes fermons ont été faits dans des affemblées de moines, à l'ufage defquels il a compofé plufieurs de fes ouvrages. Il y a d'autres auteurs qui ont encore réufli dans ce genre, comme faint Leon, & faint Fulgence. Erafme parle auffi de Gerfon, de faint Thomas, de Scot, & traite enfuite felon les regles de la rhetorique, des devoirs de l'orateur & des parties de fon difcours; il approuve qu'on prenne pour texte un endroit de l'écriture, pourvû qu'il convienne au fujet qu'on doit traiter; il ne défaprouve pas l'invocation de la Vierge; il donne des regles de la divifion, & parcourt les lieux communs, dont on peut fe fervir dans les fermors. Dans le troifiéme livre, il traite de l'ordre & de la methode qu'un prédicateur doit obferver, il dit qu'il avoit appris, qu'il y avoit des endroits où le prédicateur commençoit par la lecture de l'évangile en langue vulgaire, qu'enfuite on faluoit la Vierge, pour demander fon interceffion, l'on repetoit fon théme; l'on divifoit fon difcours, & l'on continuoit. Il réduit toute fa méthode à confeiller au prédicateur de prêcher de la meilleure maniere, fans s'écarter de la gravité que demande la parole de Dieu, fe fouvenant qu'il y a bien de la difference entre un avocat, qui fait tout ce qu'il peut pour gagner fa caufe, & un comedien, qui n'a d'autre but que de faire enforte que fa déclamation plaife à l'affemblée, & un prédicateur, dont le but doit être d'enfeigner la parole de Dieu. Il donne beaucoup de regles pour la prononciation, & pour l'action qui peuvent être de quelque utilité. Il traite ample ment ment des figures & des moïens, dont on doit fe AN.15 35. Le quatriéme & le dernier livre n'eft qu'une table des fujets, fur lefquels on peut prêcher, & qu'il rapporte fous differens titres, fourniffant fur chacun des fentences & des maximes fur les veritez, qu'un predicateur peut emploïer & faire valoir, & l'on peut dire que jamais perfonne n'a traité avec plus d'étendue cette matiere, & n'a mieux établi tous les fujets qu'un prédicateur peut traiter; & quoiqu'il foit jufte que celui qui fert à l'autel, vive de l'autel, il fouhaiteroit néanmoins que la parole de Dieu fut enfeignée gratuitement. Qui n'admireroit, dit-il, & qui ne refpecteroit un homme, qui fe donneroit tout entier à fecourir les autres, qui veilleroit comme un pere & comme une mere à leur falut, qui enfeigneroit les ignorans, & détromperoit ceux qui font dans l'erreur releveroit les malades, consoleroit ceux qui font dans l'affection, foulageroit ceux qui font op Tome XXVII. A a pri primez, baptiferoit les enfans, affifteroit les AN.15 35 moribonds, enfeveliroit les morts, foulageroit les pauvres, feroit des prieres, & offriroit des facrifices pour le falut de tous; qui en un mot donneroit à tout le monde des marques de fa bienveillance & qui le feroit conftamment gaïement, ne demandant pour cela aucune recompenfe, & ne cherchant ni argent, ni fervices, ni gloire. LVI. François I. ne voulant pas fe brouiller avec Calvin pu- les Proteftans d'Allemagne, & fçachant qu'ils blie fon li- étoient fort indignez des perfecutions que ceux vre de l'in ftitution de leur parti fouffroient en France, leur fit dire chrétienne. par Guillaume du Bellay, qu'il n'avoit puni Beze in vit. que certains Enthoufiaftes, qui, felon le nom Calvini p. d'Anabaptiftes, fubftituoient à la parole de Dieu 367. leurs fauffes infpirations, & méprifoient tous les magiftrats. Calvin fe crut obligé de faire l'apologie des reformez qu'on brûloit en France; & c'eft ce qui l'engagea à publier fon livre de l'inftitution chrétienne, qu'il dédia à François I. Quoique l'épître dédicatoire foit dattée de Bafle du premier d'Août 1536, on convient affez que c'eft une erreur de datte & qu'il faut mettre 1535. mais cet ouvrage n'étoit qu'une ébauche d'un plus grand, qui crût dans la fuite entre les mains de l'auteur & fut réimprimé plufieurs fois, toûjours avec des augmentations nouvelles. Luther ne ceffoit pas auffi d'établir fa doctri ue par les écrits. Le changement confiderable qui venoit d'arriver en Angleterre, l'aïant rendu plus hardi & plus furieux il publia un libelle en langue Allemande contre les princes & états de l'empire, qu'il traitoit de rebelles à Dieu & à Cefar, & particulierement contre Albert archevêque de Maïence & cardinal, parce qu'il avoit banni de fes états, ceux qui étoient LVII. infectez du Lutheranifme, & qu'il craignoit & qu'il craignoit AN.1535. • qu'ils ne corrompiffent les autres, & même n'attentaffent à fa vie, car Luther enfeignoit qu'on Ecrit de pouvoit tuer ce prelat juftement, parce qu'il Luther perfecutoit, difoit-il, la verité connue. par contre le cardinal ar Cochlée écrivit contre cet ouvrage, montrant chevêque à Luther l'écriture fainte & par les loix ec- de Maienclefiaftiques & civiles, que l'archevêque traitoit ce. fes fujets heretiques avec plus de moderation de actis & qu'ils ne meritoient; qu'il pouvoit les priver de fcript. Lu Cochlaus leurs biens & de la vie même comme étant theri hoc des opiniâtres, rebelles à fes ordres, ennemis de ann.p.285. la religion & déferteurs de la vraïe foi. En & feq. même-tems un laïque nommé Gafpard Querhamer de Halle, fujet du même archevêque, fit deux extraits de differens ouvrages de Luther, & en tira trente-fix opinions, qui fe contredi foient fur le feul article de la communion fous une ou deux efpeces. Il les fit imprimer en Allemand, fur des feuilles qu'on pouvoit afficher, avec ce titre Table utile & neceffaire à ceux qui ne veulent pas être feduits. Fin du Tome vingt-septiéme TABLE DES MATIERES Contenues dans ce Volume. A Ils font chaffez & exterminez CCOLTI. (Pierre) car-Leur entreprise fur la ville Adinal. Son hiftoire & fa mort. pag. 315 liman. Anabaptifles. Leurs montrueux d'Amfterdam. 402 500 447 |