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travaillant chaque jour à fe fanétifier de plus en plus ce genre de vie ne l'empêcha pas d'expliquer les livres faints à Heidelberg, & de compofer des écrits pour l'inftruction des enfans, & pour exhorter les prêtres à mener une vic pure & fainte; il dirigea auffi quelques jeunes gens dans leurs études, comme Volfang de Leveftaing, & Jacques Sturmius, & fes deux neveux Jacques Spigelius & Jean Maïus qui furent tous de grands hommes.

AN.1528.

Comme il reprenoit librement les défauts des ecclefiaftiques & des moines, il fut exposé aux traits de leur indignation. Les religieux Augu ftins le firent citer à Rome, quoique déja fort âgé & incommodé d'une defcente, fur ce que dans un de fes ouvrages il avoit dit que faint Auguftin n'avoit pas été moine avec une grande barbe, couvert d'un capuchon, & ceint d'une ceinture de cuir, comme ces religieux le reprefentoient. Trithême lui confeilla de ne point s'ingerer dans ces fortes de difputes, parcequ'il importe peu, lui dit-il, que faint Auguftin aic été en robe ou en capuchon. Wimphelinge n'alla point à Rome, mais il fit une apologie de fes fentimens & de fa conduite, qui fût fort goûtée, & Conrad Peutinger d'Ausbourg, & Jacques Spigelius fe chargerent de défendre fa cause à Rome, ce qu'ils firent avec tant d'applaudiffement, que Jules II. terinina cette affaire d'une maniere qui fit honneur à Wimphelinge. Comme ce fçavant homme étoit trèsattaché à l'unité de l'églife, il fut fenfiblement affligé des troubles & des divifions que la fecte de Luther caufa, & le chagrin qu'il en conçut abregea fes jours. Ses deux neveux Jacques Spigelius, & Jean Maïus furent depuis confeillers de l'empereur.

Il a compofé un grand nombre de livres',

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LX.

tant Ouvragesde

AN.1528.
Wimphe-

linge.

tant en vers qu'en profe fur des matieres eccle. fiaftiques, & fur des matieres profanes, le catalogue en eft rapporté dans la préface d'un difcours qu'il a fait fur le faint-Efprit, publié par Regnian Philofius à Strasbourg en 1516. Voici ceux dont il eft fait mention dans ce catalogue. Un traité de l'inftruction & de Péducation des enfans; les élegances de la langue latine; un abregé de rhétorique; trois livres en vers élegiaques de la triple pureté de la Vierge; un livre de la pureté avec fon apologic; un traité de la frugalité contre les gens chargez de prebendes; un abregé des affaires d'Allemagne; le traité de la jeuneffe; une apologie pour la republique chrétienne; des traitez fur l'hiftoire d'Allemagne ; des notes fur les hymnes ecclefiaftiques; un abregé des quatre évangiles; outre fes lettres, fes poëmes, fes hiftoires, un foliloque en l'honneur des princes & des grands d'Allemagne, des offices de la Vierge, & de S. Jofeph, des ftatuts fynodaux, qu'il dreffa par ordre de l'évêque de Bafle, & plufieurs opufcules. On lui attribue encore un traité des louanges de l'églife, de Spire, un autre des évêques de Strasbourg, & la vie de Diether archevêque de Maïence. Il a encore écrit un autre traité intitulé la concorde des curez, & des freres mendians, dans lequel il rapporte les erreurs groffieres d'un certain moine nommé Martin de Hanau qui avoit avancé mille imper tinences contraires à la pudeur & à la religion. Il y blâme les reguliers, de fe donner la liberté de juger des féculiers & de les condamner. Enfin il exhorte les curez à ne pas médire des ordres religieux, à ne les pas méprifer, & à ne les pas perfecuter; il oppofe la vie des anciens moines à celle des nouveaux, eut que les curez & les moines foient unis

&

pour

pour travailler de concert au bien de l'églife. Son traité de la pureté, eft le plus éloquent, AN.FS 28. & le plus utile de fes ouvrages; il l'adresse Sturmius, & s'y juftifie du reproche qu'on lui avoit fait, de n'avoir compofé fon apologie pour la republique chrétienne contre les bene ficiers, que parce qu'il n'avoit pu avoir de benefices. Il dit qu'il avoir refufe deux prebendes que Berthold archevêque de Maïence lui avoit offertes, qu'il détefteroit toute fa vie cet abus d'avoir fouvent trois ou quatre églises dans une même ville, plusieurs prebendes, dignitez ou perfonats, & quelquefois d'en poffeder encore d'autres fous le nom de perfonnes interpofées. Il ajoûte qu'il a connu des gens, qui avoient jufqu'à vingt-trois & vingt-quatre benefices. Il traite enfuite de la pureté des prêtres, & prefcrit les remedes pour entretenir cette vertu. Il s'y plaint d'un homme qui avoit été long-tems de fes amis, & qui l'avoit accufé devant Raymond légat du pape, d'être ennemi des ordres religieux. Il fe défend contre cette calomnie, il protéfte qu'il aime & qu'il eftime tous les bons religieux, mais qu'il ne peut avoir les mêmes fentimens pour certains moines, qui n'ont de religieux que le capuchon & la cou ronne, qui font pleins d'orgueil & d'ambi tion, qui féduifent le peuple en prêchant une voie facile pour aller au ciel, qui enfeignent qu'on ne doit faire qu'une legere penitence pour de grands pechez, qui flattent les riches, qui abulent des religieufes, qui médifent de tous les théologiens féculiers, & qui n'épargnent pas même Gerfon. Il blâme ceux qui emploïent les revenus ecclefiaftiques au luxe ou à la bonne chere, au lieu de nourrir les pauvres, & remarque qu'il faut peu de chofes à un homme, & qu'un prêtre peut vivre honnêtement d'un revenu mediocre.

C 6

C'est

AN.IS 28.

C'eft dans ce même ouvrage qu'il traite en paffant, la queftion du monachifme de faint Auguftin, en foutenant qu'il n'a été ni hermite, ni moine mendiant, ni benedictin, parce que s'il avoit fait profeffion, il n'auroit pas manqué d'en parler dans les livres de fes confeffions. Il ajoûte que Poffidius auteur de fa vie ne l'auroit pas loué de n'avoir point fait de teftament, parce que s'il avoit été moine, il n'en pouvoit faire, ainfi ce ne feroit pas un éloge pour lui de n'en avoir point fait. Il allegue cinq chofes qu'on pouvoit lui oppofer. 1. Qu'il eft dit, que ce Saint quitta toutes chofes. 2. Qu'il établit un monaftere dans fon églife. 3. Qu'on le peint avec un capuchon. 4. Que l'on a trouvé dans une église de la Vierge bâtie du tems de Sixte IV. une figure de marbre, fur laquelle il y avoit une épigramme qui montroit que c'étoit la figure d'un hermite de faint Auguftin. 5. Qu'on a des fermons de faint Auguftin adreffez aux hermites. Mais toutes ces raifons paroiffent frivoles à Wimphelinge; & il répond aifément que faint Auguftin a quitté effectivement le monde, c'eft-à-dire, fa famille & fes biens, mais qu'il y a renoncé volontairement & fans embraffer le monachifine. Que l'on mene une vie religieufe avec un habit féculier que le capuchon, que les peintres lui donnent, eft de leur invention; que la ftatuë de marbre de Phermite eft une fauffeté, & une fuppofition, & qu'elle n'eft pas fi ancienne qu'on le dit que les fermons aux her mites ne font point de faint Augustin évêque Hyppone, mais peut-être de faint Auguftin évêque d'Angleterre.

Son traité des hymnes & des profes de l'églife eft très-curieux, Il rapporte l'origine des premieres à faint Ambroife, qui perfecuté par

1

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Pimperatrice Juftine mere, de Valentinien, &
étant obligé de demeurer nuit & jour avec fon AN.15 28.
peuple dans l'églife, lui faifoit chanter des
hymnes pour diffiper fes ennuis, comme le
rapporte faint Auguftin dans le neuviéme livre
de fes confeffions. Il expofe les differentes for-
tes de vers dont les hymnes font compofées
& en marque les auteurs. A l'égard des pro-
fes, qui fe chantent avant l'évangile à la mef
fe, il dit que l'ufage en eft plus recent ; que
ce font les Allemands qui l'ont inventé, Toutes
les œuvres de Wimphelinge, montrent par
tout un efprit libre & aifé qui aimoit la vertu,
qui haïffoit & reprenoit le vice, qui fouhai-
toit la reforme des mœurs, fans donner en au-
cune maniere dans les nouveautez des hereti-
ques, étant très-attaché à la doctrine de l'églife,
& très-fenfible aux maux qui ravagoient l'Al-
lemagne fon païs, & qui ne firent qu'augmen-
ter dans la fuite.

re.

anno pag.

197.

Sleid. in

Ce fut pour arrêter ces maux que l'empereur LXI. fut obligé de convoquer une diére à Spire. Les Diéte teneceffitez de la tenir étoient encore plus pref. nue à Spifantes, parce que le danger étoit plus évident; Cochl. de car outre les grands progrès que le Luthera- at.& fcrip. nisme faifoit dans l'Empire, fes provinces étoient Luth. hoc menacées d'une prompte irruption des Turcs, qui s'étoient déja rendu maîtres de Bude, & qui fe flattoient d'être bien-tôt maîtres de toute comment.l. la Hongrie. La diéte commença le quinziéme 6. p. 190. de Mars de l'an 1529. elle fut fort nombreuse. Bow.ann. Ferdinand qui y préfidoit en la place de l'em. 1529.47• pereur, s'y trouva accompagné de tous les princes & députez des états de l'Empire. L'é lecteur de Saxe y avoit amené Melanchton & le pape ne manqua pas d'y envoïer Jean Thomaflin, comte de la Mirande, avec chard'exhorter les princes à la guerre contre

Le Turc.

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La

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