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La premiere chofe à laquelle on s'appliqua, AN.1529. fut d'y traiter des affaires de la religion, fur lefquelles on difputa long-tems, & avec beau coup de chaleur. Le but des catholiques étoit de défunir l'électeur de Saxe & les autres princes des villes imperiales, c'eft-à-dire, les Lutheriens d'avec les députez des villes qui avoient embrassé la doctrine de Zuingle, & des autres Sacramentaires touchant Peuchariftie; & peutêtre en feroient-ils venus à bout, fi le landgrave de Heffe n'eût prévenu cette divifion, en leur remontrant à tous que la difference n'étoit pas affez grande entr'eux pour fe fepa rer, & qu'il étoit aifé de les concilier enfemble; au lieu que s'ils fe partageoient, les catholiques fe voiant les plus forts, ne manqueroient pas d'en tirer avantage. On se rendit à fes raifons, ou plûtôt l'antipathie entre les Lutheriens & les Zuingliens n'éclata pas alors; & Ferdinand fit appeller les députez des villes imperiales en particulier le cinquiéme d'Avril, & leur fit des reproches affez vifs, d'avoir fait plufieurs changemens contre l'édit de l'empereur, & les exhorta fort à confentir aux reglemens qu'on vouloit établir de peur que leur partialité ne rendît la diéte inutile, & qu'on ne fe feparât fans avoir rien fait. Les députez lui répondirent que les changemens qu'ils avoient introduits, ne préjudicioient en aucune maniere à l'autorité de l'empereur; qu'ils ne demandoient que la paix, qu'ils étoient difpofez à fatisfaire fa majefté imperiale, & à accepter la convocation d'un concile.

LXII.

Le fujet des plaintes de Ferdinand, étoit que La meffe le vingtiéme de Février, environ un mois avant eft abolie à la tenue de la diéte, ceux de Strasbourg Strasbourg avoient fait un décret, figné par le confeil des 8.192. trois cens, par lequel ils aboliffoient la meffe,

Sleid. 1.6.

juf

que

jufqu'à ce que leurs adverfaires fiffent voir
ce facrifice étoit un culte agréable à Dieu : ce
décret fut publié par l'ordre du fenat dans tou-
te l'étendue de fa jurifdiction, pour être ob
fervé par tous fes fujets. Et le fenat enfuite en
donna avis à l'évêque, qui reçut cette nouvel
le avec beaucoup de chagrin, mais qui fut con-
traint de la prendre en patience. Wolfgang
Capiton, & Martin Bucer, dont les fenti-
mens prévaloient à Strasbourg, furent les mo-
teurs de ce décret.

peu près

AN.1529.

LXIII. On fait la

même cho

La meffe fut encore abolie à Bafle à dans le même-tems, fur la demande des citoïens qui, fur le refus du fenat, s'affemble- fe à Bale. rent dans l'églife des cordeliers le huitiéme de Sleid. loco Février, & s'emparerent des lieux publics de cit. la ville, pour obliger les fenateurs, qui favo rifoient le parti des catholiques, à fe démettre de leurs charges; & fur le refus qu'on leur en fit, ils prirent les armes, abattirent les images & les ftatues des Saints, les brûlerent, obli gerent le fenat de dépofer douze confeillers, parmi lefquels étoient Henri Meltinger & Luc Ziegler, & à faire un décret par lequel la meffe & les images feroient abolies dans toute l'éten due de fa jurifdiction. Le douziéme Février le confeil des deux cens foixante approuva le décret du fenat : une pareille conduite fut le fujer des reproches que fit Ferdinand aux dépu tez des villes imperiales dans la diéte de Spire.

On y contefta long-tems pour remettre en vigueur l'édit de Wormes: Ferdinand vouloit qu'on s'en tînt à fon execution, & fit exclure de l'affemblée le député de Strasbourg, qu'on nommoit Daniel Miege. Les autres villes que cette conduite regardoit, intercederent pour hui, & requirent qu'on obfervât les coûtumes de l'empire, qui ne permettoient pas qu'on trou

blât

>

blåt les députez dans leurs droits, jufqu'à ce AN.IS29 que le differend eut été terminé dans un concile libre & legitime; fans quoi ils refuferoient abfolument de contribuer aux frais de la guerre contre les Turcs. Mais toutes leurs remontrances furent inutiles; le député de Strasbourg ne fut point rétabli; & pour trouver quelque forme d'accommodement on fit à la plura. lité des voix le treiziéme d'Avril un nouveau decret pour expliquer celui de la précedente LXIV. diéte de Spire, par lequel il étoit ordonné, que Edit de la pour ce qui regardoit l'execution de l'édit de diéte de Wormes, les membres de l'empire fe gouver Pallavic. neroient de maniere qu'ils puffent rendre compte hift. cont. l. de leur conduite à Dieu & à l'empereur, & Sleid. 1. 6. Pour reprimer l'abus qu'on en avoit fait, en prenant occafion par-là de foutenir toutes forCochlée hoc tes de nouveaux dogmés, par le mauvais fens qu'on lui avoit donné.

Spire.

2.1.8.

p.19.

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Le nouveau décret ordonnoit, 1. Que dans les lieux où l'on a reçû l'édit de Wormes contre le Lutheranisme, il ne fera permis à perfonne de changer de créance, & que l'on continuera à obferver cet édit, en y obligeant pareillement le peuple, jufqu'à la tenue du concile que l'empereur fait efperer bien-tôt. 2. Que dans les endroits où l'on a embraflé la nouvelle religion, qu'on ne peut quitter fans un dan ger évident de fédition > on y pourra perfifter dans les mêmes pratiques, jusqu'à ce qu'on ait aflemblé le concile. 3. Que dans ces endroitslà l'on ne pourra abolir la meffe, ni empêcher que les catholiques ne jouiffent du libre exercice de leur religion, ni même permettre qu'aucun d'eux embraffe la fecte Lutherienne. 4. Que les Sacramentaires feront bannis de l'empire & les Anabaptiftes punis de mort fuivant l'édit de l'empereur qui avoit été ratifié. 5. Que les

pré

prédicateurs obferveroient les décrets des deux dernieres diétes de Nuremberg, qu'ils feront cir- AN-1529. confpects, en s'abftenant d'offenfer perfonne dans leurs difcours, & de donner sujet au peuple de fe foulever contre les magiftrats. Qu'ils ne propoferoient aucuns nouveaux fentimens, à moins qu'ils ne fuffent fondez fur l'écriture; qu'ils prêcheroient l'évangile fuivant l'interpretation approuvée par l'églife: Et que pour les articles qui étoient en difpute, l'on attendroit la décifion legitime du concile. 6. Qu'enfin tous les membres de l'empire vivroient en paix, & n'exerceroient aucune hoftilité les uns fur les autres fous pretexte de religion.

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cet édit.

Pallavic.I.

2.c. 18.p.

Quelque moderé que fut cet édit, & quel- LXV. que favorable qu'il parut aux princes qui Oppofition n'avoient pas la même créance, il ne laiffa pas princes à de quelques de trouver des contradicteurs. Les électeurs de Saxe & de Brandebourg Erneft & François Sleid. 1.6. ducs de Lunebourg, Philippe Landgrave def. 196. Helle, & Wolphang prince d'Anhalt s'y oppoferent comme étant contraire, difoient-ils,216. aux veritez claires de l'évangile. Ils prétendoient qu'il ne falloit point déroger au décret de la diéte précedente qui avoit accordé la liberté de religion jufqu'au tems du concile puifque ce décret aïant été fait du confentement de tous, il ne pouvoit de même être alteré & reformé que d'un commun avis. Que dans la diéte de Nuremberg, l'on s'étoit très-bien apperçû de l'origine & de la cause des diffentions, du propre aveu du pape, mais qu'avec tout cela, l'on n'y avoit apporté aucun remede, quoiqu'on eût envoie à fa fainteté le memoire des abus qui étoient à reformer. Que l'on avoit conclu dans toutes les déliberations, que le meilleur moïen de terminer les controverses, étoit de tenir un concile, Que d'accepter le nouveau décret, c'é

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toit rejetter la parole de Dieu pure & fimple, AN.1529. & d'accorder Pufage de la messe c'étoit res nouveller tous les défordres paffez. Qu'ils ap, prouvoient la claufe de prêcher l'évangile, felon les interpretations reçues dans l'églife; mais qu'il reftoit à fçavoir quelle étoit la vraie église. Que de publier un décret fi obscur ce feroit ouvrir la porte à beaucoup de troubles & de divifions. Ils ajoûtoient qu'ils ne pouvoient donc y confentir; qu'ils en rendroient compte à tout le monde, & à l'empereur même ; & qu'enfin ils ne feroient rien que de jufte & de raifonnable jufqu'au concile general, ou na tional d'Allemagne.

villes im

eux.

co cit.

LXVI. Cette déclaration fut appuïée par les députez Quatorze de quatorze villes imperiales, qui deux jours periales fe après protefterent contre le décret de Spire joignent à inirent leur proteftation par écrit & la publicrent le 19. d'Avril par un acte, dans lequel ils Sleid. ibid. appelloient de tout ce qui venoit d'être fait, Pallavic.lo- à l'empereur, au futur concile general, ou national, & à tous juges non fufpects ; & en confequence nommoient des députez pour en voïer vers l'empereur, afin d'obtenir la révo. cation de ce décret. Ces quatorze ville furent Strasbourg, Nuremberg, Ulme, Conftance, Reutlingen, Windsheim, & Menningen, Lin. daw, Kempten, Heilbron, Ifne, Weiffenbourg, Nordlingue, & faint Gal. L'article de cette pro teftation qui concernoit la préfence réelle, étoit conçû avec beaucoup de menagemens, à cause de la divifion qui étoit fur ce fujet entre les Lutheriens & les Zuingliens. Ceux-là y difoient qu'on fçavoit quels étoient les fentimens de leurs églifes touchant la prefence du corps & du fang de JESUS-CHRIST dans l'euchariftie; mais qu'il ne falloit point faire de décret contre ceux qui n'étoient point de cet avis, parce qu'ils

n'a

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