Imágenes de páginas
PDF
EPUB

donné aux

n'avoient été ni appellez ni entendus. C'eft de AN.1929. cette celebre proteftation qu'eft venu le fameux LXVIL nom de Proteftans, qui fut donné aux héretiques Origine du d'Allemagne, & dont les Calviniftes fortis de nom de la même origine fe font depuis accommodez, proteftans afin d'être traitez un peu plus honorablement Lutheriens. qu'ils ne l'étoient par d'autres titres qui ne Sleid. 1.6. leur plaifoient pas, quoique les bons Prote- p. 198. ftans foient peut-être autant leurs ennemis que Raynald. les Catholiques mêmes.

ad hunc an.

n. 25.

Ferdinand étoit forti de l'affemblée avant que les princes euffent fait leur proteftation : & comme il s'agiffoit d'empêcher les Turcs de conquerir le refte de la Hongrie, & de fauver l'Autriche, la Stirie & la Carinthie de leurs incurfions, l'archiduc_ne pouvoit y réuffir fans donner quelque fatisfaction aux Prote ftans ; c'étoit pour lui que les armes catholiques devoient agir; & l'interêt d'une couronne lui paroiffant auffi confiderable que celui du duché de Milan l'avoit paru à l'empereur Charles V. fon frere; il fuivit la conduite de fa majefté imperiale, & permit au Lutheriens & aux Sacramentaires de vivre comme il leur Cochleus plairoit, fans être obligez de rendre compte de aft.& fcrip. leurs actions qu'à Dieu & à l'empereur, en attendant qu'on y eut autrement pourvû; ainfi la diéte fe fepara, & toute fa colere tomba fur les Anabaptiftes qui avoient publié de nouveau fept articles, pour établir leurs monftrueux dogmes: Le premier étoit, qu'il n'étoit pas permis à un chrétien de porter les armes & de reconnoître les magiftrats, fondez fur ces paroles de Jefus Chrift. Les rois des nations les traitent avec empire; qu'il n'en foit pas de même Luc. cap. parmi vous. Le 2. qu'il n'étoit jamais permis de jurer, non pas même lorfque les magiftrats obligeoient à lever la main. Le 3. que Dieu

D'ap.

Lath.an

1529.p.

198.

22.8.25.

n'appelloit les veritables chrétiens, ni à rendre AN.1529.juftice, ni à veiller à la tranquillité publique. Le 4. que quiconque n'auroit pas été Anabaptifte, feroit mis au côté gauche & au rang des boucs dans le jugement dernier. Le s. que la chaire de Moïse n'étoit que dans la fecte des Anabaptiftes, & qu'il n'y avoit qu'eux de prédeftinez.Le 6. qu'il n'y avoit qu'eux d'envoïez pour prêcher l'évangile. Le 7. qu'il falloit tenir pour autant de reprouvez ceux qui s'oppofoient aux progrès de leur doctrine.

EXVIII.

refute les

Cochlée refuta folidement ces articles, & Cochlée d'une maniere qui fut également approuvée articles des des deux partis de Catholiques & de ProteAnabaptiftans. Il montra fur le premier article le deffein ftes. de Jefus-Chrift, en établissant fa doctrine, de Cochl.hoc foumettre les fidéles aux loix du gouvernement

anno.

dans lequel ils étoient nez, dès que ces loix n'étoient point incompatibles avec le falut: Qu'il avoit confirmé par fes exemples, ce qu'il avoit enfeigné de vive voix, puifqu'il avoit fait un miracle pour païer le tribut. Il fit voir que le 2. & 3. article étoient tirez de l'herefie des Prifcillianiftes, & condamnez. Il taxa le 4. de manifeftement contraire à l'écriture fainte, en ce qu'avant Muncer, on n'avoit point oui parler des Anabaptiftes; & que dans tous les endroits de l'évangile où il étoit parlé du juge. ment dernier & de ceux qui feroient mis au côté droit du fouverain juge, il n'étoit fait mention que de bonnes œuvres, & non de rebapti fation. Enfin il foutint contre les autres articles, que les Anabaptiftes bien loin de montrer qu'il n'y avoit point d'autre miffion que la leur dans la religion catholique, ne pourroient jamais juftifier qu'ils fuffent veritablement appellez puifqu'il n'y avoit que cinq ans qu'ils paroiffoient fur la fcene, & que leur chef Thomas Muncer

n'a

n'avoit reçû d'aucun évêque ni miffion ni impofition des mains: que tous les Anabaptiftes AN.1529. étoient convaincus que cet herefiarque s'étoit ingeré de lui-même dans le miniftere de la parole, & qu'il avoit eu recours à de fauffes revelations, , pour cacher aux yeux des hommes ce qui lui manquoit du côté de la vocation.

tre de Bude

IO.

La complaifance de Ferdinand envers les Lu- LXIX. theriens ne lui procura pas de grands avanta- Soliman fe ges pour s'oppofer aux Turcs. Dès le prin- rend mai tems Soliman fe mit en marche avec une armée en Hongrie. de cent cinquante mille hommes, & arriva de Nic. Ifibuvant Bude dont les magiftrats lui porterent anff. hift. auffi-tôt les clefs. La fortereffe défendue par fept Hungar. I. cens Allemands commandez par le comte NaRaynald. dafti refufa de fe rendre; mais les Turcs la bat- ad hunc ann, tirent avec tant de furie > qu'après avoir fait n. 24. jouer une mine dont l'effet fut fi grand, qu'elle fit fauter une partie des fortifications, les affiegez le rendirent vie & bagues fauves. Nadafti que ceux-ci avoient mis en prifon, parce qu'il n'avoit pas voulu confentir à la capitulation, ne fut délivré par les Turcs que pour être conduit à Soliman qui le remit à la difcretion de Jean vaivode de Tranfilvanie, comme étant fujet de ce prince, mais le vaivode en ufa avec Nadafti felon toute la clemence qu'on avoit lieu d'attendre de fa bonté naturelle.

Vienne

Le fultan maître de Bude, fit marcher fon LXX. armée en Autriche, & ne trouva fur fa route Il va à de refistance qu'à Altembourg, qui fut emporté dont il leve d'affaut; mais les intelligences que le bachale fiége. Ibrahim avoit avec la maifon d'Aûtriche, aïant Sleid.comfait perdre à Soliman plus de la moitié de la ment. 1.6. belle faifon, l'armée Turque ne put arriver de P. 199. vant Vienne que le vingt-fixiéme de Septembre. Ce retardement donna tout le tems à Ferdinand de bien munir la place; il y fit entrer vingt

[ocr errors]

mille hommes de pied & deux mille chevaux AN.1529. de bonnes troupes commandez par le comte Palatin. La ville fut vigoureusement attaquée & encore mieux défendue enforte que l'hiver commençant à fe faire fentir avec affez de violence, Soliman après trente jours de fiége accompagnez d'incurfions dans toute la Hongrie retira fon armée le quatorziéme d'Octobre, après avoir perdu près de foixante mille hommes devant cette place, & revint à Bude, où il convoqua les états generaux & inveftit de nouveau Jean Zapol du roïaume, en le declarant roi legitime & fon bon aini, à quoi tous les états applaudirent.

Pendant ce tems-là Marguerite d'Autriche gou. vernante des Païs-bas, & Louïfe de Savoye mere de François I. travailloient à faire la paix entre l'empereur & le roi de France, & arrê terent même que vers la fin du mois de May, on commenceroit les negociations dans la ville de Cambrai, quoique la guerre continuât toûjours en Italie, qu'Antoine de Leve eût pouffé les François à bout dans le Milanez, & que leur armée eût entierement été défaite par la prise du comte de faint Pol qui la commandoit. Les deux princeffes ne defefpererent pas toutefois de réuffir dans leur negociation, & elles en étoient d'autant plus capables, qu'avec beau coup d'efprit & d'experience, elles s'aimoient fort, & fouhaitoient fincerement de voir la paix retablie entre les deux princes. Charles V. avoit vû par la propre experience que les traitez qu'il LXXI, avoit faits avec le pape & François I. tous On travail- deux fes prifonniers, l'un au châteuu faintle à la paix Ange & l'autre à Madrid, à des conditions pereur & letrès-onereufes, ne pourroient jamais fubfifter; roi de Fran-& d'ailleurs il avoit befoin de toutes les forces pour s'opposer aux Turcs & aux Lutheriens :

entre l'em

[ocr errors]

-1

Mem. du

1.6.c.44.

il voulut donc corriger les traitez de Rome & de Madrid par ceux de Barcelone & de Cain. AN.1529. brai, il refolut de quitter l'Efpagne pour paf Bellay 1. 3. fer en Italie; & comme le pape n'avoit point Guicciardin de plus grands defirs que de voir fa maison re-lib. 13, tablie dans la fouveraineté de Florence, d'où, Belleforêt elle avoit été chaffée, il ne ceffoit de preffer, Sled. comou plûtôt d'importuner l'empereur par des let-ment. 1, 6, tres écrites de fa propre main, le priant de luip. 199, vouloir envoïer quelque perfonne avec pleinpouvoir de conclure par un traité folide, une bonne paix. Charles V. qui ne fouhaitoit rien tant que de faire plaifir à fa fainteté, & la guérir de la haine qu'elle pourroit avoir con çûe contre lui, envoïa en Italie Antoine de Le+ ve, qui conclut avec Clement VII. le vingtfixiéme de Juin un traité, dont voici les prin1 cipaux articles.

1

1

1

[ocr errors]

du pape a

19.

I. Que fa fainteté fe tranfporteroit à Bou- LXXII. logne avec toute fa cour, au plûtard fur la Traité a fia de l'année fuivante, pour y couronner l'em-vantageux pereur. II, Qu'auffi-tôt après la ceremonie du vec l'emCouronnement, fa majefté imperiale envoïeroit pereur, Guic.kv. une puiffante armée devant Florence, & que Les troupes ne fe retireroient qu'après la prife Belar.lie. de la ville. III. Qu'Alexandre de Medicis petit-20. neveu du pape, feroit fait prince & fouverain Panvin.in de la ville & état de Florence, IV. Qu'on ma- Clement. rieroit ce Prince avec Marguerite, fille naturelle banc ann. Raynald, in de l'empereur dès qu'elle auroit atteint l'âgen, 60. Dubile. V. Que le fourniroit pape le fiége pour de Florence huit mille hommes, qui feroient païez à les dépens & agiroient conjointement avec v.p.161, Parmée de l'empereur. VI. Qu'en même tems fa Pallavic, fainteté expedieroit une bulle en faveur de l'em- bif. cone, Trid. lib. 3. pereur, & de tous ceux qui lui fuccederoient à perpetuité, par laquelle fa majefté imperiale auroit le droit de nomination & de prefenta

D. Ant, de Vera, hift. de Charles

C. 2.

« AnteriorContinuar »