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il n'abandonneroit jamais les juftes prétentions
de fa fainteté, & de fa maifon, & qu'il étoit AN.15 29.-
réfolu de leur faire faire par force > ce qu'ils

ne voudroient pas faire de bon cœur ; mais
les Florentins refuferent ces offres.

envoie à

fon neveu.

Pendant ce tems-là le Pape envoïa le car- LXXVII. dinal de Medicis à Genes, pour fçavoir de l'em- Le pape pereur, quand il defiroit qu'on fit la ceremo Genes le nie de fon couronnement. Ce prince répondit cardinal de que fi cela étoit agréable à fa fainteté, il fou- Medicis haltoit que ce fut le vingt-quatriéme de Février, parce que c'étoit le jour auquel il étoit né. Le pape accepta volontiers ce jour, & fe hâta de faire préparer tout ce qui étoit necessaire pour fon voïage de Boulogne, où cette ceremonie devoit fe faire. L'empereur Charles, voulant répondre à la conduite honnête du pape à fon égard, lui envoïa dom Diego de Cordoue marquis de Los-Fanos pour le vifiter : ce feigneur étoit accompagné de vingt-quatre jeunes gen. tilshommes, qui avoient fuivi l'empereur pour voir l'Italie, & affsister à la folemnité du couronnement. Dom Diego fut très-bien reçû du pape, & s'en retourna peu de tems après à Genes; il y trouva le duc de Ferrare, qui étoit auffi venu faluer l'empereur, dont il fut reçû avec beaucoup de bonté, quoique fa majefté im? periale n'eût pas fujet d'être contente de fes fervices, ni de fa conduite; mais il n'étoit pas tems, ou du moins il n'eût pas été convenable alors de faire paroître fon reffentiment.

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Charles V. avant que de fe rendre à Bou- LXXVIII. logne demeura quelque tems à Plaifance, à Par- L'empereur arrive me & à Modene; étant à Plaifance, trois en-à Plaifance. voïez du pape vinrent le trouver pour lui de- Anton. de mander qu'il jurât de ne violer jamais la liber-Vera hift. de té de l'Eglife. Charles répondit, qu'il promettoit de ne faire aucun tort aux droits de l'égli

Charles V.

fe, mais il ne laiffa pas de faire connoître le AN.15 29. droit qu'il avoit fur les villes de Parme & de Plaifance.

LXXIX.

Dans le même tems arriverent les deputez Députez des princes Proteftans de la diéte de Spire; l'emdes princes pereur leur accorda audience le douziéme de Proteftans Septembre, dans laquelle ils l'affurerent, que leurs maîtres ne refufoient de fe foumettre au Sleidan.in decret de cette diéte que pour empêcher les troubles qui en naîtroient infailliblement : ils

vers l'em

pereur.

comment.

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ib.202. prierent fa majefté, de ne point prendre leur oppofition en mauvaife part, & lui protefterent, qu'ils ne vouloient rien faire qui pût lui déplaire; mais que rien ne paroiffoit plus jufte que d'accorder à toutes fortes de perfonnes, dans tout l'empire, la liberté d'embraffer les opinions de Luther, jufqu'à la tenue d'un concile libre en Allemagne, qu'on faifoit esperer; & qu'à ces conditions leurs maîtres ne manqueroient pas de répondre à tous fes defirs, foit touchant la guerre contre les Turcs, foit à l'égard des autres charges de l'empire. Ces dépu tez étoient Jean Ehinger, Alexis Fraventrale, & Michel Cadene de Nuremberg.

L'empereur leur aïant fait dire par fon interprete, qu'il avoit entendu leurs demandes, & qu'il agréoit les fervices qu'ils lui offroient au nom de leurs maîtres, ajoûta qu'il ne pouvoit répondre précisement à leurs demandes, qu'après en avoir communiqué avec fon confeil, & les remit au treiziéme d'Octobre. Ce fut donc ce jour-là qu'il leur donna fa réponse par écrit. LXXX. Il y déclaroit qu'avant leur arrivée, il étoit Réponse informé de tout ce qui s'étoit paffé dans la de l'empe- diéte de Spire, & du décret de Ferdinand fon députez. frere qu'il ne falloit nullement douter, que Sleid.ibid. la difcorde qui divifoit les princes ne le touut fuprà. chât fenfiblement, eu égard aux maux dont

reur à ces

on

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AN.15299

on étoit menacé, mais que comine il étoit de
fon devoir d'arrêter tous ces maux
ou de les
corriger s'ils arrivoient, il avoit pour cela long-
tems déliberé fur cette affaire avec fon confeil,
& qu'il avoit connu que le décret avoit été fait
très-fagement, pour appaifer les troubles de
l'empire & pour reprimer cette fcandaleufe
licence qu'on prenoit, d'introduire tous les
jours des nouveautez très-dangereufes dans la
religion. Qu'il fouhaitoit autant que les prin-
ces un concile pour réunir tous les efprits dans
une feule créance mais que fi l'on eut ob-
fervé fes édits, & principalement celui de Wor-
mes, on ne feroit pas maintenant en peine d'en
convoquer un. Que ce qui avoit été une fois
refolu par le plus grand nombre des membres de
la diéte, ne pouvoit être caffé par l'oppofition
de quelques-uns; qu'il avoit écrit à l'électeur
de Saxe, & aux autres, de recevoir & d'execu-
ter le décret de la diéte; qu'il efperoit qu'ils
obéiroient à cet ordre d'autant plus volontiers
que l'union & la paix étoient très-neceffaires
dans un tems
où le Turc étoit entré en Al-

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lemagne. Qu'après avoir conferé fur ce point
avec le pape, & reglé les affaires de l'Italie,
il ne manqueroit pas d'aller avec toutes fes
forces donner ordre à celles de l'empire.

S en prefence de témoins

I

LXXXI.
Ces dépu-

tez prote

Les députez aïant reçû cette réponse, voulurent faire une nouvelle proteftation, & dref ferent en effet un acte d'appel, qu'ils mirent ftent con. entre les mains d'A-tre la rélexandrie Schweiffe, qui d'abord le refufa, & ponse do le prit enfuite pour le prefenter à l'empereur. l'empeCette démarche choqua tellement ce prince, qu'il leur fit faire défenfes de fortir de la maifon où ils étoient logez, jufqu'à nouvel ordre, & d'écrire en Allemagne, fur peine de pri fon & de confifcation de leurs biens. Michel

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reur.

Sleid. ut

Sup.p. 204.

Cadene un des députez, qui étoit absent lorf AN.1529 que cet ordre fut fignifié aux autres, en aïant été averti par fon valet, écrivit auffi-tôt au fenat de Nuremberg tout ce qui venoit de fe paffer, prétendant qu'il n'étoit pas compris dans la défense faite à fes collegues.

La détention des députez ne fut pas longue car l'empereur étant allé peu de tems après de Plaifance à Parme, il leur envoïa dire le trenteuniéme d'Octobre, prefqu'auffi-tôt après fon arrivée, qu'ils pouvoient s'en retourner. Celui qui fut chargé de cet ordre, étoit Nicolas Granvelle fecretaire de Gattinara, homme experimenté dans les negociations. L'ordre exceptoit néanmoins Cadene, auquel l'empereur commanda de demeurer fur peine de la vie, apparemment parce que contre la défenfe du prince, il avoit écrit en Allemagne. On rapporte cependant une autre caufe de fa déten tion, mais qui ne paroît pas fi plaufible. Le landgrave l'avoit chargé de préfenter à l'empereur un petit livre proprement relié, contenant un abregé de doctrine. Cadene fidéle à fa commiffion l'avoit donné ou fait donner à l'empereur, lorfque ce prince alloit à la meffe. Charles remit auffi-tôt ce livre à un évêque Espagnol qui l'accompagnoit, le priant de l'examiner. L'évêque l'aïant fait, fit remarquer à l'empereur , que l'auteur de ce petit livre attaquoit vivement les magiftrats chrétiens fur leur jurif diction, prétendant qu'ils ne pouvoient jamais ufer du glaive, & qu'un tel pouvoir n'étoit accordé qu'aux infidéles. Si ce fut là la caufe de Pordre donné à Cadene, apparemment que l'empereur vouloit s'éclaircir avec lui fur l'auteur de cet écrit, & les raifons qu'avoit le landgrave de le lui faire préfenter. Quoi qu'il en foit, Cadene ne jugea pas à propos d'obéir à

l'ordre

l'ordre de l'empereur; mais étant monté fecretement à cheval, il prit la route de Ferrare, d'où il fe rendit à Venife, pour s'en retourner chez lui.

AN.I529.

des Luthe

Sleid. in

Le fenat de Nuremberg aïant reçû fa lettre, LXXXII. ne manqua pas de faire fçavoir à l'électeur de Differends Saxe, au landgrave de Heffe, & aux autres riens & des confederez, la refolution de l'empereur pour Zuingliens. faire obferver le décret de Spire; & c'eft ce Cochlée in qui donna occafion à la fameufe ligue de Smal- aa,&fcrip. kalde, pour laquelle ils commencerent à s'affem- Lutheri hoc bler fur la fin de Novembre. Mais avant que ann.p. 199. d'en venir là, le landgrave de Heffe tenta en- comment. l. core de concilier les Lutheriens avec les Zuin- 6. p. 201. gliens fur le fait de la céne du Seigneur, & de Vide fuprà la prefence réelle. On fçait que Luther & Zuin-3.2.87. &95. gle s'étoient accordez fur tous les chefs de leur doctrine jufqu'en 1525. & que venant à expliquer le myftere de l'euchariftie, ils ne furent pas du même fentiment. Car quoiqu'ils convinflent tous deux que le corps & le fang du Seigneur font dans le facrement feulement dans l'ufage, c'eft-à-dire, lorfque le communiant qui croit, reçoit actuellement l'eucharistie, & non pas auparavant ni après; néanmoins Luther enfeignoit que ces paroles, ceci eft mon corps, devoient s'entendre à la lettre ; & Zuingle au contraire, qu'il les falloit prendre dans un fens figuré, fpirituel & facramentel. La difpute s'échauffoit toûjours de plus en plus, principalement du côté de Luther, qui s'expliquoit en toutes occafions avec beaucoup d'aigreur. Oe colampade dans une lettre qu'il écrivit à Melanchton pendant la diéte de Spire, fe plaignoit des efforts que faifoit Faber évêque de Vienne, pour faire condamner le fentiment des Zuingliens, & le prioit de prendre leur défenfe. Melanchton lui répondit, qu'après avoir LXXXIII exami. Lettre de

D5

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