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Melanch

fence réel

il

examiné l'opinion des anciens fur la céne, & ·AN,1529. tout ce qui le pouvoit dire de part & d'autre, ton à Oeco- ne pouvoit approuver le fens figuré, & ne lampade voïoit point de raifon fuffifante pour s'éloigner pour la pre- de la propre fignification des termes. Que fi la politique le conduifuit, il parleroit autrele. ment, connoiffant le grand nombre d'habiles Inter epift. Melanchto- gens dans le parti des Sacramentaires, dont l'amis 1.4. mitié lui feroit avantageufe: mais qu'il ne pouvoit déferer à leurs fentimens. Qu'ils s'imaginoient que le corps de JESUS-CHRIST abfent, étoit représenté dans l'eucharistie comme dans une tragedie; qu'il voïoit au contraire, que le Sauveur avoit promis d'être avec nous jufqu'à la confommation du fiécle; qu'il n'étoit pas neceffaire de feparer ici la divinité de l'humanité qu'ainfi il étoit perfuadé que ce facrement étoit un gage de la prefence veritable, & que l'on participoit dans la céne au corps de JESUS-CHRIST present : que la fignification propre des termes, ne combattant aucun article de foi, on l'abandonnoit fans raifon, puifqu'elle s'accordoit même avec d'autres paffages de l'écriture, où il eft parlé de la prefence de JESUS-CHRIST.

Melanchton ajoûtoit dans cette réponse, que c'étoit un fentiment indigne d'un chrétien, de croire que JESUS-CHRIST eft tellement attaché à une partie du ciel, qu'il y eft comme en prifon qu'Oecolampade oppose seulement quelques abfurditez, & le fentiment de quelques anciens que ces abfurditez apparentes ne doivent point effraïer ceux qui fçavent qu'on doit juger des myfteres par la parole de Dieu, & non pas par des principes geometriques : qu'il peut y avoir quelque contradiction dans les expreffions des anciens; mais que le plus grand nombre des paffages des auteurs les plus confi

dera.

rences,

AN.1529.

LXXXIV.

derables, montre que le fentiment de la préfence réelle a été l'opinion commune de l'égli fe. Il prie Oecolampade de confiderer l'importance de la queftion dont il s'agit, & le danger auquel il s'expofe en foutenant ce qu'il croit fans raison avec tant de chaleur. Il ajoûte qu'il feroit à propos, que quelques gens de bien euffent des conferences enfemble fur ce fujet. Dans la replique qu'Oecolampade fit à cette lettre, il convint de la neceffité de ces confe. & marqua qu'il les fouhaitoit avec ardeur; mais qu'il falloit que les tenans ne fuffent animez d'aucun efprit de difpute & d'orgueil, de peur que s'étant rendus par ces paffions, indignes de connoître la verité, ils ne s'é loignaffent encore davantage les uns des autres. C'eft ce qui détermina le landgrave de Heffe à faire convenir les deux partis, qu'ils s'affem- Conferen bleroient au mois d'Octobre à Marpurg, ville ce de Marde la province de Heffe fur le Lann. Luther, purg entre Melanchton & Jonas y vinrent de Saxe, Zuin- riens & les gle y vint de Zurich en Suiffe avec Oecolam- Zuingliens. pade; Martin Bucer & Hedion s'y rendirent les Cochl. in premiers de Strasbourg, André Ofiander de act.& fcrip. Nuremberg, Brentius de Hall, Etienne Agri- Lath. hoc cola d'Ausbourg, outre plufieurs autres fçavans, Sleidan in an.p. 196. qui s'y trouverent. Avant que de conferer pu- comm.1.6. bliquement enfemble, Luther, Oecolampade, p. 201. Melanchton & Zuingle, eurent une conver- Hofpin, ad fation particuliere le trentiéme de Septembre & in coll. Marp. le lendemain la conference fut publique. Mais Melancht. 1. fes actes ne font ni plus certains ni moins 4. cpift. 88. differens que ceux des autres tenues entre les epift. ad Lutheriens & les Zuingliens; on ne fçait pas ad Henmême certainement qui furent ceux qui difpu- ric.duc. Saterent. Sleidan fuppofe que Luther & Zuingle xon y parlerent feuls, au lieu que Cochlée & Ecapud Luther. kius, qui ne s'y trouverent pas non plus que conc.4.Jen.

D 6

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Slei

les Luthe

an. 1529.

elect. Saxon.

Ibid. &

Pallavic.

C. I.

Sleidan, mais qui en étoient plus proche, fon AN. 1529 tiennent qu'Oecolampade y propofa plufieurs hift. conc. argumens contre la présence du corps & du Trid.l.3. fang de JESUS-CHRIST dans l'euchariftie; & fi la conjecture peut avoir lieu dans une Boffuet. matiere fi embaraffée, il y a plus d'apparence riat. t. 1. in que les Zuingliens confierent plûtôt la défense 4.4.2. art. de leur doctrine à Oecolampade, qui etoit fans 55.p.110. contredit le plus fçavant d'entr'eux, qu'à Bu

hift. des va

cer, qui n'avoit pas lû comme lui les ouvrages des peres, ni tronqué leurs paffages pour favorifer la fecte dans laquelle il étoit entré.

Il paroît qu'avant que d'en venir au point effentiel de l'euchariftie, qui divisoit les deux partis, Luther propofa les articles qu'il reprenoit dans la doctrine des Zuingliens. 1. Qu'il n'y avoit point de peché originel; mais que c'étoit une foibleffe & une maladie originelle & que le baptême ne remettoit pas le peché aux enfans. 2. Que le Saint-Elprit n'eft pas donné par la parole de Dieu & par les facremens, mais fans cette parole & fans ces facremens. 3. Que quelques-uns d'entr'eux étoient foupçonnez de mal penfer de la divinité de JESUS CHRIST & de la Trinité. 4. Qu'ils ne faifoient pas affez valoir la foi pour la juftification, & fembloient l'attribuer aux bonnes œuvres. 5. Enfin, qu'ils ne croïoient pas que le corps & le fang de JESUS-CHRIST fuffent veritablement dans la céne. Zuingle fe lava nettement du foupçon qu'on avoit de fes fentimens fur la Trinité & fur la divinité de JESUS-CHRIST. Il parla long-tems fur le peché orginel, & fur l'effet des facremens; il s'accorda fur ces articles avec Melanchton, en expliquant, ou en retractant fes premieres opinions, de forte qu'ils couvinrent fur tous les articles, à l'exception de celui de la céne,

fur

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AN.15 29.

fur lequel ils ne purent s'accorder. On ne fon-
geoit pas alors à s'amufer les uns les autres.
par des explications équivoques, comme on fit
depuis. La vraïe prefence du corps & du fang
de JESUS-CHRIST fut nettement pofée d'un
côté, & niée de l'autre : on entendit des deux
côtez, qu'une préfence en figure, & une pré-
fence par
la foi, n'étoit pas une vraie pré-
fence de JESUS-CHRIST, mais une pré-
fence morale, une préfence improprement dite
& par metaphore: mais on ne put jamais
s'accorder, foit que la conteftation aiant été
pouflée trop loin, les auteurs y trouvaffent leur
honneur engagé, foit que Luther, voïant une
grande tempête élevée, comme il l'écrivit quel-
que-tems après à un ami, ne voulut pas ren-
dre les princes plus odieux, ni les expofer à
de plus grands dangers, en recevant l'interpre-
tation des Zuingliens fi deteftée par les Catho-
liques; foit enfin qu'on ne s'entendît gueres
dans le fonds, comme Melanchton l'écrivit lui-
même dans deux lettres pour en rendre compte
aux princes:,, Nous découvrîmes, dit-il, que Melanchton
,, nos adverfaires entendoient fort peu la doctri- loco fuprà
,,ne de Luther, encore qu'ils tâchaffent d'en imi-

,, ter le langage.

Le landgrave voïant toutes les démarches inutiles pour la conciliation des deux fentimens, ordonna que les parties en confereroient en fa préfence & devant quelques-uns de fes confeillers, quelques théologiens de Marpurg, & d'autres perfonnes fçavantes. Cette conference dura trois jours. Luther s'attacha uniquement aux paroles de l'inftitution de l'euchariftie qu'il prétendoit être décifives pour la manducation cor porelle Oecolampade parla alors & foutint qu'elles devoient s'entendre metaphoriquement, & d'une préfence fpirituelle: Luther en con

cit.

1

Hift. des

prapofit.

Brem.

P

vint pour la prefence fpirituelle; mais il fouAN.1529. tint qu'elle n'excluoit pas la corporelle. Il y eut plufieurs raifons & plufieurs autoritez apvariat. loco Portées de part & d'autre, fans que ni les uns Sup. cit. ni les autres en fuffent convaincus. Luther parI12. loit avec hauteur felon fa coûtume, Zuingle Hofpinian. montra beaucoup d'ignorance, jufqu'à demanloco citato, der plufieurs fois comment de méchans prêtres Luther.epift. ad Jacob. pouvoient faire une chofe facrée; mais Luther le releva vivement & lui fit voir par l'exemple du baptême, qu'il ne fçavoit ce qu'il disoit. Enfin Zuingle & Oecolampade voïant qu'il n'y avoit pas moïen d'engager Luther à changer de fentimens, & n'en voulant pas changer euxmêmes, le prierent du moins de vouloir bien les reconnoître pour freres; mais ils furent vivement repouffez. Quelle fraternité me de,, mandez-vous, leur difoit-il, fi vous perfiftez dans vôtre créance? C'eft figne que vous en », doutez, puisque vous voulez être freres de ceux » qui la rejettent. Ainfi finit la conference; on dreffa les articles dont on étoit convenu fur la Trinité, fur le peché originel, fur la juftification par la foi, fur l'efficace du baptême, fur P'utilité de la confeffion, fur l'autorité des magiftrats, fur la neceffité du baptême des enfans, & fur la manducation fpirituelle de JESU SCHRIST dans la céne.

LXXXV.
Fin de la.

fans rien

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"

Le landgrave leur dit de plus, que comme conference ils étoient d'accord fur tous ces chefs, il les de Marpurg prioit & leur commandoit même, s'il étoit neceffaire, de s'abftenir à l'avenir de contefter conclure. fur l'article de l'euchariftie. Je prie Dieu, ajoûtat-il, de vous donner les lumieres qui vous font neceffaires pour connoître la verité, & affez de charité pour vous engager à vivre tous en Luther. in paix. Luther interpreta cette charité de celle epift. ad Ja cob. prapof. qu'on doit aux ennemis, & non pas de cette

Brem.

cha

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