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ad hunc ann.

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charité particuliere qui doit être entre les chrétiens d'une même communion. On convint AN,1529. pourtant de ne point écrire les uns contre les autres mais cet accord ne dura gueres. Les fectateurs de la nouvelle doctrine ne furent Raynald. pas plûtôt feparez, qu'ils fe vanterent d'avoir remporté l'avantage, comme c'eft l'ordinaire, & publierent des relations & des écrits contraires. Les efprits s'aigrirent plus que jamais. Luther regarda comme un artifice la propofition de fraternité qui lui fut faite par les Zuingliens, & dit que fatan regnoit tellement en eux, qu'il n'étoit plus en leur pouvoir de dire autre chose que des menfonges. Le landgrave ne fe rebuta pas du peu de fuccès de cette premiere tentati ve, & pour mieux réuffir dans une feconde il entreprit de faire voir aux fectaires, que leur interêt demandoit qu'ils fuffent dans une parfaite intelligence, quoique de differens fentimens, & qu'autrement ils ne pourroient fe foutenir long-tems. Il les affembla à Sulzbac pour LXXXVI. leur propofer fur cela fes avis, & leur com- Autre tenmuniquer fes penfées; mais la plus difficile à landgrave furmonter des antipathies humaines, eft celle pour réunir qui s'eft formée fur des préjugez faux ou veri-les parties. tables en matiere de confcience: le landgrave trouva que les Lutheriens aimoient mieux fe laiffer opprimer pas les catholiques, que de recevoir les Zuingliens à leur communion, & que ceux-ci fortifiez par la ligue offenfive qu'ils venoient de faire avec les cantons Suiffes, ne vouloient plus fe relâcher fur les articles qu'ils avoient abandonnez à Marpurg, bien loin d'a voüer la prefence réelle de JESUS-CHRIST dans l'euchariftie; ainfi l'averfion reciproque des uns pour les autres paffa à un tel excès, qu'ils paroiffoient aimer mieux retourner à la communion catholique, que de fe relâcher de

tative du

part

part & d'autre fur aucun de leurs articles. Non AN.1529 feulement les Sacramentaires ne voulurent plus renoncer à leurs autres opinions qui les feparoient des Lutheriens, outre celle de la réalité du corps & du Sang de JESUS-CHRIST dans l'euchariftie, quoiqu'ils l'euffent offert à la conference de Marpurg: mais encore les Lutheriens s'obftinerent à demander que les Sacramentaires obfervaffent dans toutes leurs égli fes l'ufage que Luther avoit établi pour l'adminiftration des facremens, pour la meffe & les autres ceremonies. Ainfi ce fecond projet du landgrave de Heffe ne produifit pas plus d'effet que le premier.

Affemblée

LXXXVII. Ce prince volant que fes peines étoient indes princes utiles, fe joignit aux autres conféderez qui deProteftans, voient s'affembler tous fur la fin de Novembre & deputez à Smalkalde, dans le deffein d'opposer à l'emdes villes à pereur des forces égales aux fiennes, pour n'en de. être point accablez. Il fit reprefenter à toutes Sleidan in les villes Imperiales qui avoient embraffé le comment 1. Lutheranifme, que Charles V. ne devoit point 7.p.205. être confideré comme les empereurs qui l'avoient

Smalkal

precedé depuis Charlemagne ; qu'outre les couronnes d'Efpagne, il tenoit l'empire comme environné par les dix-fept provinces des Païsbas, par les païs hereditaires de la maifon d'Autriche, par la Hongrie, la Bohême, la Silefie, la Moravie, & la Luface; qu'il venoit de fe reconcilier avec le roi de France, & que les Allemands ne pourroient lui réfifter que foiblement s'ils étoient défunis, au lieu qu'en s'uniffant, ils ne manqueroient pas de moïens pour s'oppofer à la puiffance formidable de l'empereur. Le jour indiqué pour l'affemblée étant arrivé, le prince de Saxe y parut accom pagné de fon fils Jean-Frederic, de même que fes deux freres Erneft & François de Lune

bourg,

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bourg, Philippe landgrave de Heffe, les con-
feillers de George de Brandebourg, le prince AN.15 29.

d'Anhalt & d'autres ; & dans le même tems
leurs députez arriverent d'Italie, & inftruifirent
leurs maîtres de la reception que l'empereur leur
avoit faite à Plaifance. Le fait exposé, on dé-
libera qu'on conviendroit avant toutes chofes
d'un formulaire de foi; mais ceux de Stras-
bourg & d'Ulme s'y étant oppofez, fur ce qu'on
n'étoit point affemblé pour traiter de la doctrine,
mais feulement pour faire une alliance contre
les deffeins de fa majefté imperiale : & ceux des
autres villes aïant dit qu'ils n'avoient point d'or.
dre fur ce fujet; le landgrave ne put faire
conclure pour lors la ligue.

Décret du pape avant

pour Bou

t. I. Cle

Le pape étant prêt de partir de Rome pour LXXXVIII. fe rendre à Boulogne, comme il en étoit convenu avec l'empereur, fit un décret datté du fon départ fixiéme d'Octobre, dans lequel, après avoir expofé les deffeins de fa majefté imperiale, pour logne. s'opposer aux progrès de Soliman qui vouloit Ex Bullar. s'emparer du roiaume de Hongrie, il dit que ment, VII. pour répondre à de fi pieux defirs, & prendre conft. 26. des mefures avec l'empereur pour le couronner Raynald.ad dans Boulogne, comme il le fouhaite, il fe hunc.ann.n. tranfporte avec joïe dans cette ville, laiffant à 75. 77. Rome toutes les lettres apoftoliques, afin que s'il venoit à mourir avant fon retour, l'élection de fon fucceffeur fe fit dans cette capitale de la chrétienté, & nullement dans le lieu de fon decès, ni en aucune autre ville, à moins qu'il n'y eut des obftacles invincibles, que Rome ne fut expofée à l'interdit ou manifeftement rebelle, ou qu'il y eut quelque violence à craindre; alors, continue le pape, je nomme Civita-Caftellana, ou Orviette ou Peroufe, enforte que toute élection faite en d'autres lieux fera. nulle. Le lendemain de la publication de ce

décret,

décret, il partit de Rome précedé de la fainte AN.1529. euchariftie qu'il fit porter avec lui, felon la coûtume des papes, & accompagné de feize cardinaux, de quelques évêques, & de tous les officiers de fa cour. Etant arrivé à Boulogne il alla defcendre à l'églife de faint Pierre, d'où le clergé, fon prélat à la tête, vint au-devant de lui pour le recevoir fuivant fa dignité, & le vingt-neuviéme du même mois il tint un confiftoire pour regler avec les cardinaux la céremonie du couronnement.

Charles V.

LXXXIX. L'empereur de fon côté s'avançoit toûjours Arrivée de vers la même ville, & quand il fur à Caftell'empereur franco qui en eft éloignée de quinze milles à Boulo- prefque tous le cardinaux fortirent par la porte gne. de faint Felix, & fe rendirent auprès du moGuice.1.19. naftere des chartreux à une demie lieuë de la Paul Jour ville pour l'y attendre. Auffi-tôt qu'il parût de Raynald.ad loin tous s'avancerent, & le cardinal Farnefe bune ann.n. en qualité de doïen, le harangua au nom du 82.83.

hift.ll. 27.

XC. Reception

pape & du facré college. Charles V. répondit en peu de mots, fe mit entre le cardinal doïen, & celui d'Ancone, qui le conduifirent chez les chartreux, où on lui avoit preparé un logement, pour faire fon entrée dans Boulogne le lende main qui étoit le cinquième de Novembre : les trois cardinaux légats le quitterent deux lieuës avant qu'il arrivât, pour en informer fa fainteté; alors tous les fenateurs fortirent de la ville à cheval & en habit de céremonies, enfuite ils marcherent deux à deux devant lui comme pour le conduire & lui faire faire place.

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L'univerfité en corps, & tous ceux qui avoient qu'on lui quelques charges dans la ville allerent auffi fait dans au-devant plus de deux cens pas hors les porcette ville. tes de la ville. Les plus confiderables d'entr'eux Guicc. ut portoient un dais de brocard d'or & de velours Paul Jove Cramoifi, fous lequel étoit l'empereur en habit

Supra.

ibid.

de

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AN.1529.

de guerre, faifant paroître un air martial, qui
infpiroit de la veneration & du refpect. Imme-
diatement après lui venoit Antoine de Leve
capitaine d'une grande réputation, fort âgé,
monté à cheval, & pleurant de joie de fe voir
encore en vie après cinquante campagnes où il
avoit reçû prefque autant de bleffures, & fi
particulierement honoré dans cette ceremonie.
André Doria venoit après en qualité de grand-
amiral, enfuite l'aigle Romaine en or, portée
par le vice-gonfalonier de l'empire, fuivi des
officiers & domeftiques de la maifon de l'empe-
reur. On marcha dans cet ordre au fon des
trompettes, des tambours & des fiffres jusqu'à la
place de l'églife cathedrale, où l'on avoit dreffé
un grand & large échaffaut couvert de riches
tapis, fur lequel étoit affis le pape en habits
pontificaux, portant la triple couronne, & où
il attendoit l'empereur. En arrivant Charles V.
defcendit de cheval plus de vingt pas loin de
l'échaffaut au milieu de plus de foixante am-
baffadeurs, & des plus grands feigneurs de fa
cour: il s'approcha marchant au milieu des deux
cardinaux Farnefe & d'Ancone, & monta ainfi il eft reçû
les degrés pour aller fe mettre aux genoux du du pape."
pape & lui baifer les pieds; mais le fouverain
pontife retira fon pied, fe leva aufli-tôt, & re-
levant l'empereur, le baifa aux deux jouës, &
après avoir écouté débout le compliment qu'il
lui fit en Espagnol, il lui répondit en Italien
pour lui marquer la joie qu'il reffentoit, & l'ef-
perance qu'il avoit de voir bien-tôt la paix re-
tablie dans l'églife & dans toute l'Europe.

Après ces complimens de part & d'autre,
Charles fit préfent au pape d'une caffette d'ar-
gent, ou y il avoit des médailles d'or du poids
de douze livres, & fa fainteté donna à l'empe-
reur une aigle imperiale d'or du poids de deux

XCI. Comment

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