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ANJ529.

XCII.

ziculieres

livres & enrichie de pierreries très-precieufes ; tous deux enfuite defcendirent de l'echaffaut par les mêmes degrès, l'empereur étoit à la gauche du pape, & avoit le chapeau fur la tête, & le pape portoit la triple couronne. 11 accompagna fa majefté imperiale jufqu'à la porte de l'églife où il prit congé d'elle, & fe retira dans fon appartement avec les prélats & fes cardinaux. Cependant l'archevêque & fon clergé reçurent l'empereur à la porte, lui préfenterent de l'eau-benite, & l'accompagnerent en habits facerdotaux jufqu'au grand autel, devant lequel il fit fa priere à genoux, & enfui te l'évêque & le clergé accompagné des offi. ciers de fa fainteté, des magiftrats de la ville & des principaux feigneurs de la cour, le reconduifirent jufques dans l'appartement qu'on lui avoit preparé proche celui du pape.

Pendant le féjour que le faint pere fit à BouSes confe- logne, l'empereur lui rendit fept vifites, dans rences par-lefquelles il eut de longues conferences avec avec le fou- lui, dont plufieurs furent fecretes. Le pape ne verain pon- le vifita que trois fois en ceremonie; mais dans tife. ces vifites il ne lui parla gueres que des affai res qui lui parurent importantes. Dans la premiere il lui recommanda avec ardeur, les interêts de François Sforce troifiéme du nom, qui avoit été chaffé du duché de Milan, dans le quel il avoit fuccedé à fon frere Maximilien, & comme l'empereur avoit paru écouter favorablement la recommandation du pape, Sforce qui en fut averti, fe rendit à Boulogne, & alla fe jetter aux pieds de ce prince par le confeil même du pape.

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L'empereur après l'avoir laiffé parler à geL'empe- noux, durant quelques momens, le fit relever, reur rétablit & lui dit avec douceur en préfence des ambas François fadeurs Venitiens: Vous m'avez fenfiblement Sforce dans

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AN.1529.

le duché de

Ant. de Ve

offenfé par l'infidelité que vous m'avez faite & je ne manquerois pas de moïen, fi je voulois m'en venger; l'inveftiture du duché de Mi- Milan. „, lan, qui m'a été donnée par Maximilien mon Guicel. 19, ,, ayeul, feroit une prétention fuffifante pour Paul Jove le retenir. Et fi je voulois avoir égard aux 1. 26. droits de la guerre, j'aurois de bonnes raifons pour en demeurer maître. Je veux pour-Charles V. tant bien vous retablir, tant pour rendre la p. 177. paix plus generale en faveur de fa fainteté Sleidan. in & de la république qui m'en ont prié, que 6.p. 202. ,, pour fuivre mon inclination naturelle, qui me edit, 1556, » porte à perdre plûtôt ce qui m'appartient, que

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En

de donner lieu de foupçonner feulement que je vouluffe prendre le bien des autres.,, confequence de ces fentimens de fa majefté imperiale, le duché de Milan fut reftitué à Sforce, avec l'inveftiture imperiale, fous la condition de païer cent mille écus comptant à l'empereur, & cinq cent mille dans l'efpace de dix ans, en dix paiemens, & d'époufer Chriftine fa niéce fille du roi de Dannemarck.

Le duc de Ferrare aïant offert de prendre Pempereur pour arbitre & pour juge de fes differends avec le pape, fon offre fut acceptée. Clement VII. ne croiant pas pouvoir faire rien de plus avantageux pour lui que de se soumettre à la decifion de Charles V. qui s'étoit déja engagé par le traité de Barcelonne, à lui faire rendre Modene & Reggio, & lui aider à fe mettre en poffeffion de Ferrare. Quant aux Florentins ils ne voulurent point entendre parler d'accommodement avec le pape, à moins qu'on ne les affurât de conferver leur liberté, qu'ils étoient refolus de défendre jufqu'à la der niere goûte de leur fang. Ils offroient pourtant de l'acheter par une fomme d'argent; mais les prétentions du pape leur aïant déplû, ils fe retirerent fans rien accorder, Quoi

ra hift. de

comment.I.

AN.1529

XCV. L'empereur veut faire con

fentir de pape à un concile.

Quoique ces affaires feculieres donnaffent de l'occupation à l'empereur, il étoit encore plus embaraffé de celles de l'églife, qui étoient plus importantes & bien plus preffantes. Il voïoit, avec peine le inépris que les Proteftans faifoient de l'édit de Wormes, qui leur défendoit toute profeffion publique du Lutheranifme, mais Pallavic. comme il avoit befoin d'eux, pour l'aider à chaffer les Turcs de Hongrie, il vouloit les menager. Il crut donc fon devoir & fon interêt l'engageoient à leur accorder le concile libre qu'ils demandoient, & il emploïa la plus grande partie du féjour qu'il fit à Boulogne, à faire goûter au pape cette propofition, mais il ne put y réüffir.

hift. conc. Trid. 1.3.

cap. 7.

XCVI.

vouloir de

concile.

cit.

que

Clement VII. qui ne craignoit rien davantage Raifon du qu'un concile, fur-tout, s'il fe tenoit librement pape pour & de là les Monts où on n'étoit pas fi favone point rable à fes prétentions, emploïa toutes fortes de raifons pour perfuader à l'empereur que le Pallavic. concile, bien loin de pacifier les troubles d'Alloco fuprà lemagne, y ruineroit l'autorité même imperiale. Fra-Paolo Il remontra que l'herefie avoit infecté le peuple bift. conc. & les princes dont l'empire étoit compofé; que Trid.l.6. le peuple n'auroit pas plûtôt obtenu la permiffion de révoquer en doute les matieres de la religion, & de demander un plus grand éclairciffement fur un fujet fi délicat qu'il préten droit fe mêler du gouvernement, & diminuer à fa mode l'autorité de fes maîtres; étant probable qu'il n'épargneroit pas la jurisdiction temporelle, fi jamais on lui permettoit d'examiner la puiffance ecclefiaftique. Qu'il étoit bien plus aifé de résister aux premieres demandes d'une populace, que de la contenir dans les bornes du devoir & de la juftice, quand une fois on lui a rélaché quelque chofe pour la

contenter.

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Quant

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AN.1529.

ann. 1529.

Quant aux princes, qui demandoient le concile, le pape ajoûtoit qu'ils n'agiffoient pas par Vide Palla un motif de pieté, mais par un pur interêt. Qu'ils vic. hift. n'avoient embraffé l'herefie, que pour poffeder conc. Trid. les biens ecclefiaftiques qu'elle leur offroit, & lib.3.c.2. pour devenir tout-à-fait abfolus, en ne dépen- Rayn, hoc. 3 dant point de l'empire, & ne penfant qu'à se n.48.& feq. fouftraire de l'obéiffance de l'empereur. Que 5 s'il y en avoit encore quelques-uns exempts de cette contagion, c'étoit faute d'avoir penetré ce fecret; mais que venant à le découvrir, ils ne manqueroient pas d'imiter les autres. Que fans doute les papes perdroient beaucoup en perdant l'Allemagne, mais que l'empereur & la maifon d'Autriche y perdroient encore davantage. Que le meilleur expédient étoit d'exercer rigoureusement fon autorité, pendant que la plupart des villes obéiffoient, & de venir promptement aux remedes, avant que le parti contraire s'accrût davantage, par la découverte des commoditez de cette nouvelle religion; ce que l'on ne pouvoit faire, fi l'on continuoit à parler de concile, parce qu'il falloit des années pour l'aflembler, & que rien ne s'y pouvoit traiter qu'après de longues déliberations: outre qu'il furviendroit mille empêchemens de la part d'un grand nombre de perfonnes, qui pour leurs inte rêts particuliers en empêcheroient, ou du moins en retarderoient la tenue fous diverses prétextes, pour faire enfuite tout manquer.

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Il difoit encore qu'il n'ignoroit pas, que + c'étoit le bruit commun que les papes ne veu. lent point de conciles dans l'apprehenfion qu'on n'y donnât atteinte à leur autorité; mais qu'il n'en penfoit pas ainfi, parce que JESUS-CHRIST, de qui il tenoit immediatement toute fa puif fance, avoit promis que les portes de l'enfer ne prévaudroient point contre l'églife: de plus,

ajoû.

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ajoûtoit-il, l'experience du paffé montre que AN.1529 Pautorité pontificale n'avoit jamais été diminuée par aucun concile, qu'au contraire elle avoit toûjours été reconnue pour abfolue & fans bornes, comme elle l'eft veritablement selon les paroles de JESUS-CHRIST. L'empereur pouvoit lui répondre que ces paroles de JESUS-CHRIST s'entendoient de toute l'églife, & non du pape, ni de la cour de Rome en particulier, & qu'ainfi fes raisons tomboient d'elles-mêmes, étant appuiées fur un faux principe; mais Charles lui laiffant étaler toutes fes prétentions, il ajoûta encore, que quand les papes s'étoient abftenus, ou par humilité, ou par quelque autre motif, d'exercer leur puif fance toute entiere, les peres des conciles les avoient toûjours portez à s'en fervir dans toute fon étendue. Que tous les conciles tenus par les papes, foit contre les heretiques, foit pour d'autres befoins de l'églife, avoient toûjours augmenté cette autorité; & que d'ailleurs laif. fant à part la promeffe de JESUS-CHRIST, qui eft l'unique fondement du pontificat, le concile ne pouvoit manquer d'être utile au pape, étant compofé d'évêques, dont le veritable interêt eft de foutenir la grandeur papale, qui leur fert d'appui contre les entreprises des prin ces & des peuples. Qu'il étoit de l'interêt des rois & des autres fouverains habiles dans le gouvernement, de favorifer toûjours l'autorité apoftolique, n'aïant pas d'autre moïen pour reprimer les prélats, qui paffent les bornes de leur pouvoir. Qu'enfin il pouvoit prophetifer que le concile produiroit encore de plus grands défordres en Allemagne, parce que ceux qui le demandoient, fe fervoient de cette de mande, comme d'un prétexte pour demeurer dans leurs erreurs, jufqu'au tems de la celebra

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