Od. 4, 197 11. 24, 525. dant les Médecins en emploient les pieds & les aîles, pour arrêter l'effet de leur venin. Ainfi, dans les Poëtes, un mot une expreffion peuvent corriger des penfées qui préfentent un fens vicieux, & en affoiblir l'impreffion. C'eft par-là qu'on éclaircit ce qu'un paffage peut avoir d'équivoque, comme dans ces vers d'Ho mere : Preflés par la douleur les mortels malheureux S'abandonnent aux pleurs, s'arrachent les cheveux. & dans ceux-ci déja cités : Aux humains malheureux les dieux dans leur colere, Filent des jours tiffus de peine & de mifere. Il ne dit pas que les Dieux filent à tous les humains des jours de peine & de dou tarque; elle n'eft point mortelle. C'eft leur ufage intérieur qui en fait un des poisons les plus violens. Nous avons dans l'antiquité plufeurs exemples de gens qui fe font empoilonnés en avalant des cantharides. Les parties odorantes qu'exalent ces infectes, font trèscorrofives; on ne doit les ramafler qu'avec précaution. leur; mais à ceux qui n'ont ni raison ni prudence, & qu'il appelle malheureux ou miferables, parce que le défaut de fageffe les rend dignes de pitié. Bien connoî des termes, tions. Il est un autre moyen de donner à.7, Regle ces paffages équivoques, une explication tre la véritafavorable, & de prévenir les mauvais ef- ble propriété fets qu'ils pourroient produire. C'eft de & leurs difaire bien connoître aux jeunes gens la verfes acceppropriété de certaines expreffions familieres aux Poëtes, plutôt que de s'arrêter à l'explication des termes extraordinaires & inufités qui s'y rencontrent (1). C'eft, par exemple, une forte d'érudítion qui peut avoir quelqu'agrément, que de favoir que le mot riguedaneh, fignifie une mort funefte, parce que les Macédoniens appellent la mort danos; que chez les Etoliens, cammonich fignifie une victoire qui eft le fruit du travail & de la patience que les Dryopes appellent les Démons Popoi. Mais une connoiffance bien plus utile & plus néceffaire, pour : ( 1 ) Mot-à-mot: Les Glofes. Les Grecs appelloient arra les mots 'extraordinaires, empruntés des autres pays, on furannés & inufités, tels que ceux que Plutarque rapporte enfuite. C'eft pour l'explication de ces termes extraordinaires que font faits les Ouvrages nommés Gloffa veteres. Od. 5, 42. tirer du fruit de la lecture des Poëtes; c'eft Sa fuperbe maifon dans les airs élevée. Quelquefois les biens, les richeffes, comme dans celui-ci : Ib. 4, 318. Par tous ces raviflèurs ma maison dévorée Biotos fe prend fouvent pour vie. 11. 13,562. Mais le Dieu de la mer qui veille fur fa vie, Affoiblit tous les coups dont elle eft affaillie. Il fignifie richesse dans le paffage fui Od. 13', 419. vant : D'avides étrangers qui confument ma vie. Homere fe fert du verbe aluein tôt pour fe chagriner, fe livrer à la douleur : Il. 5, 352. La décsse à ces mots de douleur transportée : Tantôt tantôt pour s'enorgueillir, fe laiffer aller à une joie exceffive: La défaite d'Irus énorgueillit ton cœur ? Thoazein fignifie fe mouvoir, s'agi- ripide: Des flots de l'Océan un monftre affreux s'élance. ou bien, étre affis, comme dans Sophocle: Od. 8, 532. Que veulent ces enfans près de l'autel affis Ed. Tyr. v. Qui ceints de rameaux verds frappent l'air 2, &c. de leurs cris (1)? termes avec Pour s'affurer du vrai fens de certains Comparer les termes, qui comme l'enfeignent les les fujets dans Grammairiens, changent de fignifica- lefquels on les tion felon l'ufage qu'on en fait, il faut (1) Mot-à mot: Pourquoi êtes-vous affis fur ces fiéges, couronnés de branches fuppliantes? Les fupplians portoient des branches d'olivier, & s'affeyoient près des foyers ou des autels. C'étoit dans quelques pays la maniere de fupplier la plus refpectée même dans les ennemis. Voyez dans Plutarque, Thémiftocle chez le Roi d'Epire. F emploie. Op. & Di, L. 2, 261. les comparer avec les matieres que Que d'autres faffent cas des plus petits vaiffeaux. Moi, c'eft fur les plus grands que j'affronte les flots. le mot ainein qu'il emploie pour, faire cas, fignifie la même chofe qu'epai nein qui proprement veut dire louer. Mais ici il fe prend pour refufer; comme dans le langage ordinaire, nous difons: je vous remercie: je vous fuis très-obligé, lorfque nous ne voulons point de quelque chofe qu'on nous offre. Auffi veut-on que le nom d'Epainch qu'on donne à Proferpine, & qui fignifie louable, déLes noms figne que c'eft une Déeffe redoutable & Яes Dieux. funefte. Mais pour appliquer cette diftinction qui regarde les mots à des objets plus importans, apprenons d'abord aux jeunes-gens, par rapport aux Dieux, que les Poëtes emploient leurs noms, tantôt pour les défigner eux-mêmes, tantôt pour exprimer certaines facultés qu'on leur attribue, & auxquelles on donne les noms mêmes des Dieux. Dans les vers fuivans , par exemple, il est évident que c'eft le Dieu Vulcain lui-même que le |