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tout le but des Inftituteurs doit être de former des hommes vertueux, mais toujours par les voies de la douceur & de la perfuafion.

De l'éducation du premier âge, il paffe à celle de l'adolefcence, cet âge vif & bouillant qui demande bien plus de précautions & de foins que celui de L'enfance. C'est alors für-tout qu'il veut qu'on écarte d'eux, les hommes dont la Jociété pourroit les pervertir. Il trace avec beaucoup d'énergie le portrait de ces hommes corrompus qui tendent des pieges à l'innocence de la jeunesse, & ne réuffiffent que trop à la féduire. Il exige beaucoup d'indulgence pour les jeunes gens, dont Jans cela on aigrit le caractere, & finit par prefcrire aux parens de fe garantir eux-mêmes de tous les vices, afin d'en infpirer l'aversion à leurs enfans, & les porter par leur exemple à l'amour & à la pratique de

la vertu.

On voit par cette analyfe que ce traité d'éducation ne contient guere que des préceptes généraux, & en effet c'est ce qu'on peut faire de mieux en pareille matiere. Les caracteres font fi variés, les circonstances, les fituations, & les refources particulieres mettent tant de nuances dans l'application des principes, que les détails dans lefquels on entre, en

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écrivant fur l'éducation, font au moins. inutiles, fi même ils n'expofent à des méprifes dangereufes. Le grand art de L'Inftituteur eft de bien étudier le caractere de fon éleve, de difcerner fes penchans & fes goûts, d'en profiter habilement pour le porter au bien, & de favoir appliquer à propos les principes genéraux dont il a dû Je bien pénétrer,

SUR

L'ÉDUCATION

JE

DES EN FAN S.

ter avec foin

E me me propofe d'examiner ici, quels Les parens principes on doit fuivre dans l'éducation doivent (vides enfans (1); & par quels moyens que la genon peut les conduire plus sûrement à la ration des en

fans ne foit vertu. Pour ne rien oublier fur une ma- fouillée de

che.

tiére fi importante, je crois qu'il eft quelque sautile de remonter jufqu'à la génération même des enfans. La premiere regle que j'établirai à cet égard, c'est que les peres qui veulent affurer à leurs enfans l'eftime & la confidération publique, ne doivent s'allier qu'à des femmes honnêtes

(1) Plutarque ajoute, des enfans de condition libre: quoiqu'il n'y ait plus d'esclaves parmi nous, il eft cependant des enfans d'une condition fi baffe, qu'une éducation pareille à celle dont les principes vont être expofés, deviendroit impraticable à leur égard..

A j

Eurip. Herc. Fur. V. 1261.

& vertueufes. La mauvaife réputation
des parens,
eft pour les enfans un op-
probre qui fe répand fur tout le cours de
leur vie, & les expofe aux reproches les
plus amers.

C'eft une tache ineffaçable,

Que de tenir le jour d'une mere coupable, a dit avec raifon Euripide. Rien n'infpire plus de confiance & plus d'élévation, que l'avantage d'une naiffance irréprochable, & c'eft un bien que tout pere qui s'intéreffera véritablement à la gloire de fes enfans, fera jaloux de leur procurer. (1) Mais rien aufli ne rabaiffe & n'humi lie davantage qu'une naiffance déshonorée par quelque tache (2). Ce qui fait dire au même Poëte:

(1) Le texte dit fimplement; qui defirent de mettre au monde des enfans légitimes. L'idée m'a paru trop vague, & je me fuis cru permis de la déterminer à un fens qu'autorife ce qui précéde & ce qui fuit.

(2) Plutarque employe, pour caractériser une naiffance fouillée de quelque tache, deux expreflions métaphoriques; ὑποχάλκιν καὶ κί dor, qui font prifes de la monnoie. La premiere fignifie une piece de monnoie d'airain ou de cuivre, fur laquelle on avoit appliqué une feuille d'or ou d'argent. La feconde marque une piece d'or ou d'argent; mais avec l'alliage d'un métal moins précieux.

Des vices des Paréns le honteux affemblage,
De l'ame la plus fiere amortit le courage.

Ceux au contraire, dont les parens jouiffent de l'eftime publique, en conçoivent une noble affurance. «Tout ce » que je veux, difoit fouvent Diophante, >> fils de Thémiftocle, le peuple d'Athènes » le veut auffi. Car, ajoutoit-il, tout ce que » je veux, plaît à ma mere; ce qui plaît à » ma mere, eft agréé par Thémistocle, » & la volonté de Thémistocle, fait la

regle de celle des Athéniens» (1). C'est fans doute, par un effet de cette grandeur d'ame, que les Lacédémoniens condamnerent à une amende Archidamus

leur Roi, pour avoir époufé une femme de petite taille; il vouloit, difoient-ils leur donner des Roitelets, au lieu de

Rois.

Ajoutons ici une obfervation qui n'a pas échappé à ceux qui ont traité cette matiere avant moi c'eft qu'un homme marié, lorsqu'il veut devenir pere, doit

(1) Plutarque, dans la vie de Thémistocle, met dans la bouche du pere ce qu'il fait dire ici au fils. Thémistocle difoit de Diophante, qu'aucun des Grecs n'avoit plus de puiffance que lui.

424.

Hipp.

Plut. vie d'Agefila

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