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différens gen

caractere doux & modéré, de fe maintenir fans envie dans la bonne fortune (1): c'eft le propre d'un homme fage, de foumettre la volupté au joug de la raifon; il faut une vertu rare, pour maîtrifer la colere. Mais, felon moi, les hommes parfaits font ceux qui fachant unir à l'adminiftration des affaires publiques, la pratique de la philofophie, peuvent jouir des deux plus grands biens de la vie humaine: l'un, d'être utile au public, par une fage administration; l'autre, de goûter, dans le fein de la philofophie, les charmes d'une vie heureuse & tranquille.

Entre les Trois genres de vie différens partares de vie qui gent tous les hommes. La vie active partagent les la viefpéculative, & la vie voluptuense (2).

kommes,quel

(1) Les leçons ordinaire portent, ro μer yap εὐγενῶς εὐτυχεῖν, ἀνδρός. τὸ δὲ ἀνεπιφθόνως, υηνία ἀνθρώπε. Heuman propole de lire au premier membre, tuyes aтuxe, & de rejetter au fecond, Euruxeiv. Cette conjecture porte avec elle un tel caractere d'évidence, que je n'ai pû me refufer à l'adopter.

(2) Par la vie active, il faut entendre celle d'un homme d'Etat livré à l'adminiftration des affaires publiques. La vie fpéculative eft cel'e d'un Philofophe appliqué, ou à la contemplation des chofes naturelles, ou à la méditation des vérités morales. Les anciens, & fur-tout

Celle-ci, livrée aux plaifirs & à la mo- eft le plus parfait ? leffe, nous rend femblables aux bêtes, & ne mérite que nos mépris. La vie purement spéculative eft fans utilité; & la vie active, quand elle n'eft point éclairée par la fpéculation, nous expofe à beaucoup d'erreurs. Il faut donc, autant que les circonftances le permettent, joindre à l'adminiftration politique, une étude férieuse de la philofophie. Telle fut la pratique de Periclès, d'Archytas de Tarente (1), de Dion & d'Epaminon

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les Romains, faifoient peu de cas de ce dernier genre d'occupation. Ils regardoient la vie d'un Philofophe comme un loifir inutile au public, & infructueux à lui-même. Cependant, les hommes d'Etat les plus fenfés, avouoient la néceffité d'unir à l'adminiftration publique l'étude de la Philofophie morale. Celle-ci eft comme le flambeau de la Politique; elle en prévient les abus, dont le plus affreux eft le defpotifme, & dirige fes vues & fes efforts vers la félicité publique. Platon difoit que le vrai moyen de voir les peuples heureux, feroit que les Rois fuffent Philofophes, ou que les Philofophes fuffent Rois. Un des traités de Plutarque a pour objet de prouver que les Rois doivent être inftruits.

(1) Archytas de Tarente avoit étudié la Géométrie fous Platon, & fut un des plus fameux fectateurs de la doctrine de Pythagore.

jeunes gens

das. Ces deux derniers avoient été dif

ciples de Platon.

Former les (1) J'ajoute encore qu'il eft utile & par la ledure même néceffaire d'acquérir les ouvrages des anciens. des anciens, & d'en faire provifion,

Les dreffer

aux exercices

du gymnafe.

comme un laboureur fe fournit des inftrumens aratoires: car les livres font, pour ainfi dire, les inftrumens de nos connoiffances, & c'eft delà, comme d'une fource abondante, que la fcience découle dans nos ames (2).

Que les jeunes gens aillent aux gymnafes, & qu'ils s'y exercent affez longtems, pour acquérir la force & la vigueur du corps, autant que la bonne

grace

(1) Le texte ajoute : je ne crois pas que je doive m'arrêter à parler plus long-temps fur l'inftruction.

(2) Tous les Commentateurs ont jugé que ce paffage, tel qu'il eft dans les éditions ordinaires, avoit befoin de réforme. J'ai fulvi celle d'Heuman, qui met une parenthese depuis τὸν αὐτὸν τρόπον, jufqu'après Βιβλίων ἐςὶ, & qui retranche à la fin de la phrase le verbe συμβέβηκεν, faifant dépendre ρεῖν δ' ἀναγκαῖον ἐσὶ. Au lieu de peîv, les éditions portent les unes Type, les autres repev, qui fignifient conferver. pey, qui veut dire couler, me paroît convenir beaucoup mieux à la penfée de l'Auteur, & au contexte de fa phrafe, où il compare l'ufage des livres à une fource d'où la fcience découle, and anys.

Rep.

& la foupleffe. Une jeuneffe faine peut feule procurer une bonne vieilleffe. Dans le calme on doit fe préparer contre la tempête de même dans le jeune âge, on doit par une vie fage & tempérante, fe ménager une vieilleffe heureufe. Mais ces exercices doivent être pris avec modération, pour ne pas mettre les jeunes gens hors d'état de s'appliquer à l'étude des lettres. Platon l'a dit: la fatigue & L. 7. de la le fommeil font ennemis des fciences. Il n'eft pas moins effentiel (1) de Aux exer. dreffer les jeunes gens aux exercices militaires, à lancer des javelots, tirer de chaffe. l'arc, & aller à la chaffe. A la guerre, les richeffes des vaincus font le prix des vainqueurs; mais les corps mollement nourris à l'ombre, ne font pas propres aux fatigues militaires. Un foldat maigre & Aluet bien exercé aux combats, eft en état de repouffer les Athletes les mieux armés (2).

(1) Le Grec ajoute : Mais à quoi tend ce que je viens de dire? je me hâte maintenant den venir à ce qu'il y a de plus effentiel. Ces fortes de tranfitions peuvent être fupprimées, fans faire rien perdre à l'Auteur que l'on traduit.

( 2 ) Au lieu de άθλητων καὶ πολεμίων, je lis καὶ πολεμίων ἀθλητων. Un foldat armé auroit cu peu de gloire à vaincre des Athletes, qui ne

cices militaires & à la

l'objection

Réponse à Ici je crois entendre quelqu'un me dire: que l'éduca- Vous nous aviez promis des préceptes fur tion qu'il con- l'éducation des enfans de condition libre; convenir qu'à mais vous négligez abfolument les pauvres, des enfans ri- & les gens du peuple, pour ne vous oc

feille ne peut

ches.

cuper que des riches. Il m'eft facile de
répondre à cette objection. Je fouhai-
terois fans doute que mes préceptes puf-
fent être mis en pratique par tous les
parens. Mais s'il en eft que leur indi-
gence mette dans l'impoffibilité de les
fuivre, qu'ils en accufent la fortune, &
non pas mes confeils. Tous les parens
doivent s'efforcer de donner à leurs en-
fans, l'éducation la plus parfaite. Ceux
qui ne font pas affez riches pour
cela,
fe borneront à ce que leur fortune leur
permettra de faire ( 1 ).
(1).

l'étoient pas; ce que Plutarque lui feroit faire, s'il avoit mis des Athletes & des ennemis.

(1) L'éducation chez les anciens, n'étoit pas gratuite, & chaque fcience, chaque arr avoit des maîtres différens. Delà naiffoit la difficulté de pouvoir parcourir le cercle de toutes les parties d'une éducation honnête, & de prendre les leçons de ces divers maîtres, dont quelques-uns les faifoient payer fort cher. Cependant, malgré cette difficulté, les Grecs, qui, felon le témoignage d'Horace, uniquement avides de gloire, ne ménageoient rien Art. Poëtiq pour la mériter: Præter laudem nullius ava

V. 324.

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