Ily a long-tems que le Pere du Baudory avoit formé le projet de faire adminiftrer le faint Baptême aux enfans prêts d'expirer chez leurs parens Infideles. La difficulté étoit d'avoir entrée dans leurs maifons, furtout à préfent que les feules apparences d'une Religion profcrite par un Edit flétriẞant, les indifpofent extraordinairement contre ceux qu'ils foupçonnent d'étre Chrétiens.

Plein de confiance en Dieu, le Miffionnaire employa d'abord à cette bonne œuvre quelques, Catéchifles, principalement des femmes Chétiennes déja fur l'âge, lesquelles ont plus d'ac

cès dans les familles que les hommes. Les premiers fruits qu'il en retira, l'encouragerent, & il fit de nouveaux efforts pour augmenter le nombre de ces fortes de Catéchiftes. Il deftina les unes pour la Ville les autres pour la Campagne il affigna à chacune fon diftrict, avec ordre de marquer fidele ment le nombre des enfans qui· mouroient après le Baptême,& de lui envoyer la lifte tous les mois, il leur fit diftribuer la formule du Baptême avec une courte instruction fur ce qui eft néceffaire pour fa validité; & afin de s'affurer de leur capaçité dans une matiere de cette

importance, il les fit venir la Ville un jour de Fête, & les examina fur la maniere dont elles adminiftroient ce Sacrement.

Le fuccez furpaßa fes espérances: depuis le mois de Nozvembre de l'année 1726 jusqu'à la fin d'Octobre de l'année fuivante 1727, la liste des enfans morts aprés avoir été baptisez, Je trouva monter à mil fept cens "quatorze de forte qu'en y joi gnant les enfans baptifez pendant la cherté du ris, il se trou-ve que par le zele & les foins du Pere du Baudory, en l'espace d'une feule année, 415I enfans ont été placez dans le Ciel. Le

nombre

LETTRE

DU P. PARENNIN

MISSIONNAIRE

DE LA COMPAGNIE DE JESUS, Au Pere D. H. de la même Compagnie.

A Peking. Ce 16′
Septembre 1727.

M

ON REVEREND PERE

La Paix de N. S.

Voici la quatriéme Lettre que j'ai l'honneur de vous écrire

XIX. Rec.

A

au fujet des Princes Chrétiens de la Chine; ils continuent à nous donner d'admirables exemples des vertus les plus fublimes, & fur-tout d'une conftance à toute épreuve dans la Foi. Les perfonnes de pieté à qui vous en ferez part, en feront fans doute édifiées : & peut-être que fenfibles à la feule confolation qui nous reste dans ce tems de trouble, elles nous aideront par leurs prieres à remercier le Pere des Miféricordes, de ce qu'il a bien voulu faire triompher la Religion de Jefus-Chrift au milieu d'une Cour, où elle n'eft connuë que pour être profcrite & perfécutée.

Quoique l'attachement de ces Princes à la Religion Chrétienne ait été la principale caufe des mauvais traitemens qu'on