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qu'il accable d'injures, & qu'il traite d'infenfez pour s'être faits » Chrétiens. » Le comble de leur » folie, ajoûte l'Empereur; est » de dire qu'ils font prêts à ver

fer tout leur fang pour une telle » cause. » C'est ainfi que fans le vouloir, ce Prince fait le plus magnifique éloge de ceux dont il prétend cenfurer la conduite, Les Juges ne doutoient pas que dès qu'ils auroient rapporté cette affaire, les Princes ne fuffent exécutez à mort le même jour. C'est pourquoy comme ils devoient la rapporter le 8 de Juin, jour de la très fainte Trinité, dès le matin ils firent préparer ce qui étoit néceffaire pour cette exécution on dreffa les poteaux dans le Tsaiche, c'est-à- · dire dans la place publique: les foldats avec leurs Officiers furent poftez dans la place &

dans

dans les rues, où devoient paffer les prétendus criminels. Tout ce fracas remua le peuple: chacun s'arrêtoit, & demandoit de quoy il s'agiffoit ? Les foldats répondoient qu'on alloit couper en piéces les fils de Sounou, parcequ'ils étoient Chrétiens. L'Eglife des Peres Portugais étant fur la ruë où paffent ceux qu'on conduit au fupplice, ils furent informez des premiers de cette nouvelle le bruit & le mouvement du peuple.

par

Deux de ces Peres en allerent auffi-tôt faire part à M. l'Ambaffadeur de Portugal chez qui j'arrivai un moment après eux. Il nous répondit qu'il comptoit parmi les plus beaux jours de fa vie, celui de s'être trouvé à Peking au triomphe de ces heros du Chriftianifme. XIX. Rec.

F

M. le Comte Sava Ouladiflavifek Plénipotentiaire de Sa Majefté Czarienne en cette Cour, n'avoit d'autre regret en la quittant, que de ne pouvoir être le témoin de la fin glorieufe de ces illuftres Confeffeurs de J. C. Il me pria inftamment de l'en inftruire, & il ajoûta qu'il demanderoit fans ceffe au Seigneur leur perfeverance dans la foy. Plus de vingt Catholiques qui étoient à la fuite de cet Ambaffadeur, faifoient les mêmes vœux, & ne doutoient pas qu'après un fi long exil & tant de peines fouffertes pour la foy, ces Seigneurs ne consommaffent enfin leur facrifice par une mort précieuse.

Le plus illuftre de ces Meffieurs étoit M. l'Abbé Cruffala Prêtre Dalmatien Historiogra

phe de la Cour Ruffienne, il fe faifoit fans ceffe raconter dans le plus grand détail l'hiftoire de ces Princes & toutes les circonftances de leur perfécution, pour en faire part dans la fuite aux Catholiques de fa nation.

. Cependant les Domestiques & les efclaves de ces Seigneurs hommes & femmes, ceux inê mes qui étoient encore infideles, accoururent & environne rent les portes de leurs prisons, pour leur rendre les derniers devoirs. Grand nombre de Chrétiens fe préparoient à voir ce qu'ils avoient fouvent admiré en lifant la vie des anciens Martyrs mais on fut trompé. L'Empereur ne ratifia pas Sentenced mais il donna des -ordres au Gouverneur de Peking qui prouvent affez qu'on

la

ne leur laiffoit la vie, que pour les faire fouffrir plus long

tems.

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Le Gouverneur feconda par faitement les intentions de fon Maître: il fit préparer près d'une des portes feptentrionales de la Ville deux prifons de fix pieds de large fur dix de profondeur, n'y laiffant d'ouverture que la porre & une petite fenêtre à côté. Il fit élever une mus raille à la hauteur du toit, où l'on plaça un tour, pour faire paffer le boire & le manger. Tout étant prêt,il alla otirér Jes Princes Jean & François des premieres prifons où ils étoient; & les ayant fait monter fur une méchante charette, fans leur ,: dire où il les menoit,ill les renferma dans ces fombres cachots pour y paffer l'Eté brûlant de ce payïs-ci: il prefcrivit

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