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bre, lui déclara qu'il étoit Chré tien, & lui préfenta fon chape» let. Que vous êtes heureux » répondit le Prince! Mais fouve»nez-vous qu'il ne fuffit pas de "porter un fi beau nom, il faut » encore en remplir les devoirs. Il » y a des difficultez à furmonter, » mais comptez fur la bonté de » Dieu, & priez-le avec confiance. » L'exhortation, au rapport du foldat, fut affez longue, & pleine d'une onction qui l'avoit charmé. En le quittant le Prince lui dit qu'il avoit rompu fes lunettes, fans lefquelles il ne pouvoit lire, & qu'il le prioit d'avertir quelqu'un de fes Domeftiques de lui en procurer d'autres.

Le Soldat s'acquitta de fa commiffion. Le Domestique averti s'adreffa à moi: & outre les lunettes je lui remis en

core quelque argent pour le lui faire tenir s'il étoit poffible. L'Officier qui commandoit alors, fe laiffa toucher: & après avoir ouvert l'étuy pour exa→ miner s'il ne renfermoit point quelque billet, il le fit tenir au Prince. Il ne trouva pas même mauvais qu'on remît de l'argent à quelques-uns des Gardes pour des befoins des Prifonniers.

Ce même Domestique, en fe retirant, examina les Gardes du Prince François: ils étoient tous infideles: l'un deux qu'il connoiffoit, lui dit que l'état de ce Seigneur étoit digne de compaffion, qu'il ne vivoit que de ris clair & de quelques petits pains noirs; qu'il étoit encore vêtu des habits de peaux qu'il portoit au mois de Décembre, lorsqu'il fut arrêté au ·Fourdane: il eut recours à moi,

& je lui donnai auffi-tôt de quoi acheter un habit propre de la faifon. Le foldat qui avoit donné l'avis, fe chargea, tout infidele qu'il étoit, de faire paffer cet habit au Prince François, auquel il demanda un té, moignage de fa fidélité, qu'il fit voir enfuite au Domestique.

Cette legere condefcendance dont on ufoit, ne dura pas long-tems: les Gardes furent changez, & l'on devint plus rigide que jamais à ne laiffer approcher perfonne de leurs prifons. On publia que fi quelqu'un de leurs domestiques venoit à paroître, il seroit arrêté à l'inftant on ne voulut plus -même recevoir du dehors ce aqui étoit néceffaire pour leur -nourriture, de crainte que par une charité mal entenduë, & pour leur épargnér la rigueur

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des fupplices, on n'empoisonnât leurs mets.

Telle eft la fituation de ces Princes leur courage & leur patience font encore plus grandes que l'animofité de leurs perfécuteurs. Je ne puis mieux vous faire connoître leurs fentimens, qu'en vous rapportant les Lettres qu'ils m'écrivirent avant que de partir du Fourdane. La premiere eft du Prince Jean.

Jean Sou offre cette Lettre « avec respect au P. Parennin pour s'informer de fa fanté & " de celle des autres Peres.

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Le P. Suarez vous apprendra tout ce qui nous eft arrivé je « lui en fais le détail. Nous au- .. tres pécheurs, nous vous prions instamment de ne nous pas ou- „ blier au faint Sacrifice de la Meffe & de demander au

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» Seigneur qu'il nous donne la grace de l'aimer de tout notre ›› cœur, qu'il augmente nos for

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ces fpirituelles pour foutenir le » poids de nos fouffrances, & » nous corriger de nos défauts », afin que nous puiffions obtenir » une fainte mort. Je vous avois » demandé s'il étoit vrai qu'il fût "refté quelques goutes du pré»cieux fang de notre Seigneur

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Jefus Chrift, ou fur du linge, ou » fur quelqu'autre chofe de fem"blable; & en ce cas-là je vous »priois à genoux de m'en en"voyer fi vous en aviez. C'eft fur

quoi je n'ai pas encore reçu de » réponse. Ainfi je vous fais en» core la même priere. Je vou"drois bien avoir le livre de la " confolation dans les fouffran"ces, & les regles de votre » Compagnie. Mon fils Ignace »eft gueri en partie. Il y a beaucoup

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