& fans mouvement; qu'un Of ficier en alla auffi-tôt donner avis au troifiéme frere de l'Em. pereur. Heureux moment qui délivra le Confeffeur de JefusChrift des mortels ennuis d'une fi malheureuse vie, & qui le fit entrer dans la joie de fon Seigneur! Le trenchant d'une épée lui auroit fans doute épargné bien de cruelles langueurs mais plus les fouffrances ont été longues & dures plus fa couronne eft brillante.

Je fis auffi-tôt fçavoir cette nouvelle à nos Peres de Peking: & tous ensemble nous remerciâmes Dieu d'avoir terminé les combats & les fouffrances de fon ferviteur, ne doutant point qu'il ne devienne dans le Ciel le protecteur de la Miffion & de fa patrie. Dès le commencement du

mois de May il confeffa le faint nom de Jesus-Chrift pour la cinquième fois au milieu des Tribunaux, & en présence de tous les Grands de l'Empire : il fe préparoit à fceller de fon fang les veritez de la foy ; & fes vœux euffent été exaucez, fi l'Empereur eût ratifié la Sentence qui avoit été portée contre lui.

Le troifiéme Regulo avertit l'Empereur de cette mort, & l'ordre fut donné aux Mandarins d'aller vifiter le corps. Un Chef de Banniere avec le Gouverneur de Peking à la tête d'une troupe de foldats, faifoient écarter la foule avant l'ouverture de la prifon. Quarante archers couroient çà & là, pour arrêter les domeftiques de la maifon de Sourniama qui oferoient paroître..

Il y en avoit un grand nombre: Paul Ma, François Tcreou & quelques autres auroient été pris, fi les archers qui les apperçurent, n'euffent mieux aimé les diffiper que de les arrê ter: & fi dans cette vûë ils n'euffent crié où font les domeftiques de Sourniama? De quel côté ont ils fui? Il n'en fallut pas davantage pour les faire évader au plus vite. Le 17 du mois les mêmes Mandarins firent mettre le corps du Prince Jofeph dans un méchant cercueil, fans lui ôter fes chaînes, & le firent porter par quatre hommes: une troupe de foldats marchoit devant, & une autre fuivoit qui écartoit le peuple. On fit fermer les boutiques du faux-bourg de la porte Occidentale par où ils fortirent; & l'on fuivit le grand

し

chemin pendant une demie
lieuë jufqu'à un endroit nom-
mé SSe-ty-yuen, où ce chemin
eft coupé par un autre auffi
grand qui va du Nord au Sud,
Là ils s'arrêterent, & poferent
le cercueil fur deux bancs. Ils
mirent enfuite le feu fous le
cercueil, pour
, pour brûler le corps.
Quand tout fut à peu près con--
fumé, ils briferent les reftes,
les jetterent dans la bouë, &
pour les y enfoncer, firent paf-
fer pardeffus les charettes &
les mulets, qu'on avoit arrêtez
pendant l'exécution.

Les chaînes furent retirées du feu, & rapportées fur une charette au Tribunal des crimes. Le Gouverneur de Peking ordonna aux foldats Chinois; qui veillent à la garde des che mins, de faire fouvent la rondé en cet endroit, & de ne

permettre à perfonne de s'y arrêter. On efpere bien avecle tems, ou tromper la vigilance des Gardes, ou les gagner par argent.

Un de nos Catéchistes y fut envoyé, & s'arrêta à un petit; cabaret, qui eft dans ce chemin croifé. Il demanda à l'hôte d'où venoit ce fracas, & ce que fignifioit cette multitude de gens qui retournoient à la Ville ? « C'eft, répondit-il,« qu'on vient de brûler un Chré-c tien. On affure que ce ne fera «< pas le feul. » D'autres Chré- « tiens qui fuivoient de loin cette populace, entendoient les uns qui difoient : « des Princes fe« faire Chrétiens ! Avoient ils «< perdu l'efprit? Et d'autres qui « répondoient deux mots au- «6 roient tiré celui ci d'affaire ; & « il a été affez fol pour ne vou- «