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prifonniers pafferent la nuit dans la cour gardez par des foldats.

Le lendemain le troifiéme Regulo, le Préfident du Tribunal des Regulos, & deux Comtes du fang Royal, fe transporterent dans la prison, & firent venir le Prince Loüis de la prifon voisine où il étoit renfermé. Deux hommes le foutenoient, parcequ'il ne pouvoit porter le poids de fes chaînes. Il fut bien furpris de voir deux de fes freres, & quatre autres Princes de fa connoiffan

ce.

Ces quatre Envoyez de l'Empereur déclarerent aux prifonniers, que quoiqu'ils méritaffent la mort, Sa Majefté vouloit bien leur accorder la vie, & qu'Elle fe contentoit de les punir par une prifon perpetuelle.

On remena enfuite le Prince Louis dans fa prifon, & les deux autres attendirent que la leur fut prête après quoy on les y enferma fans leur ôter leurs chaînes : ils y font enco. re plus referrez, que dans la premiere. Ainfi la prétenduë clemence de l'Empereur ne fervira qu'à prolonger les fouffrances de ces heros Chrétiens, & à rendre leur martyte plus lent & plus difficile à supporter.

Ce fut le même jour que le P. Rofario revint à Peking fur les cinq heures du foir. Il nous rapporta qu'à fon arrivée au Fourdane, il avoit trouvé les barrieres qui environnoient les maisons des Princes fi exactement gardées qu'il perdit toute efperance d'en voir aucun; que tout ce qu'il put

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faire, fut de parler à un de leurs domestiques ami des Gardes, par lequel il fit avertir toute cette famille de ce qui fe paffoit à Peking; que les Princes recurent avec joye la nouvelle de leur mort prochaine, dont ils voyoient bien le véritable motif; que les Princeffes portoient envie à leurs maris, à leurs freres, & à leurs enfans; mais que ce qui les chagrinoit extrêmement, c'étoit la vûë de l'avenir, & la crainte d'être livrées à des Infideles, d'être données pour efclaves à des Mongoux, & de fe voir dans un danger continuel de perdre leur honneur; que les meres auroient fouhaitté de voir plûtôt leurs filles condamnées à la mort ; & que les filles auroient préféré mille fois la mort à une

vie

vie fi miferable; qu'accablées de trifteffe & de douleur elles imaginerent un expédient que de concert elles lui firent propofer. Nous fçavons bien, « difoient-elles, que la Loi de « Dieu nous défend d'attenter à « nos vies dont il eft le Maître : «< mais ne nous feroit il pas per- «< mis de nous eftropier, de nous " mutiler de nous couper le « nez, les oreilles, pour fauver «< notre pudeur?

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Cette occafion fit découvrir parmi ces Dames & leurs fui

yantes une vertu toute nou

velle à la Chine. Outre plufieurs filles qui avoient fait vœu de chafteté, il fe trouva des femmes, qui, du confentement de leurs maris, avoient fait celui de continence perpetuelle. Elles crurent alors deyoir en avertir le Missionnaire. XIX. Rec.

I

Therefe en particulier veuve du Prince Jofeph mort tout récemment dans les fers à Peking, lui envoya dire que quand le Prince fon époux revint de la guerre pour prendre le deuil du vieux Prince Sourniama fon pere, tous deux s'étoient mis à genoux devant l'image de la fainte Vierge, & d'un consentement réciproque avoient promis à Dieu une perpetuelle continence. Il eft à remarquer que le Prince n'avoit alors que trente ans, & étoit fans poftérité. La Princeffe ajoûtoit qu'ayant eu le bonheur d'être l'époufe d'un Confeffeur de Jefus-Chrift, elle étoit prête à tout fouffrir, plûtôt que d'être engagée à aucun autre mortel. Le Pere répondit avec fagefle à leurs questions, leur donna les inftructions convenables

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