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ter fes ordres. Il fut donc arrê té qu'il feroit du voyage. En même-tems le Regulo m'ordonna d'aller trouver le Grand

Maître du Palais & le premier Miniftre, qui font chargez avec lui des affaires de cette Ambaffade, & de leur dire de choisir pour ce miniftere un Mandarin capable de le bien remplir. Le choix tomba fur Tong-tchai-tfe Président du Tribunal interieur des crimes: je n'aurois pas pû mieux cho fir moi-même; car c'est un parfaitement honnête-homme & très affectionné aux Européans. On délibéra enfuite fi l'on feroit venir l'Ambaffadeur par eau ou par terre depuis Nan-tchangfou * jufqu'à la Cour. Notre avis fut que le voyage fe feroit par eau, non-feulement * Capitale de la Province de Kiang-fi, XIX Rec.

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parceque les préfens qu'il apporroit fe conferveroient mieux dans le transport, mais encore parce qu'ayant quarante perfonnes à fa fuite, il auroit befoin par terre d'un trop grand nombre de chevaux de pofte & de porte-faix. Nos raifons furent goûtées: mais ces Meffieurs trouverent qu'il avoit trop de monde, & qu'une fi groffe fuite n'étoit bonne qu'à caufer de l'embarras. Je leur répondis que l'Ambaffadeur au contraire fe plaignoit de ce que les Mandarins de Canton en avoient retranché plus de la moitié, & entre autres fes Gardes, qu'il s'étoit offert d'entretenir à ses frais. Ils ne repliquerent rien & il fut conclu que le voyage fe feroit

par eau. Le 9 de Décembre les deux Envoyez partirent de Peking:

& environ le même tems, pour des raisons que j'ignore, l'Ambaffadeur étoit parti de Canton fans attendre le retour dé fon exprès. Ce fut l'Empereur qui nous apprit lui-même cette nouvelle un jour que nous étions en fa préfence. « Votre « Ambaffadeur, dit-il, eft parti « de Canton, & les Envoyez le « trouveront en chemin. Les « Mandarins de Canton ont mal « conduit cette affaire. » En effet Dom Metello avoit déja paffé la montagne de Moeilim, lorf que les Envoyez le joignirent. Ils s'embarquerent avec luy fur le grand fleuve Kiang, & lui firent rendre fur la route les plus grands honneurs.

Pendant ce tems là nous prîmes foin de faire préparer pour l'Ambassadeur un loge ment propre & commode,

qui nous fut accordé. Nous obtinmes pareillement que lui & fes gens auroient liberté entiere d'aller où ils jugeroient à propos, & qu'ils ne feroient point gardez & enfermez dans leur maison jufqu'à leur premiere audience, ainfi qu'il fe pratique à l'égard des Ambaffadeurs de Mofcovie, de Corée, & des autres Royaumes étrangers.

Ce fut le douzième jour de May que nous apprîmes que D. Metello s'approchoit de la Ca pitale. Nous eûmes permission d'aller à une ou deux journées au-devant de fon Excellence: & l'Empereur m'ordonna de lui porter de fa part divers rafraî chiffemens.

Le 14 nous le joignîmes à 90*Lys de Peking. Il defcenDix Lys font une lieuë commune,

van,

dit de fa Barque à Tchan-kiaoù nous avions fait con duire les quarante chevaux qu'il avoit donné ordre qu'on lui achetât, & les autres équipages qu'il avoit fouhaité pour faire fon entrée dans Peking. Elle fe fit le 18 avec beaucoup d'ordre & de magnificence.Le Gouverneur général de Peking avoit fait débaraffer les rues, & avoit pofté de tous côtez des Gardes. pour empêcher le tumulte. La foule du peuple étoit infinie, & il y en avoit qui étoient grimpez jufques fur les toicts. Mais ce qui furprit davantage ce peuple, ce fut la quantité de Cru→ zados, que l'Ambaffadeur femadans toute fa marche. Il fit la même chofe en retournant a fon Hôtel après fa premiere audience. Comme il ne nous *Monnoye de Portugal.

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