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n'arriva que fort tard. Ils l'invi terent à paffer fur leur barque, où les Officiers de la cuisine de l'Empereur lui avoient préparé un magnifique fouper. Tous ceux de fa fuite furent traitez fur une autre barque. Le lendemain matin les deux Grands prirent congé de lui, & s'en retournerent à Peking. . En finiffant cette Lettre, je dois rendre cette juftice à M. Metello de Souza, que non-. obftant les grandes difficultez qu'il a trouvées dans fon Ambaffade, il a fçû toûjours foutenir l'honneur du Roy fon Maître & de toute l'Europe,aux yeux d'une Cour, qui jusqueslà n'avoit parlé que de Tributs & de Tributaires, toutes les fois qu'elle avoit reçû des Ambaffades par la voye publique des grands Tribunaux,

Il avoit fait faire à ce sujet des Déclarations, qu'on avoit toûjours regardé ici comme impra-: ticables. Il a montré la juftice de fes prétentions par la magnificence avec laquelle il a paru. Sa fuite étoit nombreufe & lefte: la richeffe des habits qui éclatoit fur tous les gens de fa fuite, a furpris la Cour, & attiré l'admiration des Chinois. Cette Nation n'avoit pas encore vû un fi grand nombre d'Etrangers,qui marquaffent fi bien la grandeur des Princes d'Europe: aufli nul Etranger n'a été reçû & traité à la Chine avec tant de diftinction, que M. de Souza. L'Empereur lui a fait rendre dans les Provinces & à la Cour des honneurs tout-à-fait finguliers & extraordinaires,

Mais la vraye piété que M. Ambaffadeur a fait paroître au

milieu de cette Terre infidele; fera toûjours l'endroit qui nous rendra fa mémoire précieufe. Parfaitement réglé dans fa perfonne, il a fait regner un trèsbel ordre dans tout ce qui compofoit l'Ambaffade. Il a communié publiquement dans la premiere Eglife de Peking; & tous fes gens ont fuivi fon exemple: il a tenu fa maison & toute fa fuite dans une réferve qui a édifié nos Néophytes, & qu'on peut appeller une prédication muette aux yeux des Idolâtres. Enfin il a paru trèsfenfible à la perfécution, que nos illuftres Confeffeurs de Jefus-Chrift ont foufferte: & la fomme confiderable qu'il a laiffé en partant pour finir une Eglife commencée depuis bien des années, fera un monument durable de fon veritable zele pour la Religion. Je fuis &c.

LETTRE

DU P. CONTANCIN

MISSIONNAIRE

DE LA COMPAGNIE DE JESUS.

Au P. ESTIENNE SOUCIET de la même Compagnie.

A Canton. Ce 15
Décembre 172%

MON REVERENd Pere;

La Paix de N. S.

PUISQUE Vous avez lû avec plaifir les diverses Piéces congernant le Gouvernement de la

XIX. Rec,

M

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Chine, que j'eus l'honneur de vous envoyer il y a deux ans, & que j'avois tirées de la Gazette publique, qui se répand dans tout l'Empire, je continuėrai volontiers de vous en faire part. Je vous avouë que je ne me ferois jamais imaginé, que la leЯure de cette Gazette pût être auffi utile à un Missionnaire, qu'elle l'eft effectivement: & j'ai regret d'avoir paffé plus de vingt ans à la Chine fans l'avoir lûë. Une raison qui intéreffoit la Religion & fes Miniftres, m'engagea à la lire pour la premiere fois en l'année 1723. Vous fçavez qu'alors un Sur-Intendant de deux Provinces envoïa en Cour une accufationcontre la I oi Chrétienne & contre les Européans qui la prêchoient. L'Empereur, à l'exception des Miffionnaires de Peking, nous

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