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Eglife qui ait été confacrée au vrai Dieu dans ces terres infidéles. Avec un peu de tems & le fecours des Ouvriers Evangeliques qui iront défricher un champ fi fauvage & fi inculte, on efpere y former une Chrétienté nombreufe. Je me recommande à vos faints Sacrifices, en l'union defquels je fuis avec beaucoup de refpect,

MES REVERENDS PERES,

Votre très humble & très obéiflant ferviteur, J. B DU HALDE, de la Com pagnie de JESUS..

LETTRE

Ciel, à quelle intention nous « l'avions embraffée, & s'il y « avoit parmi nous des Etrangers. «

Les Princes Jean & François « répondirent qu'ils entendoient <<< les caracteres Chinois; qu'ils « avoient lû plufieurs Livres qui «< traitoient de la Religion Chré- « tienne ; & qu'après avoir mûre- « ment examiné cette Religion,« ils avoient reconnu qu'elle étoit « la feule véritable, & qu'ils l'a- « voient embraffée. Nous ado-« rons, ajoûterent-ils, un premier « Eftre, qui a créé le Ciel, la Ter- «‹ re, les Anges, les Hommes & « toutes chofes, & qui en eft le « Seigneur univerfel. La Loi que « nous fuivons, nous oblige d'ê- « tre fideles au Roy, d'obéïr à nos « parens, d'obferver les cinq de- «< voirs, de nous réformer nous- « mêmes, d'éviter toute forte de «< mal, & de pratiquer toute forte « XIX. Rec.

B

» de bien pendant cette vie, afin » de mériter dans l'autre une éter» nelle félicité. Telles font nos " vûës & nos intentions. Nous prions pour l'Empereur & pour l'Empire; & nous demandons » à Dieu qu'il nous donne la for» ce d'éviter le peché, & de pra»tiquer la vertu; du refte il n'y a » parmi nous aucun étranger.

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Les Mandarins nous ordon»nerent de mettre notre dépofi»tion par écrit cette nuit-là mê"me, & ils nous renvoyerent. » Les Princes étant de retour » chez eux, firent fentir à Pierre » & à Paul toute l'énormité de » la faute qu'ils avoient commise. »Vous avez renoncé à Jesus» Christ, leur dirent-ils; vous "avez apoftafié fa fainte Loi. » Ces deux Néophites rentrerent >> en eux-mêmes; & fortant comme d'un profond fommeil, ils

comprirent qu'ils étoient beau- «< coup plus coupables qu'ils ne fe « l'étoient figuré. Leur douleur « fut fi vive, que dès le lende- « main ils allerent fe présenter à « l'Officier, dont la feinte dou- « ceur les avoit féduits. Quand vous nous avez interrogez, s'é- « crierent-ils, nous étions Chré- « tiens, & nous le fommes en- «<< core pourquoi changerions- « nous? Nous ne changeons point, ર nous profeffons la Loi Chré- « tienne.

L'Officier ne voulut point les « écouter, & les renvoya au Tri- « bun. Ils y allerent, & ils lui « parlerent avec le même courage « & avec la même fermeté. Le« Tribun ajoûta leurs noms dans « la lifte de ceux qui s'étoient dit «< Chrétiens; & c'eft ce qu'ils « fouhaittoient. Quelque tems «<< après nous allâmes chez le Tri-«<

» bun, pour lui lire notre dépo→ » fition que nous avions écrite » la nuit précédente : il la rejetta, » parceque, difoit-il, elle étoit » trop longue. Ainsi nous ne sça»vons pas en quels termes il l'aura rapportée au Général & aux » autres Officiers.

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On nous laiffa en repos juf» qu'au fecond de la douziéme » Lune, c'est-à-dire, jufqu'à la » veille de Noël ; ce jour-là le

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Général affembla chez lui les » Mandarins des Bannieres, & » leur dit : j'ai réfolu d'accufer à » l'Empereur les Chrétiens de la » famille de Sourniama. Sourghien "(c'eft le nom Tartare du Prince » Jean) eft le chef de cette fa» mille qu'on l'arrête, & qu'on » le garde dans un lieu public. » L'ordre fut exécuté à l'inftant. » Auffi-tôt le Prince François ac» courut; & s'adreffant aux Man

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