Imágenes de páginas
PDF
EPUB

darins qui étoient chargez d'e- « xécuter l'ordre du Général : « l'Empereur eft averti, lui dit- « il, que mon dixiéme frere & " moi, fommes Chrétiens, de « même que Sourghien: mon di- « xiéme frere eft abfent: mais « pourquoi ne m'arrêtez-vous pas « avec Sourghien. François nom- « ma le Prince Paul fon dixiéme «‹ frere, parcequ'ils étoient con- « venus entr'eux, qu'en cas de « perfécution, le premier qu'on « attaqueroit fur le Chriftianisme, déclareroit que l'autre étoit auffi « Chrétien. Votre dixiéme frere « eft abfent, répondirent les Man- « darins, ce n'eft plus notre affai- « re: pour vous, attendez; nous « allons informer le Général de « ce que vous venez de dire. Le « Général ayant appris ce nouvel « incident, fit pareillement arrê- «< ter François.

[ocr errors]

"

Les Dames & les filles Chré» tiennes voyant qu'il s'agiffoit » de prisons, de chaînes, & peut» être de la mort pour Jefus» Chrift, voulurent avoir part au » bonheur de souffrir pour la Religion. Cecile épouse du Prince Jean, & cinq autres Dames; fçavoir, Marie Ly, Catherine » Nan, Marie Cou, Agnès Pé, » Michelle Pé‚étoient déjà prêtes » à partir pour aller fe préfenter » aux Mandarins, lorfque The» refe, veuve du Prince Xavier, » fuivie de fa belle-fille, courut » pour se joindre à cette troupe. » Un des fils de Therefe nommé » Pierre ⁄ pria fa mere de refter » lui faifant entendre qu'elle n'é»toit pas décemment vêtuë pour » fortir; qu'il étoit tard; & que fi » l'on attendoit davantage, tou»tes les autres Dames voudroient » les accompagner, & qu'avant

qu'elles fuffent prêtes, il feroit nuit que d'ailleurs un trop « grand nombre cauferoit du tu- ce multe, & mettroit de la confu- ce fion; que même on refuferoit ce de les écouter. Therefe fe rendit; & fe mettant à genoux de-« vant Cecile, elle la pria de don-ce ner fon nom aux Mandarins.c pour être infcrit dans la même❝ lifte. Plufieurs autres Dames en- « voyerent prier Cecile de la mê-ce me grace. Catherine Sou vou-« loit fuivre fa mere; Cecile l'en « détourna. Catherine Hou en-« voya un Domeftique à Cecile « pour la prier de fe fouvenir << d'elle.

Luce Hoang, Marie Lou Agnès Tchao, Suzanne Leou, & co une de leurs Suivantes, nom-« firent la même priere.«

mée Ly,

à Cecile.

Françoife Vang, Femme Sui- «

vante, vouloit accompagner fa » maîtreffe: mais comme l'on n'avoit point encore parlé des Domestiques, elle eut ordre de fe tenir tranquille. Il n'y eut donc que les fix Dames que j'ai nommées, & qui avoient Cecile à leur tête, qui allerent >trouver les Mandarins. Le Prin>>ce Pierre les conduifit. Ils furent étrangement furpris à la vûë de toutes ces Dames; mais ils le >>furent bien davantage, quand ils apprirent la raison qui les amenoit. Cecile leur déclara que fes cinq compagnes, & prefque toutes les autres Dames, femmes & filles, qui n'avoient pû venir, étoient Chrétiennes; qu'elle prioit qu'on en informât le Général, & qu'on »'écrivit leurs noms dans l'accufation qu'il devoit envoyer à l'Empereur. Marie Ly, épouse du Prince Paul, l'une des com

pagnes de Cecile, dit que dès « le tems de Cang-hi, fon époux auffi-bien qu'elle, avoit em- « braffé la Religion Chrétienne, « & qu'elle prioit que leurs noms « fuffent écrits fur le Registre.

[ocr errors]

Ces demandes embarraf- « foient les Mandarins, & ils gar- « doient un profond filence. Les « Dames les prefferent avec au- « tant de force que de modeftie. « Si c'eft un crime à nos époux, dirent-elles, d'être Chrétiens, « nous fommes auffi criminelles « qu'eux. Nous fommes prêtes, « comme eux, à donner notre vie plû-tôt que d'abandonner « notre Religion. Les Mandarins « ayant enfin répondu qu'ils n'a- «‹ voient point d'ordre d'interro- « ger les Dames, & qu'ils ne pou- 66 voient recevoir leur dépofition; « Cecile fe mit à genoux, & les «< conjura les larmes aux yeux de «

« AnteriorContinuar »