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L'Empereur confirma la Sen tence, en loüant à la verité la pieté du fils, mais en parlant de la mere comme d'un monftre, dont il falloit au plûtôt délivrer la terre. Deux femmes se battre, ajoûta ce Prince! Une femme tuer une autre femme! On ne peut y penfer fans horreur. Il ne faut pas laiffer ce crime impuni.

Ordre qui prouve l'attention de l'Empereur à foulager fon Peuple.

Dans le mois de Novembre 1725, l'Empereur ayant fait venir en fa préfence les principaux Officiers des Cours Souveraines, leur parla en ces ter

mes.

Cette année plufieurs en

droits de la Ville de Peking ont été inondez par des pluies extraordinaires. Le menu Peuple n'a pas de quoi vivre. Je penfe fans ceffe aux moyens de le foulager. C'eft pourquoi, outre le nouveau ris qu'on apportoit des Provinces Meridionales, & que j'ai fait garder à Tien-tçing,* au nombre de cent trente mille grandes mefures.** J'ai encore ordonné qu'on prît dans les Magasins de la Ville de Tong-tcheou,cent autres mille mefures du ris des années précedentes. J'ai donné aux cinq Officiers que j'ai nommez, le

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* C'est une Ville & un Port à 40 lieuës de Peking. Toutes les Barques qui vont à Peking, ou qui en viennent, paffent par là.

**Une mefure Chinoise de ris pefe 110 de nos livres.

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foin de le faire conduire à Tientçing, afin que de-là il fe tranf porte aisément dans toutes les Villes & Bourgades, qui ont . été mal-traitées par l'inondation. Mais je me fuis informé de ce qui fe paffoit fur ce fujet ; & j'ai appris avec une sensible douleur, que le ris qu'ils diftribuent, eft tout-à-fait pourri. Pour m'affurer de ce qu'on m'avoit dit, j'ai voulu le voir moi-même, & fecrettement je m'en fuis fait apporter des deux fortes que l'on diftribuoit. Le voilà, regardez-le. De ces deux fortes le meilleur, fur dix parties, n'en a pas trois ou quatre de bonnes au plus ; & la feconde efpece, qui eft la moindre, n'eft pas du ris, c'eft de la pouf fiere, c'eft de la terre.

Quoi! je fais mon poffible pour foulager mon Peuple affli

gé, je gémis fur fes calamitez? il n'eft point de moment que je n'y pense: & des Officiers commis exprès pour préfider à cette distribution, sont si peu fideles à exécuter mes ordres, & à fe conformer à la difpofifition de mon coeur? Mon intention eft-elle de donner à mon Peuple du ris qui ne puiffe lui fervir? Eft-ce que je prétends en imposer à l'Empire, en ordonnant de diftribuer du ris dans tous les endroits qui fe font fentis de la calamité? J'aurai donc la réputation de faire du bien, fans qu'il y ait rien de réel? Que peut dire ce pauvre Peuple C'eft la faute de ces Officiers, qui doivent avoir foin des Greniers publics. Ce font des ingrats; de petits Mandarins qu'ils étoient, je les ai élevez à des Charges plus con

fiderables. Eft-ce donc ainfi qu'ils témoignent de la reconnoiffance pour mes bienfaits ? Pour peu qu'ils en euffent, ne devoient-ils pas pour l'amour de moi, montrer de l'amour pour le Peuple, & l'assister, le confoler dans fon affliction de la maniere dont il étoit convenable? La conduite qu'ils ont tenuë, est odieufe & merite punition. Mais pour cette fois je leur pardonne, parceque je compte qu'ils auront regret de leur faute, & qu'ils fe corrigeront. Que fi dans la fuite ils ne s'acquittent avec plus d'appli cation du devoir de leur Charge, qu'ils fçachent que je ne leur accorderai aucune grace § mais que je les ferai punir trèsfeverement. Qu'on tire au plû tôt des Magafins cent mille me fures d'excellent ris, qu'on le

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