chafteté plus que fa propre vie. Suivant l'ordre que Votre Majefté a fait publier par tout l'Empire, d'ériger des monumens à l'honneur des veuves, des femmes, & des filles qui fe feroient renduës celebres par la continence, par le respect envers leurs parens, par l'amour de la pureté le Tfong-tou & le Vice Roi de la Province de Canton representent que dans la Ville de Sin hori, ede une jeune fille nommée Leang s'eft autrefois diftinguée par une infigne chafteté, jufqu'à donner fa vie pour la conferver. Cette fille étoit d'un naturel aimable, d'une grande droiture, d'une ra re beauté, & cependant trèschafte. L'année 1e du Règne de Cang-hi, des Pyrates ayant fait defcente fur la côte, vou lurent ufer de violence envers la jeune Leang; elle réfifta, & ne confentit point à leur infame deffein. Elle fut faite prifonniere, & on l'emmena pour. fervir d'Esclave, Ayant été contrainte de paffer fur la Barque, elle eut la fermeté de ne jamais permettre la moindre action indécente. Elle ne répon dit à ces fcelerats que par des reproches, & des injures : & dans un moment où elle fe trouva plus libre, elle fe précipita dans la mer,pour fe délivrer d'une occafion fi dangereufe. C'eft là le fait rapporté dans le mémorial de ces deux Officiers. Après avoir examiné les informations qu'on nous a envoyées, nous avons jugé qu'une figrande vertu merite d'être récompensée ; &que perdre la vie plûtôt que de perdre la virginité, est un exem ple qui doit être connu, afin qu'on l'imite. C'eft pourquoi, fuivant les coûtumes de l'Empire & les ordres de Votre Majeftè, nous déterminons qu'à l'honneur de cette jeune fille, on éleve un Arc de Triomphe, & un monument de pierre, fur lequel foit gravée cette illuftre action, afin qu'on en conferve éternellement la memoire. Si Votre Majefté le juge à propos, nous avertirons le Gouverneur du lieu de prendre dans le Tréfor Impérial trente onces d'argent pour cette dépense. Ordre de l'Empereur, J'approuve cette délibera tion. Autre Déliberation du même Tribunal des Rites touchant une femme qui a donné des marques d'un amour tendre pour fon mari. Nous Officiers du Tribunal des Rites prefentons ce memorial à V. M. avec un profond refpect. Il s'agit d'une femme qui a montré pour fon mari une finceré tendreffe, & qui a rempli les devoirs d'une parfaite époufe. Le Vice Roi de la Province du Tche kang avertit que dans la Ville Vony une fille nommée Tchao âgée de 17 ans, époufa un jeune homme qui s'appelloit Sin-ouen -yuen. Un mois après le mariage, Sin-ouen yuen devint infirme, & fon infirmité a continué pendant trois ans. Dans le cours de fa maladie, il a été heureux d'avoir une femme fi vertueufe auprès de lui. Elle a toûjours voulu le fer vir elle-même. Elle étoit affiduë auprès de fon lit, elle ne s'épargnoit en rien, elle ne se donnoit pas un moment de repos, elle préparoit elle-même les médecines, les lui préfentoit, & ne le quittoit.ni jour ni nuit. Elle reffentoit les douleurs de fon époux, comme fi elle eût été elle-même accablée de douleur. Tout le voisinage en a été témoin, & l'attefte dans une Requête commune. Lorsqu'elle vit que fon mari étoit en danger de mort, elle reprefenta fa douleur au Tien ; & par une ardente priere, elle s'offrit à perdre la vie, pour conferver celle de fon mari. Enfin fon mari étant mort, elle n'a pû lui fur-vivre, & au bout de quelques jours elle eft morte de douleur, après avoir pratiqué pendant fa vie toutes les vertus propres |