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» ne pas lui refufer la grace qu'el» le demandoit. Alors ils promi» rent d'en informer le Général. »En même-tems ils donnerent » ordre à Pierre y de faire une »Lifte de toutes les Dames & » Demoiselles qui étoient Chré>> tiennes, & de n'écrire les noms » que de celles qui le voudroient. » Cette nuit-là même Pierre s'ac» quitta de fa commiffion : & le » lendemain matin fur les fept » heures, il entra dans la Ville, » & porta la Lifte aux Mandarins.

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Le Général à qui elle fut pré» fentée, répondit que les fem»mes fuivroient le fort de leurs » maris, & qu'il ne falloit pas écri>> re leurs noms féparément.

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Dans le même tems le bruit »fe répandit que les Mandarins » trouvant le nombre des Chré» tiens trop grand, avoient décla"ré qu'ils ne compteroient pas

parmi eux les enfans au deffous «< de quinze ans.

A cette nouvelle cinq jeunes « gens, fçavoir Ignace Cou âgé « de dix ans, Philippe Té âgé de « quatorze ans, Philippe Mou âgé « de onze ans, Matthieu Sou âgé « de neuf ans, Thomas Sou âgé « de huit ans, tous deux petits- « fils de Jean Sou, coururent au « Tribunal & prierent les Manda- « rins de recevoir leurs noms, & « de les infcrire dans la Lifte des « Chrétiens. Faut-il donc avoir c quinze ans, difoient-ils, afin « de pouvoir mourir pour J. C. « Les Mandarins renvoyerent a ces jeunes gens, & ne parurent « pas faire attention à leur de- « mande. Mais que dûrent-ils pen- ce fer d'une Religion qui infpire « tant d'ardeur & de courage? 66. Ignace Sou, qu'une violente « maladie a fait tomber en dé- «

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»mence, répondit brufquement » à l'Interrogatoire, qu'il n'avoit » pas embraffé la Loi Chrétien»ne. Jean Lo âgé de fept ans, » pour qui fa mere avoit répon» du qu'il étoit Chrétien, faifi » tout à coup de frayeur, dit qu'il » ne vouloit plus l'être la mere », en avoit fait informer le Manda» rin, qui prononça qu'il falloit » s'en tenir à la premiere réponse. » Mais ce jeune enfant étant inf» truit revint de fa premiere frayeur, & protesta que quand » il s'agiroit de répandre jufqu'à » la derniere goute de fon fang, il étoit réfolu de perfévérer dans , la Loi Chrétienne.

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Il nous eft venu plufieurs » doutes, fur lesquels nous vous » demandons des éclairciffemens. 1o. Nous avons plufieurs enfans »qui ont été baptifez: il y en a » d'autres qui, après avoir reçû le

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Baptême, tombent en démen. « ce pouvons-nous répondre à « leur place, & dire qu'ils font « Chrétiens 2°. Le quatriéme C6 jour de la troifiéme Lune de « l'année derniere, l'ordre de «< l'Empereur nous ayant été fignifié pendant la nuit, on nous « appella chez le Tribun, où nous « apprîmes que cet ordre étoit «< terrible. Comme nous étions « encore hors de la porte de la « Ville, & qu'on ne nous avoit « pas enchaînez, Paul Chou bap-« tifa Paul Tou, François Cou bap- «< tifa Gabriel Le fils de notre qua- « triéme frere. Quand nous fûmes «< entrez dans la Ville, & qu'on « nous eût chargez de chaînes,« Jean Sou baptifa trois perfonnes; « fçavoir Jean Lou, Gabriel Zou « fon fils, & Pierre Zo.

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Paul Chou en baptifa cinq « autres à qui il donna le nom de «

»trition, la rebaptifa fous condi» tion. Il en a fouvent ufé de mê» me: il demande s'il n'a rien fait » en cela de contraire aux maxi» mes de la fainte Loi, & il vous prie de l'en inftruire. Michel » Chou fouhaite fort d'avoir le » Livre qui contient les explica» tions des faints Evangiles. Don» nez-lui, je vous prie, cette fatisfaction.

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Voilà, mon Révérend Pere, ce que nous écrit le Prince Jean: ces faits nous ont été confirmez par des Domeftiques & des Néophytes venus du Fourdane. Ils nous ont rapporté quelques autres circonftances, entre autres, que le Prince Jean s'étoit fait admirer par fon égalité d'efprit, par

, par fa modeftie, & par la force de fes raifonnemens ; qu'un des Mandarins avoit dit au Tribun qu'il eût fait plus fa

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