Imágenes de páginas
PDF
EPUB

avoit quittée, pour aller remplir les devoirs de la pieté filiale.

Cette explication des anciens ordres ayant été luë & approuvée de l'Empereur, fut publiée par toutes les Provinces.

Au refte cette grace de quitter fa charge s'accorde, quand même les parens feroient trèsriches, & auroient auprès d'eux un grand nombre de domeftiques; parceque, difent les Chi nois, il convient aux enfans de quelque qualité qu'ils foient, de ne point abandonner à d'autres le foin de leurs parens, ou dans l'infirmité, ou dans la vieilleffe. Ils doivent les interroger eux-mêmes fur l'état de leur fanté, voir leurs befoins de leurs propres yeux, & les fervir de leurs propres mains.

On voit par de fi beaux Ré

glemens l'attention extrême, que les premiers Empereurs de la Chine ont euë pour infpirer aux enfans du refpect, de l'amour, & de la tendreffe pour leurs parens, puifqu'ils font allez jufqu'à permettre à un fils de quitter les emplois les plus illuftres, & de s'éloigner de la Cour,pour s'approcher de fon pere & de fa mere, pour les confoler dans leur vieilleffe, & les accompagner jufqu'au tombeau. C'est encore pour entretenir & augmenter cette pieté filiale, qu'ils ont établi & ordonné pour les enfans certaines cérémonies extérieures & politiques, par lef quelles ils puffent donner à leurs parens des témoignages perpé tuels de leur reconnoiffance & de leur fouvenir, même après leur mort. En faifant honorer les morts, ils enfeignent ce

qu'on doit aux vivans ; & ce qu'un pere fait à l'égard de fon pere mort, apprend à fes propres enfans ce qu'ils doivent à plus forte raison faire pour lui pendant fa vie. En un mot le refpe&t & l'amour pour les раrens eft comme la baze & le fondement,fur quoi porte toute la beauté & la folidité du Gouvernement Chinois. Et on peut dire fans exagération, que faper ce fondement, ce feroit abfolument renverser l'Empire de cette nation fi fage & fi polie,

Tendreße paternelle de l'Empe reur pour les pauvres.

La troifiéme année du regne Yong-tching, les pluyes furent exceffives, & les inondations cauferent la ftérilité dans la Province de Pexing & dans la Pro

vince du Chantong, qui confine avec celle de Peking. De plufieurs villes de ces deux Provinces, une grande multitude de pauvres fe rendit à Peking même. L'Empereur leur permit d'y refter, & ordonna qu'on tirât le ris de fes greniers publics, qu'on le fît cuire, & qu'on le diftribuât par aumône chaque jour dans differens quartiers de cette Capitale, à tous ceux qui feroient dans le befoin. 'Ayant même dans la fuite fait réflexion que la ville de Peking étant trés-vafte, ces quartiers feroient peut-être trop éloignez, & que parmi cette nombreuse troupe de pauvres, il y auroit infailliblement des vieillards, des infirmes, des femmes qui auroient trop de peine à s'y rendre, il fit encore ajoûter cinq autres endroits à ceux qu'on

avoit déterminé d'abord, afin que les lieux où fe feroit la diftribution, étant multipliez, & placez à certaine distance plus commode, les infirmes mêmes puffent en profiter. Cette dif tribution fe fit pendant tout Phyver. Cependant plusieurs de ces pauvres qui étoient venus d'ailleurs, ne fçachant où fe retirer, étoient réduits à coucher la nuit dans les ruës. Ce Prince qui fecrettement s'informe de tout, le fçut; & ayant fait venir en fa préfence les Mandarins qui font obligez par office de veiller au bon ordre de la Ville, il leur parla ainfi.

C'est à vos foins qu'on a confié la Police des cinq grands Quartiers. Vous devez les parcourir jour & nuit. Cette année Phyver eft violent. Or j'ai appris que la plupart des pauvres,

« AnteriorContinuar »