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mois pour donner les fecours fpirituels à la garnifon. Le Payis eft beau & excellent pour toute forte de plantage; mais ce qui me frappe beaucoup plus, c'est qu'il est très-propre à y établir de nombreuses Miffions.

Un affez grand nombre d'Indiens qui font dans le voisinage, font venus me rendre vifite, & ont paru fouhaitter que je demeuraffe avec eux : je les aurois contenté avec plaisir, fi j'en avois été le maître, & fi mes occupations me l'euffent permis. Mais je les confolai en les affurant que la France devoit nous envoyer un fe. cours d'ouvriers Evangeliques, & qu'auffitôt qu'ils feroient arrivez, nous n'aurions rien tant à cœur que de travailler à les inftruire, & à leur ouvrir la porte du Ciel. Il eft à croire

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que leur conversion à la foy ne fera pas fi difficile que celle des Galibis ; quand je leur demandois s'ils avoient un vé ritable defir d'être Chrétiens ils me difoient en riant qu'ils ne fçavoient pas encore de quoy il s'agiffoit, & qu'ainfi ils ne pouvoient pas me donner de réponse positive. Je trouvai cette réflexion affez fenfée pour des Sauvages.

Dans les momens que j'ay eu de loifir, j'ay dreffé un petit plan des Miffions qu'on pourroit établir dans ces contrées, parmi les nations Sauvages qu'on a découvertes juf qu'apréfent. J'ay profité des lumieres de M. de la Garde Commandant pour le Roy dans le Fort d'Ouyapoc, qui a beaucoup navigé fur ces rivieres'; voici le projet de cinq Miffions

que nous avons formé ensemble. La premiere pourroit s'établir fur les bords du Ouanari: c'est une affez grande riviere qui fe décharge dans l'embouchure même de l'Ouyapoc à la droite en allant de Cayenne au Fort. Les peuples qui compoferoient cette Miffion, font les Tocoyenes, les Mariones, & les Maourions. L'avantage qu'on y trouveroit, c'eft que le Miffionnaire qui cultiveroit ces Nations Sauvages, ne feroit éloigné du Fort que de trois ou quatre lieuës; qu'il y pourroit faire de fréquentes excurfions ; & que d'ailleurs il n'auroit point d'autre langue à apprendre que celle des Gaitbis. Que fi l'on vouloit placer deux Miffionnaires au Fort d'Ouyapoc, l'un d'eux pourroit aisément vacquer à l'inf truction des Indiens, & je puis

affurer qu'en peu de tems il s'en trouveroit un grand nombre qui feroient en état de recevoir le baptême.

La feconde Miffion pourroit être composée des Palicours des Caranarious, & des Mayets qui font répandus dans les Savanes aux environs de Couripi : c'eft une autre grande riviere, qui fe décharge auffi dans l'Ouyapoc à la gauche vis à-vis du Quanari. Ces Nations habitent maintenant des lieux prefque impratiquables, leurs cazes font fubmergées une partie de l'année ainfi il faudroit les transporter vers le haut du Couripi. Ce qui facilitera la converfion de ces peuples, c'est que parmi eux l'on ne trouve

point de Pyayes

*

comme ail

leurs & qu'ils n'ont jamais

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* Efpece d'Enchanteurs & de Magiciens

donné entrée à la polygamie Ces deux Miffions. n'étant pas éloignées du Fort, fourniroient aifément les équipages néceffaires pour le service du Roy; ce qui feroit d'un grand secours, car aujourd'huy pour trouver douze ou quinze Indiens propres à nager une pyrogue, faut quelque fois parcourir vingt lieuës de payis.

*

il

En montant vers les fauts d'Ouyapoc on pourroit établir une troifieme Miffion à quatre journées du Fort; elle feroit placée à l'embouchure du Ca mopi,& feroit compofée des Nations Indiennes qui font éparfes çà & là depuis le Fort juf

* Grand bateau propre à contenir une cinquantaine de perfonnes. Il faut corriger une faute d'impreffion qui s'eft gliffée dans le Tome XVIII. page 326 où au lieu de to perfonnes, on a mis que ce · bateau en pouvoit contenir soo.

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