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faire venir S. Thomas à la Chi ne en 636. Ses Mémoires font entre les mains de tout le monde: qu'on les ouvre, & on verra dans la onziéme Lettre page 160, qu'après avoir fini ce qui regardoit S. Thomas, il pourfuit ainfi ce n'a pas été la feule fois que Notre Seigneur les a vi fitez. Long-tems après, c'eft-à-dire au feptième fiècle, un Patriarche des Indes leur envoya des Miffionnaires qui y prêcherent la Religion avec beaucoup de fuccès. Eft-ce-là rapporter à S. Thomas ce que l'infcription dit d'Olo puen.

Je dis en troifiéme lieu que M. l'Abbé R***. devoit conful. ter un plus habile homme dans la langue Chinoise, pour la Traduction Latine de cette Infcription, ou plûtôt de ce Monument trouvé dans le Chen,

dont il cite quelques lambeaux, 1°. C'eft ne fçavoir pas le Chinois, que de traduire ces mots Chin-tien par Spiritus de cœlis. Car cela fuppofé, ceux-cy Tien-tchu fignifieroient cœlum de Dominis. Hing-tien c'eft le ciel matériel & vifible: Chin-tien c'eft le ciel fpirituel & invisible. 2o. La verfion porte donec perfonarum una communicarit, fe ipfum clarifimo venerabiliffimoque mixio operiendo abfcondendoque veram Majeftatem fimul homo prodiit in faculum. Il n'y a pas un mot qui ne foit répréhenfible. Ngo-fan-yi ne peut figrifier trium perfonarum una ; mais l'Unité Trine que nous adorons;;. comme on a coutume de dire ngo-hoang-chang notre Empereur le Roy que nous fervons. Alors, dit le Texte Chinois otre unité Trine fepara une pere

fonne, afin qu'elle fût l'adorable Melfie; & que cachant fa Ma jefté, elle nacquit femblable aux hommes. On avoit dit dès le commencement ngo - fan-yi, miao chin les personnes adorables de notre Trinité. La lettre Chin fignifie la perfonne. On dit ficou chin orner fa perfonne par la vertu ; & c'eft de-là que le Texte a dit fen-chin. La lettre fen féparée, fignifie prendre, defti

ner, envoyer.

3o. Potu viderunt claritatem, & venerunt offerre munera fubjec tionis completa bis decem quatuor Sanitarum. Sans parler de deux fautes légeres, potu pour posseë, & Sanctarum au lieu de Sanitorum, c'eft-là un pur galimathias. Après ces mots, vinrent offrir leur tribut, le Texte Chinois avertit que tout ce qui précéde avoit été parfaitement prédit par

:

vingt-quatre Saints dans l'ancienne Loi. On ne parle ici ni de Baptême, ni de difperfion dans les quatre parties du monde mais on fait un court abrégé de la Vie de Jefus-Chrift, de fa Mort, de fa Defcente aux Enfers, & de la crainte dont le Démon fut faifi. Suit l'Afcenfion, les Livres du Nouveau Teftament, le Baptême, le Signe de la Croix : & on dit enfin, non pas ad congregandos & pacificandos fine labore pulfant ligna timoris, pietatis, gratitudinifque voces perfonando. Cet entortillement de paroles n'eft pas dans le Chinois : & quand le Traducteur prend la lettre Tchin, qui dans cette place est un verbe, & fignifie exciter, toucher, émouvoir, pour un nom fubftantif qu'il traduit par timoris, il fait voir qu'il n'entend rien au

ftile Chinois, & qu'il ignore les premiers élémens de la Grammaire. Le texte fe fert en cet endroit d'une métaphore que tout Chinois comprend d'abord, & dit que la Prédication de la Loy nouvelle, eft comme le fon de ce fameux & antique inftrument de bois, dont on fe fervoit pour exciter les peuples à la vertu, & qui ne refpiroit que charité & douceur.

Venons maintenant à ce que M. l'Abbé R***, avance fur la foi de fes Marchands Arabes, fçavoir que les Chinois n'ont point de fciences, & que leur Religion, aufi-bien que leurs loix, tirent leur origine des Indiens. Cela m'engage à entrer un peu en détail de l'antiquité de la Nation Chinoise, de fes Lettres, de fes Livres, de fa Religion, de fa Morale, de fa Phyfique,

&

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