& de fon Gouvernement. Mais je parlerai de toutes ces chofes le plus brievement que je pourrai.

"

I. Il faut bien diftinguer dans la Chronique de la Chine ce qui eft manifeftement fabuleux, ce qui eft doutenx & incertain, & enfin ce qui eft fûr & indubitable: c'eft des Hiftoriens Chinois les plus célébres, que je tiens une critique fi fage: l'amour de leur patrie ne les a pas empêchez de retrancher de cette longue fuite de fiécles, tout ce qui ne leur paroifloit pas foilidement vrais Ces fages Hiftoriens marquent qu'on ne doit point faire attention aux tems, qu'on met depuis Hoei lie vang jufqu'à Fohi, qui font incertains: c'eft-à-dire, qu'on ne peut les ranger fuivant une exacte & yraye Chronologies & que ce XIX. Rec.

V

qui précéde Fo-hi, doit paffer pour Mythologique.

Ce qu'il y a de certain, c'est que la Chine a été peuplée plus de 2155. ans avant la Naiffance du Sauveur. Cela fe démontre par une Eclipfe du Soleil arrivée cette année a. M. l'Abbé R***, rejette cette Eclipfe fur le témoi gnage de M. Gaffini: mais il n'a pas compris ce qu'il cite de ce celebre Aftronome. On a envoyé au Pere Souciet des Obfervations Astro-nomiques tirées de l'Hiftoire & d'autres livres des Chinois, qui prouvent & leur habileté en fait d'Aftronomie, & l'antiquité de ces Obfervations; il les - donnera au public: ce qui me difpenfe de m'étendre fur cela davantage. Il me fuffit que nous tenions au moins 2155. ans

avant Jesus-Christ. Ajoûtons les 1723. ans, qui fe font écoulez depuis, & nous aurons une grande Nation, qui s'eft confervée dans cette partie du monde, que nous nommons la Chine, pendant l'espace de 38-8. ans. Cette Antiquité est assez belle. Où étoient les Perfans & les Arabes de M. l'Abbé R***. lorfque les Chinois obfervoient déjà le cours des aftres? Que font devenus les Egyptiens & les Chaldéens, tandis que les Chinois, pour le moins auffi an ciens qu'eux, fubfiftent encore?

Mais cette antiquité, dit M. l'Abbé R***. a des conféquences funeftes, comme il eft évident par l'abus qu'en fit ce Préadamite de Lyon. Il ajoûte qu'il eft bien diffi ile d'accorder cela avec la chronolgie même des fep.

C'eft en l'année 1724 que cette Lettre a été écrite

Y ij

tante, qu'on ne peut plus recon noitre l'univerfalité du déluge, & qu'on attribue aux premiers Empereurs Chinois des inventions que Ecriture attribue à d'autres. Mais que fait tout cela contre le calcul aftronomique d'une Eclipfe du Soleil, vûë & obfervée à la Chine 2155 ans avant J. C. Je lui abandonne volontiers les tems plus reculez : & m'en tenant à cette époque, tout ce que dit cet Abbé, s'évanoüit de lui-même. Pour ce qui eft de la verfion Grecque, nous n'avons pas la même délicateffe pour les Ecrivains Proteftans ; & nous ne craignons point de nous égarer, en fuivant une chronologie que l'Eglife Romaine adopte dans fon Martyrologe. Quant aux inventions qui le choquent ; comme elles ne fe trouvent que

dans les tems mythologiques, je ne m'y arrête pas.

II. C'eft fur-tout aux Lettres jeroglyphiques dont fe fervent les Chinois, qu'en veut M. l'Abbé R***. Il a pour ces Lettres un fouverain mépris, & il eft effrayé de leur multitude. Ne trouvant point d'A, B, C, pour fe conduire, il ne fçait à quoy fe tenir ; & il protefte que cette maniere d'écrire eft la plus fotte chose qui foit au monde. Si M. l'Abbé R***. fçavoit le Chinois comme il fçait l'Arabe, peut-être auroitil plus d'eftime pour des monumens, que leur antiquité doit rendre refpectables. Ileft bien vrai-femblable que les premiers hommes, qui, après la confu-. fion des langues, prenant leur route vers l'Orient, eurent la Chine pour partage, y appor