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: Telle étoit la fituation de ces Princes au Fourdane. Pendant ce tems-là Sunjou Miniftre d'Etat, l'un des deux intéreffez à la confifcation des biens de ces Seigneurs, étoit continuellement occupé à questionner leurs Domestiques, & à leur faire rendre compte des fommes qu'il prétendoit que leurs Maîtres leur avoient laiffées entre les mains.

Dans la vifite qu'il fit de leurs Hôtels, ayant vû des Chapelles, des Oratoires, & des Images de pieté ; il leur demanda fi leurs Maîtres étoient Chrétiens, & fi eux-mêmes l'étoient auffi. Quatre répondirent qu'ils étoient Chrétiens. Le cinquiéme, qui étoit infidele, & qui appartenoit au Prince Louis avoit vû partir fon Maître pour Fexil fans recevoir le Baptê

me. Il répondit qu'il n'étoit pas Chrétien; & qu'il ignoroit que fon Maître le fût. Louis en effet n'avoit reçû le Baptême qu'au lieu de fon exil, & qu'aprés l'accufation que le Général d'Armée fit à l'Empereur contre lui & contre fon frere Jofeph compagnon de fa difgrace, fur ce qu'ils avoient élevé une Chapelle dans une Ville de la frontiere. La Lettre que je vous écrivis en l'année 1724, vous a appris comment ils furent conduits tous deux à Peking, & emprisonnez féparément. Sunjou crût intimider ces quatre domeftiques Chrétiens. Il leur fit de grandes menaces fur ce qu'ils avoient embraffé une religion profcrite, & contre laquelle l'Empereur s'étoit Ouvertement déclaré. Mais la conclufion étoit toûjours qu'il

lui falloit remettre ce qu'ils avoient retenu de l'argent, des papiers, & des meubles de leurs maîtres. Les Chrétiens répondirent qu'ils leur avoient remis tout ce qu'ils avoient

qu'au

regard de leur religion, ils la croïoient la feule véritable. Quoy vous ofez parler ainfi, « reprit Sunjou, je vais vous livrer « au Tribunal, & vous accufer à l'Empereur, remettez moi « tout ce que vous avez caché. Nous n'avons rien caché, rẻ- « pondirent les Chrétiens, vous « pouvez nous accufer à l'Empe- « reur, nous vous fuivrons juf- « qu'à la porte du Palais, pour y « attendre la réponse de Sa Ma- « jefté. Sunjou les fit enchaîner « tous quatre, & présenta à l'Empereur l'accufation fuivante le 25 de la troifiéme lune, c'eftà dire le 16 d'Avril.

Nous vos Sujets, nous avons » vifité les maifons de Sounou, & » nous avons trouvé que fes fils Sourghien, Tchourtchen, Court»chen, Ourtchen, & fes petits-fils » Ijamga, Legen,&c. avoient em"braffé la loy du Seigneur du » Ciel, que Sourghien & Tchour»chen avoient orné dans leurs » maisons des endroits particu»liers, pour y placer l'image du » Seigneur du ciel, & pour l'ho

>>norer.

Ayant interrogé leurs do» mestiques ro.fe,San-pao,Oudanga, Tong-che ting, ils ont répon» du que leurs maîtres étoient » Chrétiens, & qu'ils l'étoient » pareillement. Les domeftiques » ont fuivi l'exemple de leurs » maîtres; Sourghien & les autres »en fuivant cette loi, ont agi à » l'étourdi, & ont tenu une con» duite tout-à-fait infenfée. Mais

puisqu'un Regulo & un Grand « font partis pour le Fourdane afin « de les juger, nous n'en dirons «< pas davantage.

Pour ce qui eft d'Ourtchen «< qui eft actuellement à Peking, " & de ces quatre domeftiques «< qui font Chrétiens, nous de-« mandons à Votre Majefté un « ordre pour les livrer au Tribunal « des crimes, afin qu'ils y foient «< jugez dans la derniere rigueur.Il cc n'y a que les châtimens qui puif- « fent réduire ces efprits brouil-ce lons & indifciplinables nous « attendons avec refpect les or-" dres de Votre Majefté.

La réponse de l'Empereur ne fut pas entierement conforme aux defirs de Sunjou. Vous me« demandez, dit Sa Majefté, de« livrer au Tribunal les domefti- «< ques d'Ourtchen & les autres fils " de Sou-nou, parce qu'ils fuivent "

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