place pas aifement, fur-tout dans un tems où la Chine eft prefque entierement deftituée de Prêties. Il ne fe trouve que trois Féfuites Chinois, & quel ques Ecclefiaftiques de la même Nation attachez à la facrée Congrégation de la Propagande, qui puiffent avec moins de rifque parcourir les Provin, ces mais qui ne peuvent pas fuffire à tant de travaux. Pour fuppléer autant qu'il eft poffible à ce défaut, on continue d'envoyer dans les différentes Chrétientez d'anciens Catéchiftes, dont on a éprou vé le żele & la vertu : leur préfence affermit les Néophytes & leur fait voir que leurs Pe res en Fefus-Chrift ne les oublient pas. On voit de ces bons Néophytes venir chaque année de plus de quarante & de cinquante lieuës, pour entendre la voix de leurs Pafteurs, & participer aux Sacremens. En certaines Provinces les Chrétiens ont eu à fouffrir toute forte de vexations: on les a infulté chargé d'injures; on les a bannis de la fociété civile; on leur a interdit les droits les plus communs comme de puifer de l'eau aux Fontaines · publiques; on les a accuse traîné devant les Tribunaux condamné à de groffes amendes & ce qu'il y a de plus déplorable, c'est que quelques-uns d'eux n'ayant pas la force de foutenir cette espece de martyre lent & journalier, auquel ils ne voyoient point de remede, ont ·malheureufement fuccombé jous le poids de leurs fouffrances. S'ils ne font pas persécutez avec le même acharnement que le font à Peking les Princes de la maifon Imperiale, combien y en a-t-il qui ont à fouffrir des perfecutions particulieres & domestiques peut-être encore plus dures? Auffi, felon le rapport des Catéchistes qui les vifitent les entend on s'écrier quelquefois: heureux les Fi-= deles d'Europe! leurs parens leurs Maîtres, leurs Rois loin de les inquiéter fur la Religion, font les premiers à leur donner l'exemple des vertus Chrétiennes. Quand eft ce que notre patrie jouira du » même bonbeur? 30 que Dans un tems auffi critique celui où l'on fe trouve à la Chine, & où la moindre imprudence en matiere de zele feroit capable d'achever la ruine entiere de la Miffion, les Mif fionnaires ont eu la folide con folation d'envoyer au Ciel un grand nombre d'enfans mori, bonds, aufquels ils ont procuré la grace du baptême, La cherté du ris fut extrême en l'année 1727. Plus de . cent trente mille pauvres de la Campagne vinrent fondre à Canton vers le mois de Juin, pour y trouver de quoy vivre. On les fit camper hors de la Ville, où on leur distribua chaque jour autant de ris qu'il en falloit pour leur subsistance. Cette calamité fut une fource de falut pour plufieurs enfans, qu'on regénera dans les eaux du baptême avant leur mort: en moins d'un mois on en baptifa deux mille quatre cens tren te-fept, qui jouiffent mainte nant de la félicité des Saints au féjour de la gloire, |