qu'il nous examinât lui-même.« Pour lors Jean Sou prit la pa-«< role, & dit: nous autres Chré- « tiens, nous fuivons une Loi qui « défend tout ce qui eft mal, & « qui n'ordonne rien que de bien. <<< Elle enfeigne la fidelité au Roi,« l'obéïffance aux parens, l'amour «< du prochain, en un mot tous «< les devoirs: & elle défend tout << ce qui n'eft pas conforme à la « raison. Vous voulez que nous «<< renoncions à cette Loi, dites- « nous lequel de tous ces points «< vous voulez que nous aban- « donnions? Point tant de difcours, re- « prit le Tribun. Voulez-vous re- « noncer à la Loi du Seigneur du « Ciel, ou ne le voulez-vous pas ?« Nous répondîmes tous, qu'il ne « nous étoit pas poffible d'y re- « noncer. Cette réponse fut auffi- « tôt portée au Général & aux « grands Officiers. Le même jour, fur le foir; »nos Domestiques eûrent ordre » de ferendre au Corps-de-Garde: » on les interrogea chacun en par»ticulier, & on leur demanda » s'ils étoient Chrétiens. Tous » répondirent qu'ils faisoient gloi»re de l'être deux d'entr'eux, » qui n'étoient encore que Caté» chumenes, confefferent Jesus» Christ comme les autres, & la "nuit fuivante ils furent bapti» fez : l'un fut nommé Stanislas, » & l'autre François. Neuf autres » de leurs Compagnons reçûrent " auffi le faint Baptême. Le même jour, qui étoit le » quinziéme, & pendant une nuit » très-obfcure, nous fumes appellez au même Corps-de-Gar"de, par ordre du Général & des "grands Officiers. On nous demanda comment nous avions » connu la Loi du Seigneur du Ciel, nombre de ces Prédestinez aufquels on ouvre la porte du Ciel par les eaux du Baptême, s'augmentera à proportion du nom bre des Catechistes qu'on fera en état d'entretenir. Monfeigneur l'Evêque de Nanking qui eft détenu à Can ton,de même que les autres Miffionnaires, a été fi touché dune œuvre fi utile par le folide fruit qu'on en retire, qu'il a voulu y prendre part. Il s'eft eng gé à fournir chaque année au Miffionnaire environ cent cinquante livres pour l'entretien de trois Catéchistes occupez à cette unique fonction. Tel eft, mes RR. PP. l'éta b Fe préfent de la Religion à la Chine. me fuis étendu d'autant plus volontiers fur un fujet fi intéreßant, que les autres Lettres contenues dans ce Recueil ne demandent nul éclaircißement. Fe ne puis néanmoins me difpenfer de vous faire part de la naiffance d'une Miffion qui fe forme fur le modéle de la florißante Chrétienté du Paraguay. Le vafte continent qui s'étend depuis life de Cayenne juf qu'au Fleuve Maragnon, ou autrement des Amazones, & qu'on appelle Guyane, eft ha bitée par quantité de Nations Sauvages, dont le génie & le caractere ne différent gueres de le celui des Indiens du Paraguay avant leur converfion au Chriftianifme. Ce font mêmes inclinations, même averfion pour travail, même penchant naturel pour une vie errante & vagabonde, même répugnance à vivre réunis dans des Bourgades, ce qui eft néanmoins fi nécefaire pour travailler utilement à leur inftruction, & pour en rendre le fruit folide & durable. Après quatorze ans d'incroyables fatigues, le Pere Lombard a fçu apprivoifer la férocité naturelle de quelques-unes de ces Nations Barbares: il les a raf femblez dans une même Peuplade, où il a élevé la premiere |