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SUR LES

INSTITUTIONS. MILITAIRES

DE VÉGÈCE,

PAR LE COMTE TURPIN DE CRISSÉ,
Membre des Académies Royales des Sciences &
Belles-Lettres de Berlin & de Nancy.

Ite, mei Comites; & caufam dicite ferro.

Petron. de Bell. Civ.

TOME TROISIÈME.

A MONTARGIS,
De l'Imprimerie de CL. LEQUATRE.

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COMMENTAIRES

SUR

LES INSTITUTIONS MILITAIRES

DE VÉGÉ CE.

LIVRE TROISIEME.

CHAPITRE PREMIER.

TEXTE.

Des Armées.

LE premier Livre traite des levées & des exer

cices des nouveaux Soldats; dans le fecond, on a développé l'Ordonnance de la Légion & la dis

Tome III.

A

cipline des troupes : les batailles font le fujet du troifième. Il est précédé des deux autres, afin qu'arrivant par ordre aux instructions qui suivent fur la fcience des combats, & fur les moyens de parvenir à la victoire, on puiffe les entendre plus: aifément, & en tirer plus de fruit..

On appelle armée un certain nombre de légions & de troupes auxiliaires, infanterie & cavalerie, réunies pour des expéditions militaires.

Les Maîtres de l'art veulent que ce nombre foit borné. En réfléchiffant fur les défaites de Xercès, de Darius, de Mithridate & d'autres Rois qui avoient armé des Peuples entiers, on voit évidemment que ces prodigieuses armées ont moins fuccombé fous la valeur de leurs ennemis, que fous leur multitude. En effet, une armée trop nombreuse eft expofée à bien des inconvéniens, elle marche toujours fort lentement; & comme ce ne peut être que fur des colonnes extrêmement longues, les ennemis peuvent l'harceler & l'incommoder, même avec fort peu de monde. Lorfqu'il faut aller par des chemins difficiles, ou paffer

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des rivieres, les bagages, par leur lenteur, rendent les marches embarraffées & dangereuses. On ne trouve jamais qu'avec une peine infinie du fourråge pour une si grande quantité de chevaux & d'autres bêtes de charges: quelques foins que l'on prenne pour faire provifion de vivres, ils manquent d'autant plus vîte qu'on les diftribue à plus de bouches; & la difette, tant à craindre dans toute expédition, ruine bientôt cette grande armée. Quelquefois même une trop grande multitude trouve à peine affez d'eau ; enfin fi, par malheur votre armée vient à être mise en fuite, il faut néceffairement qu'on tue bien du monde ; & ce que vous fauverez de troupes en remportera une impreffion de frayeur qui les épouvantera pour une feconde action. C'est pourquoi nos anciens, inftruits par l'expérience, vouloient des armées plus difciplinées que nombreuses. Une légion (4) compofée de dix mille Fantaffins & de deux

(4) Il y a dans le texte latin: Unam légionem mixtis auxiliis, hoe eft decem millia peditum, & duo millia equitum crediderant poffe fufficere. Végèce fe trompe; il a voulu mettre aciem, & non legionem.

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