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plus de force en hiver que dans les autres faifons. Tout le monde eft convaincu, qu'il fait froid au fommet d'une haute montagne, dans le tems qu'au fond des vallées on fent une chaleur exceffive, quoique le foleil de foi échauffe autant l'un que l'autre. La raison en eft fenfible. Dans les vallées on eft comme au foyer d'un ou de plufieurs miroirs concaves, & fur les montagnes on ne reçoit que la chaleur directe du foleil.

On a vu que la montagne qui renferme notre caverne, eft tres-haute, n'eft pas bien grande, n'offre presque de tous côtés qu'un précipice effroyable, & fe trouve toute couverte de grands hêtres de haute futaie,fur lefquels les rayons du foleil fe brifent. Ces rayons ainfi émouffés, ne pouvant pénétrer à travers ces arbres, fur le rocher & fur le peu de terre qui le couvre, ne fauroient les échauffer auffi par leur réflexion. L'air qu'on y refpire, a toujours paru tresfrais à ceux qui y ont été.

On a vû auffi, que la grotte eft fituée au nord de cette montagne, au fommet & affez près de l'endroit le plus efcarpé; & qu'elle eft construite & tournée, de façon qu'il n'y a prefque que ce feul vent qui puiffe y pénétrer; lequel vent froid dès fon origine, & ne pallant que fur le fommet des autres montagnes dont celle-ci eft précédée, n'a pas le tems de

s'échauffer.

Que j'ajoute à cela, la profondeur de la grotte & l'épaiffeur de fa voute; on verra que tout concourt à y maintenir le froid dans le tems même des plus grandes chaleurs, pendant lefquelles cependant, les arbres venant à être échauffés dans le fort de l'été, où à manquer de feuilles comme au printems & au commencement de l'automne, ils communiquent eux-mêmes avec les rayons du foleil à qui leur dépouille cuvre un paffage, un peu de chaleur à cette petite quantité de terre & aux rochers qui environ

nent cette grotte ; ce qui altére un tant foit peu dans ces tems-là, le froid qui y regne continuellement (comme les obfervations de mon thermométre l'ont fait voir) quoique malgré cette altération, il foit toujours affez grand pour conferver la glace & en former de nouvelle. Quelques arbres que l'on dit avoir été coupés depuis plufieurs années au-deffus de cette grotte, y ont porté un préjudice tres-fenfible, aux yeux de ceux qui l'avoient vue avant qu'on les eut enlevés.

S'il eft vrai que la chaleur du foleil,ne peut dans fa plus grande force, qu'altérer fi peu le froid de la grotte, à caufe de l'interpofition de fa voute & des arbres dont elle eft couverte, auffi-bien que dans fes environs; l'existence de ce même froid,prouve bien qu'il n'eft point combattu par aucun feu fouterrain.

De là il faut conclure, que par l'abfence de ce premier élément qui ne paroît être produit que par le foleil ou par quelque caufe cachée dans le fein de la terre, il doit regner dans cette grotte un froid tres-vif, d'où s'enfuit néceffairement la congélation de l'eau qui y tombe, & que fi, comme je viens de le dire, les inégalités de la terre produifent dans les vallées des foyers de chaleur, cette grotte n'eft faite & n'eft placée que pour produire des foyers de froid, fi je puis me fervir de cette expreffion.

A Befançon le premier Décembre 1726.

Sur les remontrances du Parlement de Dole, le Roi d'Efpagne avoit défendu par un Edit du 18 Juin 1656, de couper aucun arbre dans la pente qui est à l'entrée de la glaciere dont on vient de parler,ni à cent pas aux environs,à peine d'une groffe amende.*L'on ne veille * Suite des anpas comme l'on devroit à l'exécution de cet Edit;c'eft ciennes Ordonpourquoi la glaciere n'eft plus fi belle, & ne pro- che-Comté, art duit pas tant de glace qu'elle faifoit.

nances de la Fran

471.

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LIVRE SEPTIEME.

GENEALOGIES.
Maison de Grammont.

E commence les Généalogies que je me fuis propofé d'inférer dans ce volume, par celle de la Maison de Grammont;parce qu'elle eft originaire du Comté de Bourgogne, qu'elle y a toujours tenu un rang diftingué, & que depuis un fiécle,elle a donné trois Archevêques à l'Eglife de Befançon, & à l'Etat depuis la con

quête du Païs, fix Colonels de Cavalerie ou de Dragons, dont deux ont été Lieutenans Généraux, & l'un eft mort Commandant de la Province.

La Maison de Grammont,est une branche de celle de Granges. Trois raifons le démontrent. 1°. Les ancêtres des premiers Seigneurs connus fous le nom de Grammont, portoient celui de Granges, que leurs defcendans quittérent pour prendre le nom du Chateau & Terre de Grammont,dont ils étoient feuls propriétaires. Ce fut probablement,parce que le titre & la principale partie de la Baronie de Granges, étoient paffés dans une famille étrangere, par le mariage de l'héritiere de la branche aînée de la Maison de Granges, avec Richard II. Comte de Montbéliard. 2°. Les premiers Seigneurs de Grammont,ont porté les armes de Granges, qui font de gueules au Sautoir d'or; & la Maifon de Grammont les porte encore,au premier quartier de fon écu ou en cœur, avec de nouvelles armes. 3°. Cette Maison a toujours poffedé des portions de Seigneuries, à Granges & dans les Villages dépendans de cette Baronie, qui paroiffent en être un partage.

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Les nouvelles armes de la Maison de Grammont, uniques dans leur espèce, font trois Buftes de carnation, deux & un, couronnés d'or à trois pointes, en champ d'azur. Gollut dit, après André Favin dans fon Théatre d'Honneur & de Chevalerie, qu'elles * Liv. 3, p.728. furent données à un Seigneur de la Maifon de Grammont que ces Auteurs ne nomment pas ; pour avoir vaincu en champ clos un Chevalier Anglois,qui avoit accufé 3 Princeffes de fang Royal. Le Pere Menetrier a obfervé à cette occafion, que les Hérauts d'Armes ont fouvent inventé des fables fur l'origine des armoiries. En effet, ce qu'ont dit Favin & Gollut des armes de la Maison de Grammont, a l'air fabuleux; puifqu'aucune chronique ni histoire,ne fait mention du combat & de l'accufation dont ils ont parlé, qui

auroient cependant dû fe répandre dans le monde, par raport à la qualité des perfonnes accufées. Les trois buftes de ces armes, paroiflent être des buftes d'hommes, dans les anciens monumens où elles ont été gravées; & on peut leur trouver une origine plus jufte & plus naturelle.

C'eft que la Maifon de Granges étoit co-fondatrice & bienfaitrice de l'Abbaïe du Lieu-Croiffant, Ordre de Citeaux, dont les Terres de Grammont & de Granges font voifines; & avoit droit de fépulture dans l'Eglife de cette Abbaïe. Or l'on tient, que quand les Têtes des Trois Rois qui font à Cologne, furent aportées d'Orient au tems de Frédéric I. Empereur & Comte de Bourgogne; on les dépofa dans I'Eglife de l'Abbaïe du Lieu-Croiffant, qui a porté dèflors le nom des Trois-Rois. Il eft probable qu'elles y furent mifes fous la garde des Seigneurs de Granges, & que l'un d'eux fit faire des buftes pour les enchâffer, ou qu'il fut chargé de les conduire à Cologne. Auffi le Pere Herman Chrombach, qui a écrit l'Hiftoire des Trois Rois & du transport de leurs Chefs en cette Ville; obferve que les Buftes des Trois Rois qui font à Cologne, font fabriqués & couronnés de la même maniere que ceux des armes de notre Maifon de Grammont. L'on tiroit des armoiries, des fondations & actes de dévotion, auffibien que des tournois & des croifades. Ainfi les Seigneurs de Grammont, que les Comtes de Montbéliard ont probablement voulu obliger à brifer les armes de Granges comme cadets, aimant mieux en prendre de nouvelles, comme il étoit affez ordinaire en pareil cas; ont choifi les Buftes des Trois Rois, pour les raifons que l'on a dites.

Granges eft une Seigneurie à Chateau, fituée au Bailliage d'Amont Comté de Bourgogne, & compofée de 33 Villages. L'étendue de cette Terre prouve que fes premiers Seigneurs, étoient de l'ancien Baronage de la Franche-Comté.

GUI

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