Les Habitans du Comté de Bourgogne,ont formé fous le nom de Séquanois, l'une des principales Républiques des Gaules depuis qu'elles ont été habitées; jufques à ce que les Romains les foumirent à leur Empire, fous lequel les Séquanois furent les Chefs d'une grande Province qui portoit leur nom. Après la décadence de cet Empire, leur Païs fut confondu dans le Royaume de Bourgogne, & quelques fois dans ceux de Neuftrie & d'Auftrafie. Ce n'a été que dans le dixiéme fiécle, qu'ils ont commencé à avoir des Comtes héréditaires,qui furent d'abord Vaffaux des Rois de Bourgogne,& qui acquirent l'indépendance à la fuite. Les filles aînées des derniers poffeffeurs, qui leur fuccédoient au défaut d'enfans mâles, ont porté cette Province dans les Maifons de Souabe, de Meranie, de France & d'Autriche.

Ces changemens font caufe, qu'on ne peut pas faire une Hiftoire fuivie du Comté de Bourgogne fans y mêler celle des Monarchies dont il a fait partie en differens tems. C'eft pourquoije me fuis déterminé à inferer dans cet Ouvrage, la fuite des Souverains aufquels la Franche-Comté a été foumife, avec un abregé de leur vie ; pour inftruire mes Compatriotes des faits principaux qui peuvent les intereffer, & pour qu'ils ne foient pas obligés de les chercher ailleurs.

Sur ce plan, après avoir fait l'Histoire des Séquanois & de la Province Romaine Séquanoise,

dans le premier volume ; j'y ai ajouté celle des Bourguignons & des Rois du premier Royaume de Bourgogne. Elles n'avoient point encore été écrites & le public les a reçûes avec bonté. L'on y voit auffi, par quel moyen les enfans de Clovis s'emparérent du Royaume de Bourgogne & comment les differens Etats de la Monarchie Françoise, furent réunis fous Clotaire I. le plus jeune d'entre eux.

me,

Les fils de Clotaire diviférent cette Monarchie. La part qui arriva à Gontran, forma un fecond Royaume de Bourgogne, beaucoup plus étendu que le premier; & ce nouveau Royaufut poffedé feul ou avec les autres qui portoient le nom de Neuftrie & d'Auftrafie, par les defcendans de Clotaire I. jusques à ce que Pepin fils aîné de Charles Martel,monta fur le Trône. L'abregé de la vie de ceux de ces Princes qui ont regné en Bourgogne, fait la matiere du premier livre de ce fecond volume.

Pepin & fes defcendans connus fous le nom de Rois Carlovingiens, confondirent de nouveau le Royaume de Bourgogne dans leur Monarchie, & n'en relevérent pas le titre, lors même qu'ils partagérent cette Monarchie entr'eux; ce qui arriva plufieurs fois. La fuite & les principales actions de ces Rois, font le fujet du fecond livre.

Si l'on n'y trouve, non plus que dans le précédent, qu'un petit nombre de faits fur l'Hiftoire particulière du Comté de Bourgogne ; c'est

moins faute de recherches, que parce qu'on manquoit d'Historiens dans ces tems de barbarie & d'ignorance; & que les invasions des Sarrafins & des Huns, qui ravagérent cette Province, & pénétrérent jufques dans fa Capitale, ont détruit le peu de mémoires & de chartes que nous avions.

L'on verra dans ces deux premiers livres, le partage de la Bourgogne, en Cisjurane & en Transjurane; la fous-divifion de la Transjurane, en une partie voisine des Alpes, & une autre aux deux côtés du Mont-Jura; comment celle-ci fut encore divisée en petite Bourgogne ou Evêché de Laufane au-delà du Mont-Jura,& en haute Bourgogne qui eft au-deça, renfermée dans l'Archevêché de Befançon. L'on y trouvera le nom & les actions connues, des Maires du Palais de Bourgogne ; des Gouverneurs des Bourgognes Transjurane, Cisjurane & petite Bourgogne, qui portoient le titre de Patrices; ceux des Gouverneurs de la haute Bourgogne qui avoient la qualité de Ducs; que ces Gouverneurs qui commandoient les armes, avoient fous eux des Comtes pour rendre la Juftice; que fous les Rois Carlovingiens, il n'y eut plus de Patrices en Bourgogne, mais des Ducs feulement, ou des Comtes qui eurent avec l'adminiftration de la Juftice, le commandement des armes; enfin que fous Charles fils. puîné de l'Empereur Lothaire, il se forma un nouveau Royaume, fous la dénomination d'Arles ou de Provence, qui

comprenoit la Provence, le Dauphiné, la Savoie, le Lyonnois, le Bugey, la Breffe; & dans le Comté de Bourgogne, la Contrée apellée Scodingue. Ce Royaume fut bientôt réuni à celui du Roi Lothaire, par le décès de Charles fon frere mort fans poftérité, & en vertu des traités faits entre eux.

Le Royaume de Lothaire fut partagé après fon decès, entre Louis Roi de Germanie & Charles le Chauve Roi de Neustrie fes oncles. Les Prélats & les Seigneurs du premier Royaume de Bourgogne, s'affemblérent après la mort de Louis le Bégue fils de Charles le Chauve, à Mantale dans la Province de Vienne, où ils élûrent pour Roi, Bofon qui commandoit dans cette partie de la Monarchie Françoife. L'on trouvera dans le troifiéme livre la forme de cette élection, quels en furent les motifs & les fuites, & l'Hiftoire de ce nouveau Royaume, que j'apelle le troifiéme Royaume de Bourgogne. Neuf années après, un Comte de la Bourgogne Transjurane nommé Rodolfe, s'en empara, auffi à titre d'élection ; & en fit un quatrième Royaume de Bourgogne, auquel fon Succeffeur réunit les Païs qui étoient reftés à Bofon. Ce Royaume a fubfifté pendant cent quarante-quatre ans, jusques à la mort de Rodolfe III. qui n'ayant point d'enfans, apella à sa fucceffion, Henri de Franconie fon petit neveu fils de l'Empereur Conrad. C'est de là, que les Empereurs ont tiré leur droit aux derniers

Royaumes d'Arles & de Bourgogne. Je me flatte qu'on verra avec plaifir, ce que j'ai recueilli de l'Hiftoire de ces deux Royaumes qui fait une partie considérable de celle de la Monarchie Françoife, & que nos Hiftoriens ont négligée, ou dont ils n'ont pas raporté les faits dans la vérité & l'exactitude qu'on pouvoit defirer.

Soit par reconnoiffance pour les Seigneurs qui avoient fait les élections dont on a parlé, foit par crainte de caufer quelque nouvelle révolution; Bofon, Rodolfe & leurs defcendans laifférent établir la fucceffion même par filles, dans les dignités de leurs Etats. L'on verra dans le troifiéme livre de ce volu me, que nous avons eu fous leur Regne, deux Familles de Comtes héréditaires qui n'ont pas été connuës, qui tiroient leur droit l'une de l'autre, & dont la derniere a tranfmis le fien à nos derniers Comtes.

Le quatrième livre contient l'Hiftoire de ces derniers Comtes. Il commence par des Differtations fur leur origine, & fur la maniere par laquelle le Comté de Bourgogne a passé dans leurs mains. Si leur haute extraction, leurs grandes alliances, le nombre & l'étendue des Etatsqu'ils poffédérent, les diftingua fort; la valeur, la probité, la franchise, la bonté de cœur, la libéralité, la piété ; vertus qui font tant d'honneur aux Princes & aux grands Seigneurs, furent héréditaires à nos Comtes, & leur donné→ rent un grand luftre. Comme c'est là proprement