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'Ce bonheur même dont Métellus jouït pendant fa vie, ne fut pas auffi complet que le repréfente Velleius: & Pline, dont la mifanthropic eft Plin. quelquefois pouffée trop loin, n'a pas Vii. 44. tort de remarquer fur le fujet dont ́nous parlons, que deux choses font une bréche confidérable à cette prétendue félicité. L'une eft l'indigne & cruelle avanture qui penfa le faire périr par la fureur du Tribun Atinius : l'autre, c'eft d'avoir été ennemi du grand Scipion l'Africain. Que ferace, fi nous ajoutons le chagrin cuifant qu'il éprouva lorfqu'on lui donna pour fucceffeur Q. Pompeius fon ennemi, & la petitee & linjuftice di reffentiment qu'il témoigna en cette occafion? Ce dernier fait prouve également & que fa félicité n'a point été fans nuage, & que fa vertu n'a point été fans tache.

On peut néantmoins dire que le

Illuftra

bonheur de Métellus Macédonicus a
été réellement fingulier: & il femble
même que ce bonheur fe foit répan-
du fur toute fa famille. Car dans l'ef- tion
pace de douze ans on trouve plus
douze confulats, ou cenfures,
triomphes des Métellus ; & l'an

de éclatanoute de la maifon 639. des Médeux tellus.

AN. R.

deux Métellus fréres, & tous deux fils de Macédonicus, triomphérent en un même jour, l'un de la Macédoine, & l'autre de la Sardaigne. Ce nombre étonnant de Confulats accumulés dans une même maison, donna lieu au mot du Poëte Névius: Fato Metelli Roma fiunt Confules:,, C'est ,, le deftin, c'eft la fatalité qui fait les ,, Métellus Confuls à Rome:,, mot qui piqua beaucoup les Métellus, comme fi relever leur bonne fortune ç'eût été diminuer leur mérite.

L'an de Rome 638 fournit un 638. exemple inouï jufqu'alors de corrupTrois tion parmi les Veftales. Dans les tems fe laif précédens il étoit arrivé assez rarement fent cor-qu'une Veftale eût été trouvée en faurompre.te & le jour de fon fupplice étoit

Veftales

un jour de trifteffe pour toute la ville de Rome. Mais cette année-ci, de fix qu'elles étoient en tout, trois se trouvérent coupables, deux defquelles avoient même donné dans une diffolution prefque publique. On crut que ce fâcheux événement avoit été préfagé par le malheur arrivé à une jeune fille qui étant à cheval avec fon pére dans la campagne fut tuée du tonnerre, & jettée nue d'un côté, &

le

le cheval de l'autre. Les devins ayant été confultés fur cet accident, répondirent, dit-on, que ce prodige prétendu menaçoit les Veftales & l'Ordre des Chevaliers d'une grande infamie. Peut-être ces devins avoientils quelque foupçon de ce qui devint public peu après. Quoi qu'il en foit de la prédiction, voici le fait.

Un certain L. Butétius Barrus, Chevalier Romain, débauché de profeffion, las des conquêtes trop aifées, voulut rendre plus piquans fes infames plaifirs par l'attrait de la difficulté & du danger. Il attaqua donc une Veftale, qui fe nommoit. Emilie: & lorfqu'il fut venu à bout de la corrompre, bientôt la contagion gagna ; & deux autres Veftales, Licinia & Marcia, fuivirent l'exemple de leur compagne. Il y eut néantmoins cette différence que Marcia ne lia commerce qu'avec un feul au lieu qu'Emilie & Licinie admirent une foule de débauchés, parce qu'ayant commencé une fois à étendre leurs intrigues criminelles, lorfqu'elles virent que le fecret s'éventoit, tous ceux qu'elles craignirent pour témoins, elles les engagérent au filence, en les rendant complices. Tout

Elles

font

COR

damnées.

Tout ce mystére d'infamie, après avoir été longtems caché, fut enfin mis au jour par un esclave, dont le maître étoit du nombre des coupa bles. Cet efclave étoit dans la confidence, & on lui avoit promis la liberté, & bien d'autres récompenfes. Comme il vit qu'on ne lui tenoit point parole, il alla tout découvrir. Le Col lége des Pontifes, qui par l'inftitution de Numa étoit juge de ces fortes d'affaires, montra beaucoup d'indulgence. Emilie feule fut condamnée: Marcia & Licinia obtinrent une fentence favorable, dont elles furent apparemment redevables, l'une à ce qu'elle étoit réellement moins criminelle, l'autre à l'éloquence du célébre L. Craffus fon parent, qui pour lors âgé de vingt-fept ans la défendit par un plaidoyer dont Cicéron parle avec éloge.

Mais l'affaire n'en demeura pas là. Tout le peuple fe fouleva contre cette molleffe des Pontifes dans une occafion où le crime étoit également notoire & odieux & le Tribun Sex. Peduceus s'étant mis à la tête de ceux qui fe plaignoient du jugement, fit ériger par le Peuple une commission

&

extraordinaire pour revoir le procès de Marcia & de Licinia, & fit mettre à la tête de la commiffion L. Caffius, qui fut créé à cet effet Préteur une feconde fois après avoir été Conful & Cenfeur, homme d'une vertu rigide & d'une inflexible févérité, a qui, comme le remarque Cicéron, s'étoit rendu agréable au peuple, non par la douceur & par les qualités aimables, comme la plupart des autres, mais par une auftérité de mœurs qui lui attiroit le refpect. Il répondit bien à l'attente de ceux qui l'avoient mis en place. Car il ne condamna pas feulement les deux Veftales, mais encore un fi grand nombre d'autres perfonnes, que fon tribunal fut ap- val. pellé l'écueil des accufés: fcopulus Max.

reorum.

Il n'eft pourtant pas à croire qu'un homme dont la vertu a reçû tant de louanges ait confondu l'innocence

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III. 7.

avec le crime; & que, felon l'expreffion de Dion, l'on ait envoyé au fup- Dio ap. plice en cette occasion non feulement Valef. p. ceux qui furent convaincus, mais tous ceux qui eurent le malheur

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d'être

accu

a Homo, non liberali- ftitiâ & feveritate poputate, ut alii, fed ipfâ tri- laris. Cie. Brut. 97.

626.

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